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par vincent128 » 25 oct. 2007, 14:25
Encore une fois, je me sens obligé de corriger plusieurs contre-vérités.
Je ne suis pas d'accord avec la plupart de ce qui a été dit :
-construction en fuste : pas assez isolant du tout (lambda = 0.12, faites le calcul, ça ne passe pas la RT2005), et surtout, ça se tasse après la contruction, ce qui rend très difficile de faire une bonne étanchéité autour des portes et fenêtres.
- je confirme, les murs épais en calcaire isolent très peu (équivalent à environ 2 cm d'épaisseur de laine de verre) ! Néanmoins, couplé avec un poêle à bois, il y a bel et bien un effet de "poêle de masse" car :
1) le calcaire est une pierre moins conductrice que le granit ou le schiste
2) les murs anciens ont un parement sur chaque face, et un mélange de terre et/ou chaux avec des cailloux entre les deux. En comportement thermique dynamique, il ya donc un effet de stockage du parement interne.
3) la quantité de chaleur stockée est effectivement importante, à comparer à une maison isolée par l'intérieur ou en ossature bois.
Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que cette inertie diminue à peine les consommations de combustible en hiber, qui seront élevées, mais augmentera le confort d'hiver avec un poêle à bois, et d'été aussi, c'est bien connu.
En caricaturant, en plein hiver par -10°C extérieur :
-maison en murs calcaires non isolés : 30 bûches par jour, mais 20 °C le soir 17 ° le matin : ça reste confortable, on n'est pas réveillé par le froid
- maison moderne sans inertie type RT2000 : 10 bûches par jour, mais 26°C le soir avec un poêle bien bourré, 14 °C le matin !
La maison en botte de paille est un excellent système constructif : plus facile à construire que la fuste, plus isolant, bouge moins après construction. La protection contre les rongeurs et contre le feu est assurée par un enduit à la chaux sur les deux faces. La France a beaucoup de références en paille (comparativement à d'autres pays, même si ça reste peu dans l'absolu), y compris des constructions neuves conçues par des architectes, et avec des performances validées.
On ne peut pas dire non plus que les anciens savaient faire des maisons économes en énergie, c'est faux et archi-faux ! Il s'agit là d'un préjugé passéiste et romantique. Les maisons anciennes ont certes de l'inertie, mais consomment énormément de combustible si on doit les chauffer à 19°C ! Les déperditions par les parois sont énormes. Le renouvellement d'air par les courants d'air autour des portes et par la cheminée est énorme. Une cheminée traditionnelle a un rendement très faible.
Le fonctionnement d'une maison ancienne, c'est un feu dans la pièce principale et c'est tout : chambres glaciales, fenêtre étroites et noircies : on s'en fout, on vit dehors, on est habillé avec 36 couches de tissu et de laine plus du papier journal ou de la paille, on ne se lave jamais en hiver, quand on est à l'intérieur on se blottit autout de la cheminée, et pour aller se coucher sous 3 édredons dans une chambre glaciale, on n'oublie surtout pas sa bouillotte. Pour la cheminée, on consommait plein de bois vert qui goudronne et pollue énormément, car on avait le préjugé que le bois vert chauffe mieux car "plein de sève". Qui a envie de vivre comme ça ?
Bien sûr, il y avait un certain bon sens paysan dans l'implantation, l'orientation, les systèmes contructifs. Néanmoins, les progrès dans l'isolation et dans la façon de faire brûler le bois sont énormes : on isole au moins 10 fois mieux, les appareils de chauffage ont un rendement au moins 10 fois meilleur, et surtout polluent 100 à 1000 fois moins !
Retenir les quelques bonnes idées présentes dans la construction vernaculaire, oui, prétendre que les anciens faisaient des maisons économes en énergie, c'est une aberration !
Renseignez-vous avant de projeter vos préjugés issus du conte des 3 petits cochons !
Dernière modification par
vincent128 le 26 oct. 2007, 08:17, modifié 4 fois.
Le fond de l'air est frais.