Pourquoi le bio est-il si cher ?

Discussions traitant de l'impact du pic pétrolier sur l'économie.

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Agecanonichou
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Pourquoi le bio est-il si cher ?

Message par Agecanonichou » 07 mai 2006, 10:19

Je lis ça et là sur ce forum (je résume peut être hativement) : je mangerai bien bio mais ça coute trop cher.

Travaillant dans une entreprise de distribution de produits bio, je pense utile de fournir quelques explications.

Pourquoi le bio est il si cher ?

1) La production est inférieure au conventionnel
2) Il y a beaucoup de main d'oeuvre dans le bio : en maraichage, par exemple, pas question de tuer les mauvaises herbes à coup de saloperies chimiques. Donc il faut arracher à la main et re-arracher à la main.
3) Il ya moins d'économies d'échelle car la production est plus faible. On travaille sur des entrepôts plus petits, il y a moins d'optimisation du transport (je parle pour de la distribution classique, pas pour de vente directe ou des organisations de type AMAP), les entreprises de production sont plus petites.
4) L'agriculture bio est beaucoup moins subventionnée (du moins en France) que la conventionnelle

La plupart des producteurs bio le font par passion et par conviction et leur revenu est inférieur à celui des conventionnels. Donc ce ne sont pas eux qui s'en mettent plein des fouilles... La plupart des distributeurs non plus d'ailleurs.

Je concluerai en disant que ce n'est peut être pas le bio qui est cher mais peut être le conventionnel qui ne l'est pas assez....

Je peux bien sur développer mais je préfère répondre à vos questions si vous en avez (et si je peux y répondre bien sur : je n'ai pas la prétention d'être une somme sur le sujet !)

Huile de Roche
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Message par Huile de Roche » 08 mai 2006, 16:08

Je vous conseille alors le splendide ouvrage de Kokopelli, une merveille !!!

Préfacée par Jean Pierre Berlan directeur de recherche à l'INRA.

Le livre fait 644 pages et c'est de l'or.

Je cite... et je vous laisse médité la dessus.

"Lorsqu'une espèce est semée de petites quantité, entre 0.04 et 0.15 kg/ha (maîs, tournesol, colza, sorgho), un quintal de semences d'une "variété hybride" apportant un gain de rendement à l'agriculteur de 1 quintal/ha, génèreun supplément de production qui va de 20 quintaux/ha à 6 quintaux/ha. Ce supplément de production représente la valeur brute pour l'agriculteur d'un quintal de semence. Lorsque l'espèce est semée en grande quantité, de 0.5 à 2 quintaux/ha (soja, blé, orge), l'achat d'un quintal de semences apportant un même gain de rendement de 1 quintal/ha vaut pour l'agriculteur entre 2 quintaux et 0.5 quintal. Dans les deux cas, il faut déduire le supplément de coût de productiondes semences "hybrides" pour avoir le gain net qu'elles apportent. De plus, ce gain net doit être partagé entre l'agriculteur et le semencier. On voit ainsi que la variable déterminante du succès d'un programme d'hybridation est la quantité de semences semée par hectare, c'est à dirre le taux de multiplication de l'espèce. Et bien entendu, la technique a marché dans le premier cas qu'il s'agisse d'espèce autogames ou allogames, et a échoué dans le second en dépit de décennies d'efforts ! Il n'est pas question d'hétérosis dans toute cette affaire.

"Le semencier sélectionneur réalise ainsi son objectif : séparer la production qui peut restrer entre les mains de l'agriculteur de la reproduction qui devient son monopole. L'agriculteur doit alors racheter chaque année les semences des clones hétérozygotes qu'il cultive. Les "variétés hybrides", c'est déjà Terminator, mais Terminator mystifié en méthode d'amélioration. Terminator c'est cette technique de transgénèse brevetée en 1998 par la recherche d'Etat étas-unienne en partenariat avec une firme privée pour faire des plantes dont la descendence est stérile. C'est les plus grand triomphe technique de la biologie appliquée depuis 150 ans., date où apparaissent les premiers sélectionneurs professionnels de plantes..."

"Le rendement naturel n'a jamais pu être égalé."

echazare
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Message par echazare » 08 mai 2006, 16:51

J'y comprend rien, mais j'ai retenu la derniere phrase, le rendement naturel est le meilleur, cela veut il dire que les OGM sont moins bon ?

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Message par irinet » 08 mai 2006, 20:25

Je pense qu'il est question de la manipulation des plantes pour éviter que chaque agriculteur puisse resemer ce qu'il a cultivé. Il est alors obligé d'acheter ses graines au semencier.

Mais apparamment la manipulation rend ce type d'agriculture moins efficace.

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Message par Huile de Roche » 08 mai 2006, 20:39

avec des graines non modifiées vous pouvez reproduire de nouvelles graines et donc cultiver "sans coût semence". Contrairement aux hybrides que vous êtes obligés de racheter chaque année.

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Message par mahiahi » 08 mai 2006, 20:49

Précision :

selon les hybrides, on n'est pas toujours obligé de racheter des semences, simplement l'hybride F2 (hybride d'hybride) subit une redistribution des allèles et souvent une baisse des "performances"

exemple : on croise une variété de pommier aux gros fruits, mais peu sucrés avec une variété à la chair sucrée mais donnant de petits fruits ; on suppose qu'on obtient 100% de plants aux gros fruits sucrés. A la génération suivante, d'après les lois de Mendel, on aura 25% de petits fruits fades, 25% de gros fruits sucrés, 25% de gros fruits fades et 25% de petits fruits sucrés...

Pour les hybrides stériles, c'est comme pour un vendeur de mulets : il faut avoir sous la main les 2 lignées parentales pour les hybrider chaque année, ce qui a un coût (auquel les agriculteurs peuvent préférer l'achat annuel de semences hybrides)
C'est quand tout semble perdu qu'il ne faut douter de rien
Dieu se rit des hommes déplorant les effets dont ils chérissent les causes
Défiez-vous des cosmopolites allant chercher loin dans leurs livres des devoirs qu'ils dédaignent remplir autour d'eux

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Message par Huile de Roche » 08 mai 2006, 20:51

le drame est que dans les pays pauvres là ou les multinationnales telles que Monsanto s'implantent, les paysans se voient obligés d'acheter ce qu'ils avaient gratuitement... je vous laisse deviner la suite.. famine... malnutrition... car ces achats d'hybrides impliquent de plus l'achat de produits agro chimique (engrais...pesticides...)

Un simple exemple, avant le paysan cultivait plusieurs varitétés de maïs et n'avait pas besoin de pesticides, car si un parasite s'attaquait à une variété les autres n'étaient pas concernées... il sauvait sa récolte...
or la politique de l'hybride tend vers une variété unique soit disant améliorée, plus performante "arguments de marqueteux HEC"... force l'utilisation de pesticides... pour lutter contre les parasites... sur le long terme les parasites s'habituent aux pesticides... et il faut donc traiter avec d'autres produits plus agressifs... à la longue le sol s'appauvrit et est empoisonné, il devient presque incultivable... seuls les engrais parviennent à maintenir une productivité acceptable...

Je cite

"page 23 du livre"

Plusieurs études ont indiqué que la valeur de la nouriture issue de l'agriculture conventionnelle a décliné drastiquement depuis l'introduction et l'utilisation des agro-toxiques.

Voici, par exemple, uun tableau démontrant cette tendance pour quelques légumes ente 1914 et 1992. Les relevés sont pour 100 grammes et les résultats sont en milligrammes.

Chou
calcium
année 1914 - 248mg
année 1948 - 38.75mg
année 1992 - 47mg

Magnésium
année 1914 - 66mg
année 1948 - 29.6mg
année 1992 - 15mg

Fer
année 1914 - 1.5mg
année 1948 - 5.7mg
année 1992 - 0.59mg


Laitue
calcium
année 1914 - 265.5mg
année 1948 - 38.5mg
année 1992 - 19mg

Magnésium
année 1914 - 112mg
année 1948 - 31.2mg
année 1992 - 9mg

Fer
année 1914 - 94mg
année 1948 - 26.25mg
année 1992 - 10.5mg

Epinard
calcium
année 1914 - 227.3mg
année 1948 - 71.75mg
année 1992 - 99mg

Magnésium
année 1914 - 122mg
année 1948 - 125.4mg
année 1992 - 79mg

Fer
année 1914 - 64mg
année 1948 - 80.15mg
année 1992 - 2.7mg
Dernière modification par Huile de Roche le 08 mai 2006, 21:08, modifié 1 fois.

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Message par mahiahi » 08 mai 2006, 20:59

Oui, sauf que l'obligation c'est surtout l'appat du gain : la nouvelle variété donne plus quand tout va bien, donc tout le monde se jette dessus, puis le mécanisme de la dépendance s'installe ; pour l'appauvrissement du sol, ce n'est pas la monoculture qui le cause, mais l'exploitation de plus en plus intensive couplée à l'emploi de pesticides non sélectifs qui tuent la faune du sol.
C'est quand tout semble perdu qu'il ne faut douter de rien
Dieu se rit des hommes déplorant les effets dont ils chérissent les causes
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Message par Huile de Roche » 08 mai 2006, 21:16

Tout à fait

C'est pourquoi Kokopelli élabore des méthodes de culture biointensive qui dépassent de loin l'agro chimique, cela demande juste un peu plus de travail mais vite récompensé.

Je cite - http://www.kokopelli.asso.fr/actu/new_n ... id_news=12

"Voici ce qui est magnifique avec la micro-agriculture durable et Biointensive : en réinsufflant la vie dans le sol, nous avons été capables d’élaborer l’équivalent de 500 ans de sol en l’espace de huit années et demies, quant à sa structure de carbone humifère, selon une Maîtrise tenue à l’Université de Californie à Berkeley, dans la section des sciences des sols. En nous focalisant sur la création d’un sol riche, nous avons développé la capacité de générer des productivités très élevées (de type Révolution Verte) avec une fraction seulement des intrants. Ce type d’agriculture peut générer de deux à six fois plus de productivité, par unité de terre, que l’agriculture commerciale tout en consommant de 67 à 88 % moins d’eau par kilo de nourriture produite que l’agriculture conventionnelle. Cela veut dire concrètement que la micro-agriculture durable et Biointensive utilise de 6 à 8 fois moins d’eau que l’agriculture conventionnelle. Récemment, la Californie a subi une sécheresse de sept ans. Si l’on avait eu recours à ce type d’agriculture depuis déjà un certain nombre d’années, il n’y aurait pas eu du tout de sécheresse car une “année normale d’eau” aurait duré de 6 à 8 années. "

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Message par Agecanonichou » 09 mai 2006, 11:44

A noter que les vrais agriculteurs bio travaillent avec le moins d'entrants possibles : tout est produit sur la ferme.

J'ai rencontré un agriculteur qui élève des boeufs en bio après avoir été longtemps en conventionnel et avoir été complétement asphixié par le Crédit Agricole. A part quelques engrais issus d'algues séchées, il n'achète strictement rien ... et s'en sort très bien.

Concernant la commercialisation, j'ai l'exemple de très bons copains qui font du pain (à partir du blé de la ferme). Ils vendent leur pain, mais aussi les légumes d'autres producteurs, de la viande d'un autre, des confitures d'un troisème et ainsi de suite, sans faire de marge. Les autres producteurs font de même en vendant leur pain. Personne n'a vraiment fait les comptes mais ils sont tous contents !

C'est un système qui marche bien et qui satisfait tout le monde...

PS : Marrant de voir comment un sujet dérive. On part sur le coût de la bio et on parle plus de semences que d'autres choses... Mais c'est toujours aussi passionnant !

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Message par Huile de Roche » 10 mai 2006, 11:36

J vais donc recentrer le sujet sur le coût du bio

Je cite page 25 du livre de Kokopelli.

"Réflexions sur la productivité

Des études ont démontré que les systèmes d'agriculture traditionnelle sont de loin les plus productifs et efficaces que l'agriculture moderne chimique lorsque toutes les récoltes et tous les intrants agricoles sont convertis en unités d'énergie et lorsque le ration est analysé. C'est une conclusion partagée par toute les études qui ont été consacrées à la détermination des niveaux d'énergie en comparant les différents systèmes agricoles, quelle que soit la nature de leurs diverses approches.

Il a été prétendu que les rendements augmentaient de 200 à 300% grâce aux techniques d'agriculture moderne. Par contre, qu eles intrants aient augmenté, de façon concomitante, de 1000% et plus, est rarement évoqué.

Avec les pratiques modernes, pour accroitre les récoltes de riz d'un niveau de 8%, il est nécessaire d'appliquer un accroissement en intrant de 43%. Dans le cas du blé, un accroissement de rendement de 6% nécessite un accroissement d'intrants de 266% (Pretty. 1995:62).

Dans la méthode bio-intensive promue par John Jeavons, "la consommation en énergie, exprimée en kilocalories d'inrant, est le centième (1%) de celle utilisée par l'agriculture productiviste" (Jeavons. 1979).


Dans un système de polyculture, 5 unités d'intrants sont utilisés pour produire 100 unités de nourriture, ce qui représente un ratio de productivité de 20. Dans la monoculture industrielle, 300 unités d'intrants sont nécessaires pour produire 100 unités de nourriture, ce qui représente un ratio de productivité de 0.33. (Vandana Shiva. 1996:17). Un système de polyculture est donc 60 fois plus producti qu'un monoculture à "haut rendement"

La facture cachée

L'échec total de l'agriculture chimique d'être à la hauteur de ses ambitions de haute productivité et de récoltes surabondantes est couronnée par le problème de son effet dévastateur sur l'environnement.

L'agriculture chimique, qui dépend si lourdement des énergies fossiles, produit, comme le fait remarquer Fukuoka, des récoltes cultivées à partir de pétrole plutôt que de sol. Une agriculture réellement écologique, par contre, est fondée sur l'utilisation des hydrates de carbone (matière organique) plutôt que sur l'utilisation des hydro-carbures. (pétrole).

Ce recours massif au pétrole, durant toutes les phases, (production de fertilisants, transport, irrigation, culture et récolte mécanisées) avec tous les problèmes affèrents de réserves limitées et de fluctuations des cours, a généré la croyance que ce pourrait être le talon d'Achille de l'agricture chimique. En fait, les points faibles surabondent." etc... etc...

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GillesH38
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Message par GillesH38 » 10 mai 2006, 14:51

Vu comme ça, on se demande bien pourquoi on est passé à l'agriculture industrielle !

la réponse est selon moi fondamentale à comprendre : ce qui coûte réellement, ce n'est pas l'énergie, ni la matière première, c'est le travail humain.

EN payant n'importe quel produit, et le pétrole comme un autre, vous payez en fait l'ensemble des acteurs humains qui ont participé à son élaboration.

L'agriculture industrielle n'est PAS économe en énergie, c'est sûr, elle est économe en travail humain, parce que le pétrole est uné énergie fantastiquement peu chère à produire. Il est beaucoup plus économe d'utiliser 1kJ de pétrole qui aura nécessité 0,01kJ de travail humain à extraire que de faire produire ce 1 kJ par un homme : c'est pour ça que les énergies fossiles ont rendu l'esclavage inutile : il avait le pire défaut pour un capitaliste , il était devenu économiquement inintéressant. D'où également la chute de la population paysanne à quelques % de la population.

Ainsi, l'agriculture bio est plus chère parce qu'elle remplace une partie du travail dévolu aux intrants, peu chers, par du travail humain. Et encore une petite partie parce qu'elle reste une agriculture mécanisée !
Zan, zendegi, azadi. Il parait que " je propage la haine du Hamas".

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Message par Huile de Roche » 10 mai 2006, 17:24

ajouter à cela

"Ce type d’agriculture (bio-intensive) peut générer de deux à six fois plus de productivité, par unité de terre, que l’agriculture commerciale tout en consommant de 67 à 88 % moins d’eau par kilo de nourriture produite que l’agriculture conventionnelle."

Dans ce cas particulier le coût humain est amorti par la productivité, qui nous a été longtemps rabachée à coût de marketting forcé comme inférieure à celle de l'agro-chimie... ce qui est un énorme mensonge, longuement répété pour le bien-être des multinationales.

L'agriculture bio-intensive est la solution

A savoir que le bio d'aujourd'hui n'est pas encore produit à l'aide de la méthode bio-intensive...

Kokopelli saura mieux vous répondre que moi à ce sujet ...

http://www.kokopelli.asso.fr/

Association Kokopelli en France
Oasis. 131 impasse des Palmiers
30100 Alès

Tél : 04 66 30 64 91 ou 04 66 30 00 55
Fax : 04 66 30 61 21

Pour les commandes : kokopelli.semences@wanadoo.fr
Pour contacter Dominique : dominique@kokopelli.asso.fr

Kokopelli En Belgique
Terre potagère - Semences de Kokopelli
Isabelle et Roland Devaux
rue Fontena, 1 B-5374 Maffe(Havelange)
Email : kokopelli.be@kokopelli.asso.fr
Tél/Fax : 086.323172

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Message par Huile de Roche » 17 mai 2006, 22:59

Voilà tout y est

et ce n'est pas moi qui le dit c'est un directeur de recherche à l'INRA


"Lettre ouverte aux agriculteurs progressistes qui s’ apprêtent à semer du maïs transgénique, par Jean-Pierre Berlan.

http://www.kokopelli.asso.fr/actu/new_n ... id_news=71

Les semences conventionnelles de “variétés hybrides” de maïs coûtent environ 150 euros/ha. Les semences transgéniques coûtent sans doute plus cher à moins que, comme Innovateur chargé d’ouvrir la voie au Progrès, vous ne bénéficiiez de conditions spéciales qui, de toute façon, ne dureront pas. Bref, le coût des semences à l’hectare représente l’équivalent de 15 à 18 voire même dans certains cas, 20 quintaux de production. Vous semez environ 15 kilogramme à l’hectare. Un quintal de semences “hybrides” de maïs coûte plus de 1.000 euros, alors que le quintal de maïs grain tourne autour de 9 euros.

Un quintal de semences de maïs “hybride” vaut donc 100 fois plus cher qu’un quintal de maïs grain. Si vous pouviez semer le grain récolté, vous économiseriez environ 150 euros par hectare. Ce serait autant de bénéfice en plus pour vous. Sur une centaine d’hectares, cela représente 15 000 euros. Je ne crois pas qu’il y ait de désaccord sur ces chiffres.

Évidemment, ce n’est pas de gaîté de coeur que vous dépensez une somme aussi considérable - sans doute votre premier poste de dépenses. Vous renouvelez chaque année vos semences auprès de “semenciers” tels que Monsanto, DuPont (Pionner), Syngenta ou Bayer - tous fabricants d’agrotoxiques - et de « coopératives » comme Limagrain, Euralis et autres. Ces « coopératives » pratiquent en France les mêmes prix exorbitants que leurs concurrents agrotoxiques. En Amérique du Nord, elles pratiquent - comme leurs concurrents - des prix trois fois moins cher, pour les mêmes « variétés » ! Sans doute pour mieux servir vos intérêts dans la concurrence internationale.

Bref, vous renouvelez vos semences chaque année parce que vous n’avez pas le choix. C’est, vous a expliqué le Généticien, à cause de la pingrerie de la Nature : il existe chez le maïs un phénomène, « l’hétérosis », toujours inexpliqué et peut-être même inexplicable, dont les mystères inaccessibles au commun des mortels et donc à vous même, ne peuvent être scrutés que par ce Docte. Améliorer le maïs, vous a-t-on affirmé, exige de mettre en oeuvre ce phénomène mystérieux qui, hélas, vous interdit de semer le grain récolté.

Vous avez donc cru cette fable que pour améliorer un organisme vivant, il faut l’empêcher de se reproduire dans votre champ ! Je vous rassure : tout le monde le croit. J’y ai cru moi-même pendant longtemps. Pour croire, il suffit de renoncer à comprendre par soi-même. Des décennies de propagande scientifique ont imposé cette superstition. Pourtant, les paysans américains de la fin des années 1930 avaient fait preuve de lucidité en surnommant “maïs-mule” ces “variétés hybrides” révolutionnaires, qu’ils ne pouvaient ressemer à la différence des variétés cultivées jusque-là. Mais leurs enfants agriculteurs, passés par les écoles d’agriculture, férus de progrès, éclairés par les lumières de la Génétique, comme sans doute vous-même, ont rejeté comme obscurantiste le bon sens biologique de leurs parents paysans.


Pourtant ! Qui peut-être assez crédule, à part le Généticien et autres scientifiques, enfermés dans leur carcan disciplinaire et coupés de la vie pour croire cette énormité qu’améliorer un être vivant exigerait, en quelque sorte, de le stériliser ? Et Terminator ne révèle-t-il pas avec éclat que cette stérilité est l’objectif de tout sélectionneur/semencier ? Pour créer une nouvelle source de profit, ne faut-il pas séparer ce que la Vie confond, la production réservée à l’agriculteur et la reproduction confiée au semencier agrotoxique ?

Je fais l’hypothèse qu’un agriculteur moderne comme vous cherche à maximiser ses propres bénéfices. Par contre, si ce sont ceux des marchands de semences, d’agrotoxiques ou des coopératives que vous voulez maximiser à vos dépens, ce qui suit ne vous concerne pas.

Trois méthodes peuvent vous permettre de faire vos semences et d’améliorer vos marges.

Une remarque préalable : vous pouvez accepter une baisse de rendement d’au moins quinze quintaux/ha si vous faites vos propres semences. Ces quinze quintaux supplémentaires que vous devez produire pour payer les semences “hybrides” vous coûtent en réalité plus cher en irrigation, en engrais, en agrotoxiques que ce qu’ils vous rapportent. Ils contribuent aussi au mauvais état de santé de vos sols. Mais peu d’agriculteurs se rendent compte du coût de ces quintaux supplémentaires qu’il est économiquement profitable de ne pas les produire.

La première consiste à faire des “hybrides doubles” - ce que les semenciers faisaient il y a une vingtaine d’années. Vous prenez des “hybrides” de même précocité et de firmes différentes. Vous semez dans un champ de “l’hybride A” des rangées des “hybrides” B, C, D. Vous castrez les rangées B, C, D et vous les récoltez séparément. Elles fourniront la semence de l’année suivante. Vous pouvez ainsi déterminer la meilleure combinaison (AxB, AxC, AxD, etc.) pour votre exploitation.

Une deuxième solution est de semer en mélange plusieurs “hybrides” de même précocité et de firmes différentes pour faire une variété dite synthétique. Ensuite, pour faire vos semences, vous sélectionnez chaque année dans la descendance de cette variété des épis moyens, sains, denses, sur des plantes indemnes de maladies et bien enracinées. Cette solution a l’avantage de ne pas demander de castration. La baisse de rendement sera sans doute supérieure à celle consistant à faire des “hybrides doubles”. Mais encore une fois, même si vous perdez 15 quintaux/ha, vous êtes gagnant.

La troisième est tout simplement de trouver des variétés de maïs traditionnelles que vous pourrez ressemer sans craindre de chute de rendement pour peu que vous fassiez un peu de sélection. Il semble qu’il en existe qui ont un rendement excellent mais je ne sais pas si ces variétés sont adaptées à votre région et votre exploitation. Plusieurs groupes de paysans travaillent déjà en France à sélectionner de telles variétés.

Ces essais peuvent ou plutôt devraient être faits avec vos voisins de façon à partager vos expériences. Ce renforcement des liens de voisinage, de coopération, de partage entre agriculteurs est bien nécessaire au moment où la mondialisation menace d’ensevelir ce qui reste du monde rural et où les relations humaines dans les campagnes se dégradent. Savez-vous que Monsanto invite les agriculteurs d’Amérique du Nord à dénoncer, anonymement bien entendu, leurs voisins “pirates” - ceux qu’ils soupçonnent de cultiver des “variétés” transgéniques sans payer la redevance ?

Ne comptez évidemment pas sur les conseillers agricoles ni sur vos coopératives pour vous aider. Ils sont là pour vous vendre des semences et des agrotoxiques, pas pour vous permettre de préserver votre avenir.


Un dernier point : vous avez pu observer que j’ai mis ‘hybride’ et ‘variété hybride’ entre guillemets. Le terme ‘variété’ dit bien ce qu’il veut dire : selon le dictionnaire, “le caractère de ce qui est varié ; contraire de l’uniformité ; diversité”. Or ce que vous cultivez sous le nom de “variété hybride” de maïs est constitué de plantes qui sont toutes les mêmes du point de vue génétique. C’est donc précisément le contraire d’une variété ( !) et le terme qu’il faudrait utiliser est celui de clone. Vous cultivez donc des clones.

Ces clones sont-ils “hybrides” ? L’adjectif “hybride” qualifie-t-il sans ambiguïté la plante de maïs que vous semez ? Non, cette plante est tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Le sélectionneur a simplement extrait des variétés cultivées par les paysans des plantes de maïs, dont il a fait des copies (des clones) lorsqu’il tombait par hasard sur une plante supérieure à la moyenne des plantes de la variété. Elle n’est donc ni plus ni moins “hybride” que n’importe quelle plante de maïs d’une variété.

Le terme “variété hybride” est donc une double tromperie. Il faudrait parler de “clone captif” ou “propriétaire” puisque, comme vous le savez, ces derniers appartiennent au sélectionneur et ne peuvent se reproduire dans le champ du paysan. C’est l’intérêt des “semenciers” d’entretenir la confusion en parlant de “variétés hybrides”. Avec la “vigueur hybride”, “l’hétérosis” et autres falbalas soi-disant scientifiques, ils détournent votre attention de la réalité de ces clones captifs dont ils vous vendent les semences cent fois plus cher que ce qu’elles coûteraient si vous pouviez, comme vos parents, semer le grain récolté.

Et surtout, ne croyez pas une seule seconde que les “hybrides accroissent le rendement” et donc vos bénéfices, comme on vous le répète. Non, les clones captifs accroissent les profits des semenciers à vos dépens. C’est le travail de sélection qui permet d’accroître le rendement. On pouvait améliorer le maïs en continuant à sélectionner des variétés, mais cela n’intéresse pas les semenciers puisque l’agriculteur aurait pu en ressemer le grain.


En réalité, que se passe-t-il ? Si vous faites de la consanguinité chez les mammifères (des organismes à fécondation croisée, qui ont donc un papa et une maman différents), vous savez qu’il se produit une dépression consanguine. Un éleveur qui ferait de la consanguinité dans son troupeau devrait rapidement le mettre à la casse. Eh bien ! Le maïs est comme un mammifère. C’est une plante à fécondation croisée (une plante de maïs a, en général, un papa et une maman différents) et la consanguinité se traduit par une baisse de la vigueur de la plante. Ceci avait été observé et décrit par Darwin dès 1868.

Qu’a fait le sélectionneur au nom de cette théorie fumeuse de l’hétérosis inventée de toute pièce par le Généticien ? Les variétés paysannes cultivées par vos parents étaient constituées de plantes différentes. Ils pouvaient en ressemer le grain sans craindre la consanguinité. Ce que le sélectionneur doit à tout prix empêcher. Il a donc extrait au hasard des clones des variétés paysannes de maïs cultivées par vos parents. Comment ?

Il fait d’abord au hasard 6 générations d’autofécondation pour obtenir des « lignées pures ». Croisées deux à deux, ces lignées pures donnent des plantes de maïs ordinaires dont la caractéristique n’est pas d’être « hybride », mais de pouvoir être copiées (clonées) à volonté puisqu’on en connaît les parents « lignées pures ». Le sélectionneur teste ces clones pour sélectionner le meilleur et remplacer ces variétés. Il vous en vend les semences. Vous semez ces clones dans vos champs. On vous serine les bobards du Généticien sur l’hétérosis. Vous les croyez. Et pour faire bonne mesure, on vous fait admirer l’uniformité de ces clones dans vos champs si « propres » grâce à l’atrazine et autres poisons. C’est beau, ces plantes uniformes, comme militarisées, poussant dans un désert ! Finie, la diversité de la Nature !

Et vous avez été aveuglé au point de ne pas voir la réalité sous vos yeux : au moment de la fécondation, les plantes du clone se fécondent bien les unes les autres, mais comme elles sont génétiquement identiques ou presque, c’est comme si vous faisiez une autofécondation. Vos clones merveilleux d’uniformité sont des machines à autoféconder le maïs, donc à le détruire. Vous ne pouvez plus semer le grain récolté.

En résumé, le Généticien, le semencier et ses techniciens détournent votre attention à coups de “vigueur hybride” et autres « hétérosis » pendant qu’ils mettent en oeuvre dans votre champ, à votre insu et sous vos yeux admiratifs, une autofécondation, c’est-à-dire la forme la plus violente de consanguinité (chez les mammifères, vous ne pouvez pas faire mieux (ou pire) que des croisements père-fille, mère-fils ou frère-soeur). Vous détruisez votre maïs dans votre champ. Et en prime, vous admirez la destruction dont vous êtes victime !

La sélection de variétés de maïs (le « maïs population ») permettrait pourtant d’aussi bons résultats agronomiques sans vous obliger à racheter votre semence chaque année. Quant à la sésamie ou à la pyrale, les bonnes pratiques agricoles (rotations, lutte biologique...) en viennent à bout sans aller chercher des semences de clones transgéniques encore plus chères.

Qu’au nom de ce même Progrès, les fabricants d’agrotoxiques, les « coopératives », l’État, la FNSEA, l’Inra vous poussent dans cette même voie ruineuse avec le maïs et les autres plantes transgéniques ne devrait pas vous étonner. Ces chimères génétiques - les soi disant Ogm - ont cette remarquable caractéristique d’être brevetées, ce qui met légalement fin à la pratique fondatrice de l’agriculture, semer le grain récolté.

Il est vrai que les êtres vivants commettent un crime intolérable, celui de se reproduire et de se multiplier gratuitement dans le champ du paysan. Un crime que notre société punit par la mort. Ce que font Terminator, le brevet, les “hybrides”, les Gurts et autres dispositifs de même type.

Plutôt que le héros du Progrès que vous croyez être, si vous en étiez le dindon ?

Avec mes salutations cordiales,

Jean-Pierre Berlan, Directeur de Recherche Inra.
jpe.berlan@wanadoo.fr... "

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toto
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Message par toto » 18 mai 2006, 03:47

Interessant!
Mais que fait notre ministre de l'agriculture?
Ne peut-il pas intervenir? ou ne veut-il pas.
Un coup de spleen? Oléocène et ça repart! (des fois)

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