Les nouvelles chaudières au fioul sont désormais interdites en France
La réglementation prévoit l'interdiction de l'installation de nouvelles chaudières brûlant du fioul domestique à partir de ce vendredi 1 er juillet. Les chaudières déjà installées pourront toujours être entretenues et réparées.
Par Vincent Collen Les Echos Publié le 1 juil. 2022
Une page se tourne pour les foyers français. A partir de ce vendredi, il est interdit d'installer une nouvelle chaudière au fioul dans une maison ou un appartement. Cette mesure, destinée à réduire les émissions de gaz à effet de serre, avait été annoncée par le gouvernement d'Edouard Philippe en 2019.
Après plusieurs retards et modifications, le décret, qui entre vigueur ce 1er juillet, n'autorise plus les combustibles de chauffage émettant plus de 300 grammes de CO2 par kilowattheure. Le fioul, qui émet 330 grammes en moyenne, est de fait la seule énergie exclue, le charbon n'étant pratiquement plus utilisé.
Encore un million de chaudières après 2030
La fin du fioul domestique n'est pas pour tout de suite cependant, car les chaudières déjà installées pourront continuer à fonctionner, à être entretenues et réparées. Plus de 3,5 millions de logements, à 90 % des maisons individuelles, se chauffent encore au fioul, selon la FF3C, l'organisme qui défend les intérêts de la filière. Soit 12 % des logements. Il s'agit très majoritairement de zones rurales qui ne sont pas raccordées au réseau de gaz.
Le rythme d'extinction du parc installé était de l'ordre de 4 % par an avant l'annonce du décret. « Il s'est accéléré depuis environ trois ans. Le nombre de chaudières au fioul en service recule de 6 % à 7 % par an désormais, explique Frédéric Plan, délégué général de la FF3C. On estime qu'il en restera encore plus d'un million après 2030. »
Aides de l'Etat
La perspective de l'interdiction a joué, d'autant que les aides de l'Etat pour sortir des énergies fossiles et installer des pompes à chaleur ou des chaudières biomasse ont augmenté ( 1.000 euros de plus pour MaPrimeRenov' depuis le 15 avril ).
Enfin la flambée des prix du fioul domestique, corrélés aux cours du pétrole, peut inciter des ménages à changer d'équipement. Les prix ont augmenté de plus de 80 % en un an, alors que ceux du gaz et de l'électricité sont bloqués grâce au « bouclier tarifaire » de l'Etat.
La perspective de l'interdiction a joué, d'autant que les aides de l'Etat pour sortir des énergies fossiles et installer des pompes à chaleur ou des chaudières biomasse ont augmenté ( 1.000 euros de plus pour MaPrimeRenov' depuis le 15 avril ).
Enfin la flambée des prix du fioul domestique, corrélés aux cours du pétrole, peut inciter des ménages à changer d'équipement. Les prix ont augmenté de plus de 80 % en un an, alors que ceux du gaz et de l'électricité sont bloqués grâce au « bouclier tarifaire » de l'Etat.
« Les foyers qui se chauffent au fioul ont tout intérêt à changer de système dès aujourd'hui, pour une pompe à chaleur ou une chaudière biomasse s'ils ne sont pas raccordés au réseau de gaz, défend Audrey Zermati, directrice de la stratégie d'Effy, un installateur de systèmes de chauffage. Pour un ménage aux revenus modestes, les aides de l'Etat (MaPrimRenov' et certificats d'économies d'énergie) peuvent aller jusqu'à 9.000 euros. »
Fiscalité différenciée
Pour la filière, une course contre la montre est engagée. Le FF3C veut généraliser l'usage du biofioul, qui contient un minimum de 22 % d'énergie renouvelable comme l'huile de colza, et dont les émissions de CO2 sont légèrement inférieures au seuil fatidique des 300 grammes. Un arrêté ministériel autorisant la mise sur le marché du produit est attendu au cours des prochaines semaines. « La distribution devrait débuter en juillet », annonce Frédéric Plan.
Problème, le biofioul est plus cher d'environ 20 %, même aujourd'hui où les cours du fioul traditionnel sont au plus haut. « La fiscalité est la même pour les deux types de carburants. Nous demandons au gouvernement qu'elle soit plus avantageuse pour le biofioul », explique Frédéric Plan. Des amendements en ce sens doivent être déposés pour les textes budgétaires qui seront examinés au Parlement d'ici à la fin de l'année.