Dans le courant de septembre, j'avais évoqué l'étrange procès où Elon Musk était accusé de diffamation (l'affaire pedo-guy) par Vern Unsworth. Il avait été finalement déclaré non coupable.
Un article (en anglais) d'un journaliste qui avait été personnellement impliqué dans cette affaire: "Elon Musk Can't Lose"
https://www.buzzfeednews.com/article/ry ... -cant-lose
L'article revient sur l'ensemble de cette affaire, le déroulement du procès. Y'a deux choses qui me frappent:
“Elon has an uncanny ability to tell a story he wants to be true, convince himself that it has to be true, and then convince others,” one former Tesla executive told me after the trial.
Il y a quelque chose de fascinant dans le personnage d'Elon Musk à créer des histoires et à les réaliser à n'importe quel prix. Une sorte de super pouvoir. C'est vraiment le gourou d'une vision très liée à des idées de science-fiction (monde meilleur, conquête de Mars, éradiquer la pollution, paradis technologique) qui plaisent et qui fascinent les gens. Ils veulent y croire!
Mais la raison pour laquelle je mets ce message dans ce fil et non pas celui de Tesla, c'est l'autre truc qui m'a frappé. En sortant, Musk a dit:
Musk left the courtroom visibly smug. “My faith in humanity is restored,”
Cette phrase, c'est un meme Internet, une catchphrase utilisée pour commenter une image ou une vidéo. Des milliers d'images et de vidéos en fait. Il y avait dans ce procès deux mondes totalement différents qui se faisaient face. Celui d'Internet et de ses règles de fonctionnement (le monde virtuel dans lequel vis Musk mais aussi la clientèle de ses produits et de son égo) et celui plus terre-à-terre d'une justice et de personnes qui ne comprennent pas ce monde-là et tentent d'appliquer une justice sur le plan réel (le monde IRL). L'avocat de Unsworth n'a simplement pas réussi à exploiter la "justice" d'internet pour démontrer la diffamation qui avait eu lieu. Si on fait une recherche sur Internet avec le nom de Unsworth
ou pedo guy, c'est une avalanche de résultats liés à cette affaire.
C'est tout le pouvoir du buzz, et sur quoi il est possible de construire un narratif capable de propulser une idée ou une personne ou un produit à des niveaux stratosphériques. Et dans ce monde très virtuel, ceux qui maîtrisent ces outils et parviennent à construire leur narratif sont les maîtres. C'est à peu près la même chose que lorsque la radio était apparue. De la même façon, ces même outils peuvent être utilisés pour accéder au pouvoir ou le déstabiliser.
Les premiers à avoir maîtrisé ces outils sur les cendres de la première bulle Internet sont désormais au sommet avec des capitalisations délirante. La puissance d'Apple est probablement uniquement due à ces techniques, les premiers à diffuser les "Stevenotes" en direct sur le web au début des années 2000.
Lorsque Zuckerberg s'était retrouvé face au congrès américain, on avait eu ce même affrontement entre deux monde qui ne se comprenaient pas. Centré sur l'exploitation de données personnelles à des fins politiques. Les sénateurs essayaient, dans leurs questions, de rapporter le monde virtuel avec le monde IRL. Comme si les règles du monde IRL s'appliquaient d'office au monde virtuel. Ce n'est pas le cas!
Mais derrière tout ça, il y a quelque chose de complètement irrationnel à donner autant de valeur à ce qui n'est en soit que de l'information, et pour une énorme partie de l'info-poubelle. C'est le cas de ce procès qui rempli un nombre de pages incalculable et qui n'est au final qu'un fait divers entre un milliardaire qui joue sur son portable et un homme tout simple qui a causé l'ire du premier par une remarque négative à son égard.