Un bon résumé de la diplomatie pétrolière chinoise dans le
blogfinance
Par Elisabeth Studer le 14 janvier 2006
Pour nourrir sa croissance effrénée et compte-tenu de son extrême dépendance énergétique, la Chine continue de diversifier ses sources d'approvisionnement. La compagnie chinoise CNOOC vient en effet d'annoncer sa prise de participation de 45% dans une zone pétrolière au large du Nigéria pour un montant de 2,268 milliards USD.
La Chine a par ailleurs obtenu toute une série d'accords ces dernières années visant à alimenter ses besoins énergétiques et vient très récemment de s'accorder avec l'Inde dans le domaine.
Cette zone de 1.300 km2 en eaux profondes comprend en particulier un gisement de condensats et de gaz découvert en 2000 et dont Total est opérateur à 24% après avoir été autorisé l'an dernier à en lancer le développement.
Avant de céder 45% des droits à CNOOC, le nigérian South Atlantic Petroleum en détenait 60%, tandis que le brésilien Braspetro possède les 16% restant.
Pour rappel, le Nigéria est le 1er pays producteur de brut d'Afrique et 6ème exportateur mondial avec 2,5 millions b/j. Pour plus de détail sur le secteur pétrolier de ce pays, vous pouvez consulter l'article "Total se renforce au Nigéria".
I – La dépendance énergétique de la Chine
La Chine occupe la 2de place mondiale en tant que consommateur de pétrole avec un taux de dépendance pétrolière de 40%. Elle a contribué avec les USA aux deux tiers de la hausse de la demande mondiale de pétrole en 2003 (environ 1,6 million de barils par jour).
La Chine a produit 175 millions de tonnes de brut en 2004, tout en augmentant parallèlement sa consommation de 19%, celle-ci totalisant 314 millions de tonnes, soit 8% de la consommation mondiale. La production nationale devrait atteindre 180 millions en 2005. Les importations chinoises de pétrole brut pour la même année sont estimées à 130 millions de tonnes, soit 5.0% de plus qu'en 2004 - où elles avaient bondi de +34,8% par rapport à l'année précédente.
Selon un rapport du principal organe chinois de planification économique, en 2010, la moitié des besoins pétroliers de la Chine viendra des importations, ce taux pouvant même atteindre 80% en 2020.
"Si les modèles de la croissance économique et du commerce international chinois ne sont pas rapidement modifiés et si de nouvelles réserves ne sont pas exploitées localement ou s'il n'y pas d'avancées technologiques, alors la demande en pétrole et l'offre seront en déséquilibre, le développement économique et commercial de la Chine sera en péril", a averti la Commission.
II – Diplomatie pétrolière chinoise dans son ensemble
Extrêmement dépendante de ses importations, la Chine a entrepris de se doter de sources d'approvisionnements diversifiées au point que son approche des affaires internationales est désormais assujettie à une "diplomatie pétrolière". Le soutien de Pékin au Soudan et à l'Iran, n'est pas étranger aux ressources pétrolières de ces pays.
A l’heure actuelle, la Chine travaille sur environ 50 projets pétroliers et pétrochimiques majeurs au niveau international.
La Chine a besoin de sécuriser ses propres ressources pétrolières et ce besoin vital ne peut être assouvi qu’en s’attaquant à la position dominante des Etats-Unis.
Pour rappel ... l'une des compagnies chinoises était en lice à l'été 2005, pour reprendre les actifs d'Unocal, le neuvième pétrolier américain.
III - Diplomatie pétrolière chinoise en Angola et au Soudan
La Chine est en train de consolider ses positions au Soudan,qui pourront alors servir de plate-forme pour le commerce et le transport du pétrole entre l'Afrique Centrale, le Moyen-Orient et la Chine elle-même. Le pétrole soudanais représente 6% du total des importations chinoises de pétrole, ce pourcentage devant augmenter très rapidement, compte tenu des investissements massifs de la Chine dans l’industrie pétrolière soudanaise depuis 1990.
La Chine est en effet devenue le plus important partenaire commercial du Soudan. Les concessions pétrolières, dans la région du Darfour sont toutes détenues par la CNPC qui possède 40% des actions de GNPOC, qui elle-même contrôle deux des plus importants gisements pétroliers dans le Haut Nil occidental.
La CNPC devait commencer vers la mi-2005 la production de pétrole dans le bassin de Melut, à l’Est du Nil. D’autres compagnies chinoises sont également impliquées dans la construction d'un pipeline long de 1400 kilomètres reliant le bassin de Melut à Port Soudan,où la Chine construit un terminal pétrolier pour l’exportation.
Par ailleurs, la Chine est le 2ème importateur de pétrole d'Angola, derrière les Etats-Unis et devant la France. Elle a accordé en 2004 un prêt de 2 milliards de dollars à ce pays qui est aussi le 2ème producteur d'Afrique sub-saharienne derrière le Nigéria.
Outre ces livraisons de brut, le groupe chinois Sinopec a pu y obtenir une licence d'exploitation.
IV - Diplomatie pétrolière chinoise en Algérie
En février 2004, des pactes de coopération bilatérale ont été signés entre la Chine et l'Algérie incluant des accords sur le pétrole, le gaz mais aussi sur l’échange des matières premières contre l’exportation de produits manufacturés chinois (électroménagers, textiles ou médicaments...) .
Sinopec a signé un contrat de 525 millions de dollars en 2002 pour développer le champ de Zarzaïtine dans le Sahara. La compagnie nationale chinoise CNCOGEDC s’est engagée à construire une raffinerie près d’Adrar.
La CNPC s’est vu attribuer en juillet 2003 un contrat d’une valeur de 350 millions de dollars pour importer du pétrole d’Algérie. En octobre 2003, la Compagnie a signé deux contrats: un pétrolier et un relatif à l’exploration du gaz dans le bassin du Chélif.
La valeur des produits industriels chinois que l’Algérie a importés entre janvier et novembre 2003 a atteint la somme de 295,83 millions de dollars, représentant presque 50% de la valeur totale des importations nationales algériennes.
V - Diplomatie pétrolière chinoise en Amérique latine
En Septembre 2005, Andes Petroleum, une co-entreprise des sociétés publiques chinoises CNPC, Sinopec et Sinochem, s'est porté acquéreur en Equateur d'actifs pétroliers offrant des réserves prouvées de 143 millions de barils de pétrole, une production de 450.000 barils/jour et une participation de 36% dans un pipeline de 500 km.
Les Chinois ont trouvé également un allié au Vénezuela, seul membre latino-américain de l'Opep et dont les Etats-Unis sont le principal client. Récemment, le gouvernement vénézuélien s'est fixé comme objectif d'assurer entre 15 et 20% des importations chinoises de pétrole.
Dans le contexte actuel en Bolivie, ou le secteur énergétique est en pleine effervescence après l'élection d'Evo Morales, la Chine a affirmé jeudi 5 janvier, que la Chine est prête à renforcer sa coopération amicale avec ce pays dans différents domaines, y compris celui de l'énergie. Pour rappel, la Bolivie est le 2eme plus grand producteur de gaz naturel en Amérique du Sud, avec des réserves prouvées de 1 380 milliards de m3.
VI - Diplomatie pétrolière Chine-Russie
Après la volte-face de la Russie en faveur du Japon pour l'acheminement du pétrole de Sibérie orientale, Pékin a retrouvé un terrain d'entente avec Moscou.
La Chine cherche par ailleurs à obtenir de Vladimir Poutine la promesse de la construction d'un oléoduc Russie-Chine et souhaite augmenter sensiblement sa participation dans les champs pétrolifères et gaziers de Russie, le deuxième exportateur mondial de pétrole. Les compagnies pétrolières chinoises, contrôlées par l'Etat, lorgnent notamment sur Ioukos, la principale compagnie russe, en difficulté financière.
Les Chinois, qui ont prêté plusieurs milliards de dollars à la Russie, attendent un "renvoi d'ascenseur" de Moscou, qui irait plus loin qu'un simple partenariat commercial, mais entérinerait un accès pour la Chine aux réserves pétrolières russes.
Fin juin 2005, la Russie et la Chine avaient annoncé la signature d'accords principalement dans le domaine de l'énergie, de la finance et de l'électricité. Moscou, pour sa part, compte convaincre la Chine d'ouvrir ses marchés à la construction mécanique, au matériel de transmission et d'hydroélectricité russe, ainsi qu'aux avions de ligne russes.
En Octobre dernier, la CNPC a conclu le rcahat du groupe Canadien PetroKazakhstan via sa filiale à 100% CNPCI pour un montant de 4,18 milliards USD. PetroKazakhstan dont les activités sont situées dans l'un des eldorados pétroliers de l'ex-URSS, produit 150.000 barils par jour, soit 12% de la production pétrolière kazakhe.
-Il vaut mieux pomper même s'il ne se passe rien que de risquer qu'il se passe quelque chose de pire en ne pompant pas.
Les Shadoks