Les bénéficiaires des nouveaux pétrodollars

Discussions traitant de l'impact du pic pétrolier sur l'économie.

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Les bénéficiaires des nouveaux pétrodollars

Message par Environnement2100 » 09 août 2006, 23:13

Dans une époque de hausse des matières premières, il est bien normal de s'inquiéter de ses dépenses supplémentaires ; s'intéresser aux recettes des pays producteurs offre un éclairage bien surprenant.

Reprenons la liste des principaux pays producteurs (source : OlWiki, 2004)

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Pays......................production.....club.......population
Arabie Saoudite            10 584000     OPEP               27
Russie                      9 285000                       143
Etats-Unis                  7 241000                       298
Iran                        4 081000     OPEP               69
Canada                      3 085000                        33
Mexique                     3 824000                       107
Chine                       3 490000                     1 314
Norvège                     3 188000                         5
Venezuela                   2 980000     OPEP               26
Émirats                     2 667000     OPEP                3
Nigéria                     2 508000     OPEP              132
Koweït                      2 424000     OPEP                2
Royaume-Uni                 2 029000                        61
Irak                        2 027000     OPEP               27
Sur 14 pays produisant plus de 2 Mbbl/d en 2004, 11 produisent plus qu'ils ne consomment.

2 Mbbl/d à 75 USD/bbl représentent 150 MUSD/d, soit 55 GUSD/an. C'est équivalent à l'impôt sur le revenu en France.

10 Mbbl/d, c'est 250 GUSD/an, c'est presque le budget de l'état français en 2005.

De telles sommes, une fois transformées en dépenses classiques pour un état, ne passent pas inaperçues : un pays comme l'Arabie Saoudite pourrait payer la totalité des fonctionnaires français, nos investissements, notre armée... pour une population moitié moindre.

La Russie, récemment redevenue premier producteur mondial, obtient le même budget, pour il est vrai, deux fois notre population.

Dans les deux cas, ce que nous voyons de ces pays ne donne pas l'impression que ces sommes sont consacrées à l'investissement structurel dont ces pays manquent, à l'éducation, la rénovation de l'outil industriel : tous ces secteurs sont très apparents.

Dans l'absolu, cette manne devrait être investie dans les infrastructures, la santé, l'éducation etc. de chaque pays concerné. Dans la réalité, dépenser de pareilles sommes, quand elles ne sont pas habituelles, et que les services de l'état ne sont pas prêts à les gérer, est beaucoup moins facile que l'on croit.

La situation est peu ou prou comparable dans les autres pays.

Cet excédent de dollars arrive bien quelque part : personne ne stocke des montants pareils sans s'en servir. A partir de là il faut faire quelques hypothèses.

Cet afflux de devises a grosso modo triplé en trois ans ; prenons la règle arbitraire que :
- il est relativement facile de dépenser deux fois ce qu'on a prévu
- la troisième partie est simplement placée en attendant mieux.

Les revenus ci-dessus, une fois retirés USA, UK et Chine, et affectés de cette règle du tiers, représentent 1.1 GUSD/d, soit 424 GUSD/an.

Si cette somme était placée auprès des différents pays consommateurs au prorata de leurs dépenses, cela permettrait simplement d'adoucir la facture d'un tiers : pas spectaculaire, mais appréciable.

Si c'était le cas, on verrait tous les pays consommateurs creuser leur déficit d'une façon homgéne : ce n'est pas ce qu'on constate. On verrait surgir dans notre pays des investissements russes, saoudiens, nigérians : ce n'est pas le cas.

Sans faire d'enquête approfondie, il paraît crédible que les USA soient en majorité la cible de ces placements excédentaires. Ce mécanisme conduit donc les USA, en tant que nation, à être bénéficiaire net du mouvement de hausse actuel, peut-être même, le plus gros bénéficiaire sur la planète.
Trop de mépris entraîne des méprises - Phyvette, ca 2007.

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Message par Tiennel » 09 août 2006, 23:31

On verrait surgir dans notre pays des investissements russes, saoudiens, nigérians : ce n'est pas le cas.
Il suffit de sociétés-écran - pardon, de fonds d'investissement - pour que l'origine des fonds reste inconnue, non ?
Méfiez-vous des biais cognitifs

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Message par oulan bator » 09 août 2006, 23:53

Pour les norvégiens, l'argent est économisé pour faire face à l'aprés pétrole.
Pour le reste (hormis le Vénezuela) j'ai l'impression que les devises sont gachées, par exemple un reportage montrait un emir saoudien en train de distribuer de l'argent à des gens qu'il ne connaissait même pas ( c'est la tradition à ce qu'il parait), de même l'agriculture en plein désert c'est pas génial au niveau des rendements...
Sans faire d'enquête approfondie, il paraît crédible que les USA soient en majorité la cible de ces placements excédentaires. Ce mécanisme conduit donc les USA, en tant que nation, à être bénéficiaire net du mouvement de hausse actuel, peut-être même, le plus gros bénéficiaire sur la planète.
Peut-être mais à long terme cela pourra couter cher aux USA, s'ils se déconnectent trop de l'économie réelle. Si l'energie devient trés chère la compétitivité des produits américains risque d'être fortement amoindrie.

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Message par mahiahi » 10 août 2006, 22:25

oulan bator a écrit :de même l'agriculture en plein désert c'est pas génial au niveau des rendements...
C'est plutôt la seule idée intelligente : quand il n'y en aura plus (autant), que mangeront-ils?
C'est quand tout semble perdu qu'il ne faut douter de rien
Dieu se rit des hommes déplorant les effets dont ils chérissent les causes
Défiez-vous des cosmopolites allant chercher loin dans leurs livres des devoirs qu'ils dédaignent remplir autour d'eux

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Message par oulan bator » 12 août 2006, 00:35

Et quand ils auront vidé les nappes phréatiques, que vont ils faire? S'ils développaient de l'agriculture peu gourmande en eau pouvant être tirée par des usines de dessalement se seraient une bonne idée mais lorsque l'arabie saoudite favorise les élevages de vaches sur ses terres, c'est une vision de court terme et non de long terme.
Il vaut mieux qu'ils se spécialisent dans des activités plus adaptées aux conditions climatiques arides.

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Message par mahiahi » 12 août 2006, 08:17

oulan bator a écrit:
de même l'agriculture en plein désert c'est pas génial au niveau des rendements...
C'est plutôt la seule idée intelligente : quand il n'y en aura plus (autant), que mangeront-ils?
oulan bator a écrit : Et quand ils auront vidé les nappes phréatiques, que vont ils faire? S'ils développaient de l'agriculture peu gourmande en eau pouvant être tirée par des usines de dessalement
Ces usines brûlent du pétrole (et accessoirement de l'eau de mer, mais pas au point de l'épuiser) pour obtenir de l'eau douce : quand ils n'auront plus de pétrole, ils ne pourront plus dessaler l'eau de mer
oulan bator a écrit : se seraient une bonne idée mais lorsque l'arabie saoudite favorise les élevages de vaches sur ses terres, c'est une vision de court terme et non de long terme.
L'élevage de vaches? J'ignorais, je pensais à leurs cultures de fleurs
oulan bator a écrit : Il vaut mieux qu'ils se spécialisent dans des activités plus adaptées aux conditions climatiques arides.
Oui, mais des cultures vivrières
C'est quand tout semble perdu qu'il ne faut douter de rien
Dieu se rit des hommes déplorant les effets dont ils chérissent les causes
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Message par oulan bator » 12 août 2006, 11:39

L'élevage de vaches? J'ignorais, je pensais à leurs cultures de fleurs
Almarai past, present and future
Almarai, meaning 'green pastures' in Arabic, is a household name in the Middle East. The largest dairy foods company in the Middle East, Almarai is synonymous with freshness, quality and service. It has a high profile and is one of the leading brand names in the Arabian sub-continent, supplying consumers with milk, laban, yoghurt, juice, butter, cheese, cream and dairy desserts.

Almarai began operations in Saudi Arabia in 1976 and has grown under the direction of His Highness Prince Sultan Bin Mohammed Bin Saud Al Kabir, who recognised the potential to transform traditional dairy farming of Saudi Arabia to meet the needs of what is a rapidly developing country.
http://www.almarai.com

Si je me fie aux chiffres rien que les produits laitiers représentaient 15 % des exportation agricoles (en 2001) de l'arabie saoudite ( contre 0% en 1970).
Le lien permet d'accéder à la plus grande entreprise laitière du pays : almarai company

Ces usines brûlent du pétrole (et accessoirement de l'eau de mer, mais pas au point de l'épuiser) pour obtenir de l'eau douce : quand ils n'auront plus de pétrole, ils ne pourront plus dessaler l'eau de mer
il est impossible de substituer le pétrole pour les usines de dessalement?

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Message par mahiahi » 12 août 2006, 11:47

Qu'ont-ils d'autre à brûler? Du sable?
C'est quand tout semble perdu qu'il ne faut douter de rien
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Défiez-vous des cosmopolites allant chercher loin dans leurs livres des devoirs qu'ils dédaignent remplir autour d'eux

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Re: Les bénéficiaires des nouveaux pétrodollars

Message par LeLama » 12 août 2006, 15:44

Environnement2100 a écrit :D
Sans faire d'enquête approfondie, il paraît crédible que les USA soient en majorité la cible de ces placements excédentaires. Ce mécanisme conduit donc les USA, en tant que nation, à être bénéficiaire net du mouvement de hausse actuel, peut-être même, le plus gros bénéficiaire sur la planète.
C'est une question tres technique et ca me parait difficile de conclure sans enquete approfondie...

Moi naivement, j'aurais plutot dit que l'argent allait en chine. On sait que les economistes chinois voulaient controler la croissance a 7 ou 8 % et que le dernier indicateur est sorti a plus de 12 %. La croissance est hors de controle. C'est peut etre du aux investissements petroliers qui arrivent.

Par ailleurs, que l'argent pour investissement arrive, c'est bien, mais il faut vraiment avoir des projets interessants a financer. Il faut penser a la bulle internet chez nous. Si les entreprises americaines s'endettent sur des projets bidons parce qu'il y a de l'argent qui s'offre facilement, ce n'est pas forcement positif pour les US.

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Message par pat43 » 12 août 2006, 17:49

oulan bator a écrit :Pour les norvégiens, l'argent est économisé pour faire face à l'aprés pétrole.
Pour le reste (hormis le Vénezuela) j'ai l'impression que les devises sont gachées, par exemple un reportage montrait un emir saoudien en train de distribuer de l'argent à des gens qu'il ne connaissait même pas ( c'est la tradition à ce qu'il parait), de même l'agriculture en plein désert c'est pas génial au niveau des rendements...
Sans faire d'enquête approfondie, il paraît crédible que les USA soient en majorité la cible de ces placements excédentaires. Ce mécanisme conduit donc les USA, en tant que nation, à être bénéficiaire net du mouvement de hausse actuel, peut-être même, le plus gros bénéficiaire sur la planète.
Peut-être mais à long terme cela pourra couter cher aux USA, s'ils se déconnectent trop de l'économie réelle. Si l'energie devient trés chère la compétitivité des produits américains risque d'être fortement amoindrie.
en 1980, il y avait un etat riche pour l'eternité,c'etait nauru, petite ile du pacifique producteur de phosphates, à force d'avoir fait des investissements, ils sont ruinés, les habitants sont obeses et malades, et l'ile n'a plus de sol (c'etait le phosphates, il n'y a plus que le roc)... leur reve serait d'etre reannexé par l'australie...
en realité, il n'y a rien de plus naïf que de vouloir placer de l'argent pour le long terme, celui qui le place le perdra, et il fera le malheur de celui qui le reçoit. pour une telle masse, il n'y a simplement pas d'alternative à la vaporisation.
- avec ça, il a décimé une panzer-divizion.
- il était dans l'artillerie ?
- Mais non, tu suit pas, il etait dans la LI-MO-NA-DE.
michel Audiard a propos d'une boisson d'homme au gout de pomme.

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Message par oulan bator » 13 août 2006, 00:56

en realité, il n'y a rien de plus naïf que de vouloir placer de l'argent pour le long terme, celui qui le place le perdra, et il fera le malheur de celui qui le reçoit. pour une telle masse, il n'y a simplement pas d'alternative à la vaporisation.
Enfin il est préférable de prévoir à l'avance quelles sont les conséquences de nos agissements présents sur le futur afin de ne pas arriver à la situation de l'île de paques aprés des décennies d'exploitation du bois et de toutes les ressources de l'île : sans rien...
C'est pareil avec les investissements, il faut savoir prévoir quels seront les impacts du PO et comment s'y préparer.
en 1980, il y avait un etat riche pour l'eternité,c'etait nauru, petite ile du pacifique producteur de phosphates, à force d'avoir fait des investissements, ils sont ruinés, les habitants sont obeses et malades, et l'ile n'a plus de sol (c'etait le phosphates, il n'y a plus que le roc)... leur reve serait d'etre reannexé par l'australie...
Justement il auraient dus prévoir que cette richesse allait disparaître et faire des investissement dans d'autres secteurs, qui eux ne portaient pas atteinte à leurs environnement et ressources.
C'est pour cela que j'écrivais que les investissement Saoudiens sont gachés, par exemple, parce qu'ils sont de court terme. Certes ils ont pratiquement atteind l'indépendance alimentaire mais au prix de l'épuisement des nappes phréatiques et une fois ces nappes phréatiques épuisées ou même le pétrole que vont-ils faire (1)?
A mon sens comme l'île de nauru, ou les iles de pacques: rien et tombés dans la pauvreté.

(1) car en regardant les chiffres de l'agriculture saoudienne j'ai pu voir que l'agriculture est (presque) entièrement financée par le pétrole, ainsi le cout de production du blé est six fois supérieur aux prix mondiaux du blé...

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Message par pat43 » 13 août 2006, 12:02

justement nauru avait diversifié, dans l'immo japonais, dans les nouvelles technologies, dans tout ce qui etait possible et imaginable...
- avec ça, il a décimé une panzer-divizion.
- il était dans l'artillerie ?
- Mais non, tu suit pas, il etait dans la LI-MO-NA-DE.
michel Audiard a propos d'une boisson d'homme au gout de pomme.

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