Dans le livre ci dessus de Jacques Généreux, que j' ai maintenant fini de lire, il y a plusieurs fois note de bas de page à propos d un autre Jacques, Jacques Sapir, et plus précisément dans son livre de 2000
"Les trous noirs de la science économique - Essai sur l'impossibilité de penser le temps et l'argent"
résumé:
Pourquoi la science économique, celle que l'on enseigne aujourd'hui à tous les étudiants du monde, de Chicago à Moscou en passant par Paris, celle qui fonde le discours universel des experts, a-t-elle construit un modèle économique qui exclut les questions de l'argent et du temps ? En partant de cet étonnant paradoxe, Jacques Sapir, nous raconte la fabuleuse histoire de la science économique dominante au XXe siècle qui, en fait de science, n'a peut-être construit qu'une gigantesque fable idéologique.
Ce livre, qui se présente comme un essai vivant et polémique, rend aussi le service d'un petit traité de la pensée contemporaine et de méthodologie économique.
ce qu' en disant la revue Alternatives Economiques :
Autant prévenir le lecteur: le livre n'est pas facile, mais il vaut la peine et fera référence. Car, c'est à une critique impitoyable -systématique et serrée- des concepts de la pensée économique dominante et des croyances non fondées des économistes que se livre l'auteur. Croyance dans la théorie de l'équilibre général, au premier chef. Pour que ce mécanisme puisse fonctionner, il faudrait, nous explique-t-il, que douze conditions de base soient remplies: par exemple, que les acheteurs connaissent à l'avance ce qui n'existe pas encore, que la production soit à rendement décroissant, que les ajustements soient instantanés, que les agents se comportent comme des automates, etc. La théorie de l'équilibre général relève dans son essence d'une démarche planificatrice, puisqu'elle suppose une connaissance parfaite de tous les éléments en jeu, ce qui est le rêve du planificateur, qui se croit omniscient: "La main invisible devient le poing d'acier d'un despote." Paradoxalement, Jacques Sapir estime que Hayek -dont il est très loin de partager l'idéologie libérale- est un des rares à avoir compris le processus de dynamique adaptative qu'est en réalité le marché, puisque, pour Hayek, les agents procèdent par essai et erreur, dans un processus interactif. Pour se dédouaner d'une connivence idéologique qui pourrait être gênante, l'auteur suggère que Hayek aurait en quelque sorte effectué une "coupure épistémologique" à la fin des années60, se ralliant alors à une démarche beaucoup plus scientiste. L'hypothèse n'emporte pas vraiment la conviction.
Avec méthode et rigueur, Jacques Sapir démolit, l'un après l'autre, les supports logiques de l'analyse économique dominante (pas uniquement, d'ailleurs, puisque Michel Aglietta et André Orléan sont vivement accusés d'avoir développé une analyse monétaire "essentialiste", quasiment métaphysique), dont il ne reste, après son passage, qu'un champ de ruines. La monnaie? Un instrument qui ne peut fonctionner que grâce à des institutions non monétaires. La concurrence? Une situation qui pousse à l'acquisition d'actifs spécifiques, et ne peut déboucher sur un optimum en situation d'incertitude. La flexibilité? Un concept mou. En réalité, il n'y a pas d'économie sans institutions, normes et règles; ce sont elles, bien plus que les mouvements de prix, la concurrence ou les calculs rationnels des agents, qui expliquent comment fonctionnent les marchés, en bien ou en mal. L'économie a besoin du politique pour fonctionner. C'est plutôt rassurant.
Denis CLERC | Alternatives Economiques n° 186 - novembre 2000
http://www.alternatives-economiques.fr/ ... 14699.html
La je suis en plein la destruction du système de la "théorie de l'équilibre général". Passionnant.
Est ce que Krolik connait les analyses et écrits de Jacques Sapir au sujet de l' économie soviétique ?
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Sapir