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Le redressement productif de la France

Publié : 18 mai 2012, 17:29
par Clarkie
Attention, le nouveau ministre va redresser les entreprises françaises :

http://www.slate.fr/story/56323/arnaud- ... f-bien-mal
Arnaud Montebourg aime le verbe, les phrases qui claquent. «Un pays qui ne produit plus est un pays qui est dans la main de ceux qui produisent», vient de déclarer le nouveau ministre du «redressement productif» à l’agence Reuters. Le troisième homme de la primaire socialiste (17% des voix sur 2 millions de votants) a mis le verbe au service de la «dé-mondialisation», de la «résistance à une économie de patrons voyous» et à une droite qui a «manqué à tous ses devoirs de patriotisme industriel». Il le répète chaque fois qu’il a une tribune:

«La politique est plus forte que l’économie; nous avons encore des frontières.»

En février, le député PS et président du conseil général de Saône-et-Loire avait créé un mouvement destiné à entraîner ses partisans vers la victoire de François Hollande; il l’avait –en toute simplicité– baptisé «Rose Réséda», en référence au poème d’Aragon de 1943 symbolisant le rassemblement des Français face aux difficultés et aux épreuves, en vue de la libération de la France.

Mais depuis le 6 mai, c’est fait: la France est «libérée» de Nicolas Sarkozy. Arnaud Montebourg va pouvoir mettre en musique les «solutions durables» et pleines «d’audace» qu’il a promises pour redresser une industrie nationale en perte de vitesse.

Cela va commencer par une «réorientation de la commande publique vers les PME» comme il l’a annoncé jeudi 17 mai sur France 2. Il l’avait déjà suggéré le 8 mars à Cherbourg en visitant les Constructions mécaniques de Normandie (CMM, 400 salariés); ce chantier naval qui construit des patrouilleurs très armés pour les pays du Golfe persique, est porté à bout de bras par son actionnaire Iskandar Safa, qui l’a récemment sauvé de la faillite.
Message carré et patrons voyous

Plaidant pour un «soutien de l’Etat pour les contrats à venir», Arnaud Montebourg avait ajouté:

«Il ne faut pas qu’il y ait de mise en concurrence au niveau européen. Il faut accompagner l’actionnaire des CMN et ne pas le laisser seul. CMN doit avoir accès aux commandes publiques. C’est ce qui se fait dans d’autres pays en Europe. Pourquoi pas chez nous?»

Avec Arnaud Montebourg, les choses sont simples, les messages carrés et les «méchants» clairement identifiés. Le pays est truffé de patrons «voyous» et «escrocs» qui réalisent des «profits colossaux» et pratiquent des «licenciements boursiers». Son «Tour de France des usines» lui a donné l’occasion de faire le tri, très concrètement, entre les bons et les méchants; il s’était donné l’objectif de rencontrer pour chaque déplacement une entreprise en difficulté et une entreprise qui va bien.

Le schéma été scrupuleusement respecté lors de la première étape du «Tour» le 24 janvier en Ardèche. Et le verdict est tombé. L’entreprise textile Chomarat (qui venait d’annoncer un plan social de 180 salariés sur 380) ne fait que «détruire des vies humaines, alors qu’il n’y a aucune justification économique»; en revanche, le «capitalisme coopératif» de la Scop Ardelaine (35 salariés) qui transforme la laine de mouton en matelas, couettes, oreillers et vêtements, est «exemplaire».

Le registre compassionnel a aussi été exploité à fond. Les ouvrières de Lejaby à Yssingeaux ont pu constater qu’Arnaud Montebourg n’avait pas ménagé sa peine pour jouer son rôle de VRP de François Hollande de «la France qui souffre».

Beaucoup de compassion aussi dans le dossier de la faillite de SeaFrance, l’ex-compagnie de ferries de la SNCF. Arnaud Montebourg a pris la défense des salariés du syndicat majoritaire CFDT qui «défendent leur outil de travail» avec un projet de Scop. Quitte à oublier que la CFDT SeaFrance avait sa part de responsabilité dans le naufrage.

SeaFrance n’est pas un cas isolé. Dans tous les dossiers de faillites et de fermetures qu’il a approchés, Arnaud Montebourg n’a travaillé qu’avec un interlocuteur, le syndicat majoritaire. D’où un certain déséquilibre dans l’information.

A titre d’exemple, si le traumatisme provoqué par la fermeture en 2009 de l’usine Continental de Compiègne (1.150 salariés) est un fait, le traitement de cette fermeture par l’industriel mérite aussi que l’on en parle; les «Conti» ont en effet bénéficié d’un congé de mobilité (80 % du salaire) de deux ans avant d'être licenciés et du soutien d’un cabinet de reclassement dédié.

Chez Goodyear à Amiens (1.350 salariés), c’est le médiatique Mickael Wamen, responsable CGT, qu’il a rencontré à deux reprises. Ce dernier, engagé dans un bras de fer avec la direction depuis 5 ans, est parvenu à faire suspendre un plan social (800 salariés) par la justice. Pendant la primaire socialiste, Arnaud Montebourg a annoncé qu’il voulait faire «un exemple» de cette usine. Objectif: «légiférer sur toutes ces entreprises qui licencient alors qu’elles font des profits». «Nous ne faisons pas des profits mirobolants, lui a rétorqué le directeur de Goodyear France dans le Courrier Picard, avec 3,3 milliards d'euros de pertes depuis dix ans. Arrêtez de nous comparer à de grands groupes financiers. Nous sommes des industriels.»

On aurait pu penser que pour sa deuxième visite chez Goodyear en février 2012, Arnaud Montebourg aurait cherché à se renseigner sur l’économie du pneumatique. Y a-t-il surcapacité de pneus tourisme en Europe ou pas? Faut-il continuer à produire des pneus à faible valeur ajoutée en France?

Quand il a rencontré Xavier Mathieu, le très charismatique leader CGT d’ex-Continental, pendant la primaire socialiste, il ne savait d’ailleurs pas si Continental fabriquait des chaussettes ou des boulons. «Qu’est-ce que vous fabriquiez chez Continental?», a-t-il demandé à Xavier Mathieu devant les grilles de l’usine Goodyear à Amiens. Réponse du syndicaliste amusé:

«Des pneus, comme ici.»

Le manque de travail peut jouer des tours. Pour charger la barque de l’état de notre industrie, Arnaud Montebourg avait annoncé que «la France avait en 20 ans, perdu 2 millions d'emplois industriels» lors du grand oral de la primaire socialiste sur France 2. Faux, lui avait répondu l’Usine nouvelle, calculette à l’appui, faisant remarquer qu’il se permettait «quelques libertés» pour séduire «le peuple de gauche».

Ce sont en réalité 966.000 emplois industriels qui ont été perdus en vingt ans avait calculé ce journal. Déjà pas mal… Depuis, il a rectifié, comme jeudi soir au JT de France 2.

Certains internautes amusés de voir Arnaud Montebourg au «redressement productif» lui conseillent depuis mercredi 16 mai de faire un «stage en entreprise». Disons qu’il pourrait rendre visite à toutes ces PME industrielles qui ne réussissent que parce qu’elles fabriquent des produits à forte valeur ajoutée qu’elles vendent en France et hors de France. Des PME familiales indépendantes —loin du CAC 40 et de Petroplus— dont personne ne parle jamais.

Comme chez Moret Industries à Saint-Quentin, qui vend ses pompes industrielles sur mesure à très forte valeur ajoutée dans le monde entier, y compris en Chine. Des pompes qui vous aspirent une piscine olympique d’acide en moins de cinq minutes! Ou comme chez Hamelin (marques Oxford, Elba, Canson) à Caen, devenu le champion d’Europe du cahier d’écolier en misant avant d’autres sur une technologie performante et le marché européen au lieu de se replier sur les frontières hexagonales.

Le monde économique est plus interdépendant que ne voudrait le faire croire Arnaud Montebourg. Si la Chine —devenue le premier atelier du monde— rime avec délocalisations et produits low cost, elle est aussi un relais de croissance énorme pour les industriels français et européens. Il semble l’ignorer. Par ailleurs, quand bien même l’on voudrait revenir sur cette mondialisation, le pourrait-on?

Montebourg va vite le découvrir: «l’esclavagisme chinois» n’est pas la source de tous nos maux. Les deux tiers du commerce français sont réalisés avec l’Union européenne et c’est en Europe que la France perd des parts de marché. Désormais en responsabilité, sa pratique du bouc-émissaire risque de ne pas être suffisante pour notre «redressement productif». Les beaux poèmes d’Aragon non plus.

Re: Le redressement productif de la France

Publié : 18 mai 2012, 17:55
par Lansing
...
Montebourg va vite le découvrir: «l’esclavagisme chinois» n’est pas la source de tous nos maux. Les deux tiers du commerce français sont réalisés avec l’Union européenne et c’est en Europe que la France perd des parts de marché.
...
Il faudrait que l'auteur de ce texte soit beaucoup plus précis pour être crédible.
Recopier les chiffres qui circulent uniquement pour aller dans le sens d'un article, ça ne vole pas très haut.
Il faut savoir que, tranquillement, sans bruit, les allemands sont devenus la principale porte d'entrée des produits chinois en Europe, et dans beaucoup de domaines.
Et dans tous les domaines ils importent à tour de bras de produits qui détruisent tous les jours des emplois industriels, y compris en Allemagne.
La France perd des parts de marché Europe, heureusement que cette "journaliste" est là on aurait pu louper ça.
Elle peut aussi prendre les pertes de l'ensemble des pays de l'union, on est tous dans le même bain.

Re: Le redressement productif de la France

Publié : 18 mai 2012, 21:22
par supertomate
Comme beaucoup, en apprenant qu'il y avait un ministre du redressement productif, je me suis demandé:
1-ce que cela veut dire
2-qu'est-ce que le redressement improductif?

J'ai émis l'hypothèse suivante: si mon aïro se redresse et qu'il ne met pas de capuchon, il peut être productif; si mon aïro se redresse et qu'il met un capuchon, il est improductif.
J'aurais préféré une ministre.

En tout cas, c'est cool. Si j'ai bien compris, l'Etat va passer des commandes aux gentils entrepreneurs et pas au méchant patron. Si l'Etat veut bien me faire une petite commande de 6000 neuros par an, mon auto-entreprise (merci Sarko) sera comblée.


Supertomate qui jamais ne monte bourrin.

Re: Le redressement productif de la France

Publié : 18 mai 2012, 22:09
par phyvette
Le but de ce ministère c'est d'interdire à PSA de donner à Opel la possibilité d'occuper ses usines Allemandes en produisant la prochaine Citroën C5.

LIEN

Supertomate qu'on ne nommera jamais Superteuton-mate.

Re: Le redressement productif de la France

Publié : 19 mai 2012, 12:11
par energy_isere

Re: Le redressement productif de la France

Publié : 19 mai 2012, 13:05
par Remundo
Juste une remarque : n'est-ce pas pathétique de créer un Ministère du "redressement productif" ?

Serions-nous par hasard dans un affaissement improductif ?...

A méditer, quelles qu'en soient les conclusions.

@+

Re: Le redressement productif de la France

Publié : 19 mai 2012, 21:37
par supertomate
Le but de ce ministère c'est d'interdire à PSA de donner à Opel la possibilité d'occuper ses usines Allemandes en produisant la prochaine Citroën C5.
Novlangue pour "fermons les frontières"?
Supertomate qu'on ne nommera jamais Superteuton-mate.
Peut-être pas mais l'été dans ma région on peut m'appeler super-teutonne-mate.


Supertomate qui te fait une fleur

Re: Le redressement productif de la France

Publié : 20 juin 2012, 20:17
par energy_isere
Image

source : Le Nouvel Observateur de la semaine derniére.

Re: Le redressement productif de la France

Publié : 20 juin 2012, 22:00
par Remundo
heu, j'ai pas très bien compris...

Il veut fabriquer du gasoil avec de l'essence ?

Re: Le redressement productif de la France

Publié : 20 juin 2012, 22:57
par le bienheureux
Sois à ce qu'on te dit:
Il veut transformer les vieilles raffineries qui font trop d'essence pour qu'elles fassent surtout du gasoil(quand on vous disait que les politiques ne comprennent rien à rien #-o )

Re: Le redressement productif de la France

Publié : 21 juin 2012, 08:45
par WizardOfLinn
Colbert, le ministre de Louis XIV, demandait un jour à des patrons ce qu'il pouvait faire pour les aider à s'imposer contre l'industrie anglaise.
Réponse des intéressés, inquiets à l'idée de l'intervention de l'Etat : "surtout ne faites rien"

Re: Le redressement productif de la France

Publié : 21 juin 2012, 19:14
par le bienheureux
Mais à l'époque ,quand on construisait le château de Versailles,on plantait en même temps dans une partie du parc,une forêt de chênes afin de changer les poutres vieillissantes 3 ou 4 siècles plus tard.La vision à long terme,ça avait du bon...............\fin du hors sujet\

Re: Le redressement productif de la France

Publié : 22 juin 2012, 09:14
par Remundo
le bienheureux a écrit :Sois à ce qu'on te dit:
Il veut transformer les vieilles raffineries qui font trop d'essence pour qu'elles fassent surtout du gasoil(quand on vous disait que les politiques ne comprennent rien à rien #-o )
Justement, la distillation simple produit différents produits en quantités peu variables...

Si la verve d'Arnaud dit qu'il faut plus de gasoil, alors il faudra reformer des composé plus légers comme les essences, le naphta, le gaz... Peut-être même en craquer certains, pour reconstituer a posteriori des alcanes à chaînes carbonées imposantes...

Arnaud devrait se renseigner sur les possibilités technicoéconomiques à l'institut français du pétrole avant de raconter des âneries...

Le plus simple serait peut-être de vendre moins moteurs de Diesel...

Re: Le redressement productif de la France

Publié : 22 juin 2012, 09:43
par sceptique
Remundo a écrit :Justement, la distillation simple produit différents produits en quantités peu variables...
Si la verve d'Arnaud dit qu'il faut plus de gasoil, alors il faudra reformer des composé plus légers comme les essences, le naphta, le gaz... Peut-être même en craquer certains, pour reconstituer a posteriori des alcanes à chaînes carbonées imposantes...
Arnaud devrait se renseigner sur les possibilités technicoéconomiques à l'institut français du pétrole avant de raconter des âneries...
Maintenant, en partant d'un pétrole bien lourd (par exemple, les huiles lourdes du Venezuela) avec une raffinerie toute neuve bien adaptée, un gazoduc à proximité (il en faut du méthane pour hydrogéner tout cela) on devrait arriver à sortir plus de gasoil et moins d'essence. Par contre, le prix de raffinage serait très élevé pour amortir tout cela. Et le litre de gasoil perdrait son avantage compétitif. Du coup les gens se rabattraient sur l'essence ... Et notre superbe raffinerie resterait largement sous utilisée ! Encore de l'argent public gaspillé.
Car je vois mal notre cher ministre convaincre un groupe pétrolier d'investir autant avec un espoir faible de rentabiliser son investissement. Par contre les contribuables ne rechignent pas. :?

Globalement je suis donc d'accord pour le bonnet d'âne.

Re: Le redressement productif de la France

Publié : 22 juin 2012, 09:46
par energy_isere
sceptique a écrit : .....
Globalement je suis donc d'accord pour le bonnet d'âne.
Ils ont le bonnet d' ane depuis longtemps autant à l' Industrie qu' à Bercy puisqu'ils n' ont pas réussi à accorder une politique commune par exemple en révisant la fiscalité (TIPP) de l'essence par apport au diesel.