La cotation du pétrole pour les nuls

Discussions traitant de l'impact du pic pétrolier sur l'économie.

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Sylvain
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La cotation du pétrole pour les nuls

Message par Sylvain » 22 avr. 2006, 21:06

Bonsoir.

Je n'y connais pas grand-chose concernant la cotation du pétrole. Si on pouvait me donner quelques explications ...
Par exemple, en allant sur le site du nymex, on tombe sur le tableau suivant :

Image
Corrigez-moi si je me trompe :
  1. Ce tableau représente le prix du baril de pétrole « Light Sweet Crude » qui sera livré en juin, juillet, août, septembre, octobre et novembre 2006.
  2. Ces prix ne sont pas encore fixés : les acheteurs et les vendeurs discutent. Ainsi les prix affichés évoluent.
  3. À quelle date ces prix seront-ils « fixés » ?
  4. Une fois que le prix du pétrole pour livraison en août sera fixé à la valeur A, toutes les personnes qui achèteront du pétrole livré en août payeront le prix A.
  5. Quelles sont les différences de signification entre les colonnes "Last" et "Most Recent Settle" ?
Il est possible que je sois complètement à côté de la plaque ! :) Merci pour vos explications.

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mahiahi
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Message par mahiahi » 22 avr. 2006, 22:07

Pour les questions 3 & 4, la réponse est simple : c'est au moment de la livraison que le prix est fixé!
Ainsi, tu peux acheter du pétrole à livrer pour août au prix actuel, si tu crois qu'il va monter d'ici là, et le revendre avant la date de livraison (ou alors, tu dois réceptionner tes barils de pétrole physique) : ça s'appelle un "call" (technique typiquement féminine se rapprochant du concept de solde, d'où les "call girls")
L'opposé, c'est un "put" : tu achètes un droit de vendre à tel prix en espérant que ça baissera plus tard, mais c'est beaucoup plus vicieux (d'où l'expression : "faire un coup de put")

http://www.comprendrelabourse.com/Produ ... allput.htm
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Devenson
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Message par Devenson » 23 avr. 2006, 00:44

Il s'agit là de futures. On dit donc simplement que l'on achète ou que l'on vend un (ou plusieurs) contrats. Les termes "put" et "call" sont utilisés pour les options et les warrants.

Pour les contrats correspondants à des marchandises réelles, lorsque l'on achète (ou vend un contrat) un jour donné à un prix donné, le prix ne change plus par la suite. On recevra (ou fournira) à l'échéance la marchandise correspondante. Une compagnie ayant acheté du pétrole Octobre 2006 à 77$ vendredi dernier le recevra en octobre prochain, que le prix soit à ce moment là 50 ou 100$ (bien sur une compagnie achètera directement des futures "kérosène"). Bien entendu, on peut toujours revendre ou racheter les contrats à n'importe quel moment avant l'échéance au prix courant à ce moment là (c'est ce que font les spéculateurs). Le "prix fixé" le dernier jour du contrat est anecdotique, car on est alors au moment ou le présent rattrape les "futures". Ce prix doit alors être égal au "spot".
Par contre, dans le cas des "futures" immatérielles (par exemple les futures sur les indices), le dernier prix à l'échéance est celui où doivent être impérativement vendus ou rachetés les contrats.

La différence entre "last" et "most recent settle" est assez technique (explication non garantie). Le "most recent settle" est le cours de cloture de référence : cela peut-être dans certains cas une moyenne des cours des dernieres transactions. Le "last" est le tout dernier cours. Les 2 valeurs sont souvent égales.

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Message par GillesH38 » 23 avr. 2006, 09:22

Merci dev, on a tout compris là :-D :-D

ce qui me frappe, c'est que les prix à terme sont en général assez peu différents du prix actuel finalement, ce qui montre bien l'absence totale de visibilité du marché. Ils appliquent la méthode ayant un rapport qualité/prix imbattable dans le cas de la météo :le temps de demain, ce sera le même que celui d'aujourd'hui.
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Message par Tiennel » 23 avr. 2006, 12:10

Les grands esprits se rencontrent, j'avais justement commencé à construire un article à ce sujet dans le wiki : Prix et cotations
Je viens d'y inclure la remarque de Devenson ; n'hésitez pas à commenter (ici) ou modifier (directement dans le wiki) !
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Sylvain
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Message par Sylvain » 24 avr. 2006, 14:50

Merci à tous d'avoir éclairé ma lanterne. Image
Je relirais toutes vos contribution à tête reposée.

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Mathieu G.
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Re: La cotation du pétrole pour les nuls

Message par Mathieu G. » 24 avr. 2006, 15:30

C'est également assez confus pour moi. Je me suis permis de reprendre les affirmations de Sylvain et de les commenter avec ce que je comprends du marché NYMEX. Merci de me corriger si je dis des conneries.
1. Ce tableau représente le prix du baril de pétrole « Light Sweet Crude » qui sera livré en juin, juillet, août, septembre, octobre et novembre 2006.
Vrai
C'est le prix des contrats "futures" définit ainsi sur le site du Nymex:

http://www.nymex.com/faq.aspx
Q: What is a futures contract?
A: A futures contract is a binding, legal agreement between a buyer and a seller for delivery of a particular quantity of a commodity at a specified time, place, and price. Futures are used as a proxy for cash, or physical, transactions before actual purchases or sales. This allows the buyer to assess his costs in advance of purchase and the seller to value his inventory in advance of sale.
2. Ces prix ne sont pas encore fixés : les acheteurs et les vendeurs discutent. Ainsi les prix affichés évoluent.
Faux
Le prix affiché est le prix auquel les transactions sont faites.
3. À quelle date ces prix seront-ils « fixés » ?
Les prix de chaque transaction est fixé le jour de la transaction. Le pétrole étant livré plus tard, à échéance du contrat.
4. Une fois que le prix du pétrole pour livraison en août sera fixé à la valeur A, toutes les personnes qui achèteront du pétrole livré en août payeront le prix A.
Faux
Le prix du pétrole pour livraison en aout n'est pas payé au même prix par tout le monde. Ceux qui l'ont achété en juillet payent le prix affiché en juillet, ceux qui l'ont acheté en février payent le prix affiché en février. Aux environs du 20 juillet (http://www.nymex.com/lsco_fut_termin.aspx), on ne peut plus acheter de futures pour aout, le prix indiqué ce jour là n'est valable que pour ceux qui achètent ce jour là et non pour tout le monde.
5. Quelles sont les différences de signification entre les colonnes "Last" et "Most Recent Settle" ?
D'après ce que je comprends de la faq (ci-dessous), le "settlement" est une moyenne pondérée des prix durant les deux dernière minutes, et le "last" est le dernier prix affiché.

http://www.nymex.com/faq.aspx
Q: Why is the settlement price different from the closing price?
A: Contract settlements are based on the weighted average of trades during the closing range so the settlement and last trade usually will not be identical. The closing range is the last two minutes of trading except on the last day, when it's the last half-hour.
---

Ce que je ne comprends, c'est la manière dont les prix sont fixés. Dans la faq du Nymex, il est écrit que le prix émerge du marché et dépend de l'offre et de la demande. Mais je ne comprends pas bien le mécanisme.
Q: Does the Exchange set prices?
A: The Exchange does not set prices. The Exchange provides a neutral, orderly, and transparent trading forum where buyers and sellers can come together and publishes the prices that result from those transactions. The prices that emerge from trading are determined by supply and demand. If there are more buyers than sellers, the price goes up. If there are more sellers than buyers, it goes down.

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Re: La cotation du pétrole pour les nuls

Message par Devenson » 24 avr. 2006, 17:40

...
Ce que je ne comprends, c'est la manière dont les prix sont fixés. Dans la faq du Nymex, il est écrit que le prix émerge du marché et dépend de l'offre et de la demande. Mais je ne comprends pas bien le mécanisme.
...
Les prix évoluent selon l'offre et la demande. C'est le même mécanisme de base utilisé à la bourse pour la plupart des valeurs.
A tout moment, il y a des acheteurs et des vendeurs qui proposent leurs prix.
Prix demandé (ou achat)/ask pour acheteurs.
Prix offert(ou vente)/bid pour les vendeurs.

Un exemple très simplifié et au ralenti ! : pour une action donnée, un acheteur propose d'acheter une action au prix de 99, un vendeur de vendre une action au prix de 101. Le dernier prix était par exemple à 100. Ce qu'on appelle le "carnet d'ordre" se présente ainsi :
Dernier cours : 100
Demandé -- Offert
1 à 99 ------ 1 à 101
Si, à un moment donné, quelqu'un décide d'acheter, il va donc payer 101 (et non 100), le nouveau prix est donc de 101. A ce moment, le carnet d'ordre deviendra peut-être :
Dernier cours : 101
Demandé -- Offert
1 à 99 ------ 1 à 102
A ce moment, quelqu'un se dira (puisque l'action monte) qu'il accepterait bien de payer lui aussi 101 (mais pas quand même pas 102). Il n'y a pas de transaction, mais le carnet d'ordre change :
Dernier cours : 101
Demandé -- Offert
1 à 101 ------ 1 à 102
1 à 99
L'acheteur potentiel à 99 se dira soudain qu'il ne veut pas rater la hausse et décidera d'acheter à 102. Cela deviendra le dernier cours côté et le carnet d'ordre ressemblera à cela (l'acheteur ayant retiré sa proposition d'achat à 99) :
Dernier cours : 102
Demandé -- Offert
1 à 101 ------ 1 à 103

.. et ainsi de suite.

Vous pouvez suivre l'évolution des cours et du carnet d'ordre sur n'importe quel site de bourse (on s'en lasse vite, mais la première fois c'est assez amusant).
Dernière modification par Devenson le 24 avr. 2006, 17:46, modifié 1 fois.

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Mathieu G.
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Message par Mathieu G. » 24 avr. 2006, 17:44

Merci Devenson, c'est très clair.
Je vais aller voir un site de bourse.

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Message par Tiennel » 25 avr. 2006, 00:26

Concernant le fonctionnement des futures, il y a un bon article sur wikipedia.

Quand on achète à terme avec des futures, on ne paie rien au départ, sinon un dépôt de garantie. Si ça monte, l'acheteur est crédité de la différence par un intermédiaire ad hoc nommé la chambre de compensation du marché, et si ça descend, il est débité. Arrivé le jour de la livraison, il paie le prix du jour, comme tout le monde.
De cette façon, au total l'acheteur n'a sorti de sa poche que le montant sur lequel il s'était engagé au départ.
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Message par Devenson » 25 avr. 2006, 12:20

Désolé d'avoir présenté le principe des futures de façon erronée (certains esprits chagrins pourraient même parler de tissu d'erreurs grossières dans mon exposé précédent).

Je me suis focalisé sur la finalité de l'opération et non sur le mécanisme lui-même qui est bien sur celui décrit par Tiennel.

Pour me faire pardonner, je revoie ma copie et prends un exemple :

Pour le pétrole brut, le contrat correspond à 1000 barils.

Le compte "futures" d'un opérateur doit être provisionné à hauteur d'une somme correspondant à la variation maximale du sous-jacent (la marge). Exemple : si les autorités de marché estiment que la variation quotidienne maximum sera de 5$, le compte doit être d'au minimum 5000$ par contrat traité. (avec 18000$, on peut acheter ou vendre au maximum 3 contrats).

A la fin de chaque journée, la différence entre le cours de compensation du jour et celui de la veille est calculée. Si le cours est passé de 73 à 75$, l'acheteur d'un contrat sera crédité de 2*1000 = 2000$ . Le compte du vendeur d'un contrat sera débité de 2000$. Si nécessaire, un appel de marge sera demandé pour que l'opérateur puisse continuer à intervenir sur le marché.

L'effet de levier est donc très important. Ici, un écart de moins de 3% du sous-jacent correspondra à un gain de 40% ! On voit bien ce qui attirer les spéculateurs. Ces derniers interviennent souvent sur des intervalles de temps plus court que la journée (quelques heures, quelques minutes ou même quelques dizaines de secondes).

Maintenant pour essayer de montrer que ce que j'avais dit précédemment n'était pas complètement faux, que se passe-t-il pour quelqu'un qui veut vraiment acheter (ou vendre) la marchandise à l'échéance ?

Par exemple, un opérateur (malin - ou lecteur d'oleocene) a acheté il y a quelques mois un contrat futures avril 2006 au prix 55$. Si, à l'échéance d'avril, le future vaut 75$, il va effectivement (le prix à l'échéance est donc tout sauf anecdotique !)) débourser 75000$ pour ses 1000 barils. Mais il aura reçu lors des compensations quotidiennes (75-55)*1000 = 20000$. Il aura donc en fait acheté ses 1000 barils au prix unitaire de 55$ (sur les futures, à part l'immobilisation du déposit, les frais sont négligeables si on laisse courir un contrat).

Reste une question mystérieuse : pourquoi ces explications seraient-elles plus proches de la vérité que les bêtises que je vous ai racontées précédemment avec tant d'assurance ? Là, il faut appliquer la loi générale : toujours vérifier au moins 3 fois que qu'on lit sur Internet !

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Message par MadMax » 29 juin 2006, 12:58

Quel avenir pour le dollar en tant que monnaie de facturation du pétrole?

20:01 | 26/ 06/ 2006
Par Igor Tomberg, du Centre d'études énergétiques, pour RIA Novosti


Pour notre pays qui partage ces derniers temps avec l'Arabie saoudite le leadership du commerce du pétrole, le problème de la définition du prix du brut et celui du règlement des livraisons de cet hydrocarbure sont très sensibles. C'est que la Russie n'a pas les moyens d'influer sur le coût de son propre pétrole qu'elle vend sur le marché international.

L'actuel marché pétrolier mondial est ainsi fait que la majeure partie des bénéfices va non pas à celui qui produit le pétrole mais à celui qui le vend au consommateur final. Et il ne s'agit pas des sociétés russes (ou irakiennes, ou iraniennes). Le prix de la marque russe Urals est fixé à Londres et à New York (à l'International Petroleum Exchange et au New York Mercantile Exchange). Les cotes boursières sont très loin du coût réel de la marchandise, elles dépendent de toutes sortes de facteurs spéculatifs et subjectifs si nombreux qu'il est ridicule d'affirmer que les cotes boursières sont un indicateur précis.

Une autre particularité substantielle du marché pétrolier est constituée par la monnaie de facturation. Selon la tradition établie, les cotes sont libellées en dollars américains. La marchandise peut être payée en n'importe quelle monnaie mais le prix est toujours fixé en dollars. Dans cette situation, les vendeurs et les acheteurs préfèrent les règlements en dollars pour éviter les frais de conversion. Ce système de cotation et de règlement des livraisons de brut (et de la plupart des autres matières premières principales) est, dans une mesure considérable, à l'origine de la position du dollar US en tant que monnaie de réserve mondiale.

Les changements survenus ces derniers temps dans le rapport des forces sur le marché pétrolier, l'énorme déficit budgétaire et commercial des Etats-Unis et la croissance du rôle de la monnaie unique européenne ont provoqué une série de tentatives de revoir ce système commercial. Ces tentatives ont sérieusement modifié la politique mondiale. Ainsi, les médias ne se lassent pas d'affirmer que les Etats-Unis ont attaqué l'Irak dès que Saddam Hussein eut demandé que les règlements des livraisons dans le cadre du programme Pétrole contre nourriture se fassent en euros et non plus en dollars américains. En septembre 2000, il avait annoncé que l'Irak n'avait plus l'intention d'accepter de dollars en échange de pétrole et ordonné de convertir en euros les 10 milliards de dollars inscrits sur le compte géré par l'ONU. "Ce choix a décidé du sort de l'Irak, affirme William Clark, expert en sécurité et auteur d'un ouvrage sur l'économie du marché pétrolier. C'était une décision politique qui rapportait en raison d'une baisse constante du cours du dollar. Elle est devenue le dernier argument lors de la prise de la décision d'envahir l'Irak. Lorsque les marines américains sont entrés à Bagdad, le brut irakien a recommencé à être réglé en dollars".

Il n'est pas certain qu'il n'y aura plus de guerre pour la stabilité du dollar. En 2006 l'Iran a annoncé son intention d'ouvrir une bourse du pétrole où le produit serait coté en euros. L'annonce de la nouvelle a mis sur les dents les milieux pétroliers, américains en premier lieu. Aujourd'hui la bourse iranienne a toutes les chances de devenir un digne concurrent des 2 marchés existants : plus d'un tiers des exportations de brut iranien est destiné à l'Europe. La situation géographique du pays à proximité immédiate de grands importateurs de pétrole comme la Chine, l'Inde et l'Europe détermine l'importance stratégique de l'Iran en tant que fournisseur mondial. Les réserves pétrolières extractibles de l'Iran sont estimées à 130 milliards de tonnes, soit 10% des réserves mondiales.

L'idée de vendre du brut en euros est accueillie positivement par les producteurs latino-américains. Le président vénézuélien Hugo Chavez et les compagnies pétrolières russes et chinoises, celle des pays du golfe Persique la soutiennent volontiers. Téhéran aussi déclare depuis 3 ans déjà son désir d'être réglé en euros pour le pétrole qu'il vend à l'Europe.

On comprend que le lancement de la facturation du pétrole en euros met en péril l'existence du dollar en tant que monnaie de réserve mondiale mais l'effet du passage de l'Iran au règlement en euros semble être exagéré. La monnaie de cotation du pétrole n'a pas d'importance parce qu'elle n'influe pas sur la monnaie des règlements.

Dans le cas de l'Iran il s'agit d'une bourse. Mais les cotes boursières ne sont qu'un indicateur. En bourse il ne se vend que très peu de pétrole. Qui plus est, en bourse sont principalement négociés des contrats et non pas des livraisons réelles tandis que le cours du dollar peut incontestablement subir l'influence d'un passage massif aux règlements en une autre monnaie, par exemple. Par conséquent, ce passage à une autre monnaie entre fournisseurs et clients décidera de la monnaie qui sera celle de réserve, et non pas le lancement d'une bourse où le pétrole serait coté en euros. Dans le cas de l'Irak, décrit plus haut, il pouvait être question de règlements en euros de quantités de brut considérables, ce qui pouvait avoir un impact négatif sur le rôle monopoliste du dollar, sans compter le fait que cela pouvait créer un précédent indésirable pour les Etats-Unis.

Pourtant, à l'heure actuelle aucune menace perceptible pour le dollar en tant que monnaie unique du contrat pétrolier n'est en vue: 60% à 70% des opérations d'exportation dans le monde sont effectuées en dollars, près de 60% des réserves de changes de l'ensemble des pays du monde sont constituées en dollars, 80% des opérations sur le marché monétaire mondial sont réalisées en dollars, et 70% des crédits bancaires sont accordés en dollars. Les principaux financiers russes sont eux aussi, aujourd'hui, sceptiques sur l'idée d'un remplacement du dollar dans le commerce du pétrole.

L'ancien chef de la Banque centrale de Russie, aujourd'hui président du conseil d'administration de Ioukos, Viktor Guerachtchenko, affirme: "Si l'on vend du pétrole, on doit miser sur le dollar. Je pense qu'avant 10 ans personne ne se risquera à coter le pétrole en euros, en roubles, en yuans ou dans une autre monnaie sur le marché mondial. Le prix sera toujours en dollars. Compte tenu du niveau économique des Etats-Unis, de son ampleur. Il n'y a que la Chine qui peut les presser".

Le directeur du Service fédéral des marchés financiers, Oleg Viouguine, évoque l'intervention de certains facteurs objectifs. "En ce qui concerne le pétrole, on sait qu'il est coté en dollars et qu'il n'y a pas de cotation en euros. C'est pourquoi tout contrat de livraison de pétrole, même s'il est conclu en euros, en appellera aux cotations en dollars des marchés pétroliers Si un système se met en marche où le pétrole est coté en euros et qu'il s'agit d'un marché liquide assez important, des contrats en euros verront le jour à coup sûr", estime-t-il.

Les experts russes "font mousser" depuis plus d'un an l'idée de la nécessité de créer les conditions d'une participation de la Russie à la formation des prix du pétrole sur le marché mondial. Cette nécessité devient de plus en plus pressante à la lumière des changements globaux en cours sur le marché monétaire et financier mondial. La fin de la réforme des institutions financières mondiales - FMI et BIRD - que de nombreux analystes ont tendance à appeler la réforme de Bretton Woods n'est pas bien loin. Et le problème de la réforme du système de formation des prix sur le marché pétrolier mondial sera porté à l'ordre du jour comme un point important d'une telle restructuration.

Ces derniers temps, l'idée d'une participation à la formation des prix du pétrole bénéficie d'un soutien pratique des autorités russes, dans le cadre, il est vrai, d'un objectif plus ample, celui de la convertibilité du rouble afin d'en faire une monnaie pour les règlements internationaux. Dans le cadre de ce programme, le président Vladimir Poutine a proposé, dans son message annuel à l'Assemblée fédérale du 25 avril 2006, d'augmenter sur le territoire national la vente en bourse des principaux produits d'exportation russes (pétrole, gaz et autres) réglés en roubles. Cette idée doit inciter les principaux consommateurs de matières énergétiques russes à constituer des épargnes en roubles dont ils auront besoin pour acheter des produits sur les places russes. Ainsi, la monnaie russe commencera à être demandée et cotée en bourse à l'étranger comme c'est aujourd'hui le cas du dollar et de l'euro, deux monnaies avec lesquelles la Russie paie ses importations de marchandises et de services.

La proposition du président, si elle est réalisée, augmentera le poids du rouble sur le marché mondial. Mais un tel marché ne saurait être créé par décret. Par tradition, le commerce du pétrole est concentré à Londres et à New York. Les tentatives de l'Irak et de l'Iran (peut-être aussi du Venezuela à l'avenir) de coter le brut en euros n'ont pas modifié la balance entre l'offre et la demande. Ces pays ne sont pas devenus des centres de commerce et de formation des prix. Le pétrole continue d'être coté sur le marché mondial en dollars et c'est la cote des marques du Texas de l'Ouest (WTI) et de la marque Brent qui sont les indicateurs de son prix.

Dans le même temps, l'adhésion de la Russie au "club des réformateurs" du marché pétrolier mondial confirme une nouvelle fois la tendance stable à la révision du système actuel de cotation et de règlement sur ce marché. Finalement, cette tendance pourrait faire apparaître une ou plusieurs nouvelles monnaies de facturation qui secoueront le monopole actuel du dollar qui ne semble plus inébranlable.

hrdr
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comment se deroule les cotations du pétrole en bourses

Message par hrdr » 13 juin 2008, 09:39

bonjour à tous
tout d'abord désolé si le post n'est pas au bon endroit mais je ne savais pas trop ou le mettre.

voila un certain temps que je m'interresse au sujet du pic. Je me pose pas mal de questions sur les cotation du pétrole en bourse car c'est un des indicateur du pic (ça c'est ce que je pense). Mais il me manque des "billes" pour bien comprendre les cotations.

si on regarde cette page: futurs sur le NYMEX
Que signifie les volumes? est ce les barils échangés ou le nombre de contrats? dans le cas des contrats combien de barils représentent-ils?
Les volumes toujours il semble que ce soit la somme des vente et des achats, quid?

quel est le nombre de barils laisser sur le marché boursiers car les compagnie ont des contrats long termes avec les producteurs donc hors bourses(bien que surement partiellement indexés)
que se passe-t-il en fin de cotation des contrats de livraisons mensuels les personne possédants des barils se font livré ou ils les revendent (à qui?)?

pour les futurs : existe-t-il une diference entre futurs et le cours du nymex WTI dont on parle le plus?

voila certaines des questions que je me posent pour comprendre le marché boursiers.
merci d'avance de m'éclairer un peu

(je suis sur que le sujet a ete abordé mais pas trouvé )

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Re: La cotation du pétrole pour les nuls

Message par mrlargo » 13 juin 2008, 10:12

Je me permets de faire remonter ce sujet pour hrdr ...
et fusionner sa question :D


Tu devrais trouver ton bonheur dans ce sujet...
La différence entre l’amour et l’argent, c’est que si on partage son argent, il diminue, tandis que si on partage son amour, il augmente. L’idéal étant d’arriver à partager son amour avec quelqu’un qui a du pognon.
(Philippe Geluck)

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Qui fixe le prix du baril?

Message par evrard » 06 août 2011, 16:51

Bonjour,

Dans les années 1970 l'Opep dominait le monde du pétrole et c'étaient eux qui fixaient les prix car ils étaient en situation de monoole, ce qui leur a permis d'imposer de fortes augmentations.
Aujourd'hui il y a beaucoup plus de producteurs, qui fixe les prix du baril? La loi de l'offre et la demande? La main invisible du marché?

Est ce que ce serait plus intéressant pour ces producteurs de vendre le baril à 200$ pour par exemple 700 millions de véhicules dans le monde plutôt que comme aujourd'hui, le baril à 95$ pour 900 millions de véhicules?

Merci pour vos réponses.

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