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Ca commence par le salon de Detroit.
L'Amérique veut ses voitures hybrides
Le succès des modèles japonais mixant essence et électricité l'incite à combler son retard.
par Laurent MAURIAC
QUOTIDIEN : mardi 10 janvier 2006
Detroit envoyé spécial
C'est la ruée sur les hybrides. Au salon automobile de Detroit, tout constructeur qui se respecte présente désormais des modèles mixant propulsion à essence et électricité. Après un démarrage timide, General Motors et Ford rivalisent dans les promesses. Le premier a donné dimanche une grande conférence de presse pour annoncer une stratégie couvrant toutes ses gammes de véhicules. Le panneau décrivant le 4x4 Ford Escape Hybrid précise que «d'ici à la fin de la décennie plus de la moitié des produits Ford, Lincoln et Mercury (les autres marques du groupe, ndlr) offriront des fonctionnalités hybrides». A côté, le constructeur présente le prototype d'un immense pick-up couplant essence, éthanol et hydrogène.
Ecouler. Les fabricants japonais raillent volontiers cet empressement de leurs concurrents américains. «Ils n'y viennent pas de gaîté de coeur mais contraints par la demande», observe un porte-parole sur le stand Honda. Les constructeurs américains ont été les premiers surpris par le succès de la Prius de Toyota, 108 000 exemplaires vendus en 2005 mais autant de commandés et un an d'attente pour les nouveaux clients. «On pourrait en vendre bien plus, explique Richard Kelley, l'un des porte-parole de la marque aux Etats-Unis. Mais le modèle est fabriqué au Japon. Il y a toujours des discussions pour savoir si nous allons le construire aux Etats-Unis.» Fort de cette réussite, Toyota a présenté hier une version hybride de sa Camry, la voiture la plus vendue sur le marché américain. Le modèle sera disponible au printemps. Le constructeur prévoit d'en écouler 50 000 la première année. «C'est un véhicule à l'aspect plus conventionnel, une berline plus spacieuse, plus puissante que la Prius. Nous visons un public plus large», explique Keith Hathaway, le responsable américain du produit.
Sceptiques à l'origine et pris de vitesse par leur rival japonais, General Motors et Ford ont pour priorité de redresser leur image. Le premier a une explication toute prête pour expliquer son retard à l'allumage. «Notre stratégie a été de nous concentrer d'abord sur les gros véhicules, les plus consommateurs d'essence», explique Patrick Morrissey, un porte-parole du groupe. General Motors se contente jusqu'ici de commercialiser des modèles de bus et de pick-up. Le constructeur annonce deux 4 x 4 cette année et promet de disposer de 12 modèles d'ici quatre ans.
Prix à la pompe. Les ventes d'hybrides ne pèsent aujourd'hui que pour 1 % environ du marché automobile américain. Mais elles devraient connaître une forte croissance ces prochaines années, selon les analystes, aidées par la hausse des prix à la pompe. La demande sera également favorisée par des crédits d'impôt entrés en vigueur le 1er janvier. Ainsi les acheteurs de la Prius pourront récupérer 3 150 dollars sur un prix d'achat de 22 000 dollars, estime Toyota. C'est à peine moins que le surcoût moyen d'un véhicule à l'achat, d'où la possibilité, avec les économies faites sur les pleins, de rentrer rapidement dans ses frais. Pionnier du secteur avec Toyota, Honda, qui vient de lancer une version hybride de sa Civic, insiste déjà sur l'étape suivante, la propulsion à l'hydrogène. Honda présente à Detroit le prototype d'un véhicule qu'il prévoit de commercialiser dans trois à quatre ans et qui pourrait, affirme un porte-parole, «supprimer le besoin d'essence».