Re: L'Or et l'influence du cours du baril sur le cours de l'once
Publié : 24 mars 2019, 10:47
https://www.tradingsat.com/actualites/m ... 54473.htmlMARCHÉ : LE MONDE MANQUERA D'OR BIEN AVANT DE MANQUER DE PÉTROLE
samedi 23 mars 2019 (BFM Bourse)
Les réserves estimées de métal jaune correspondent à... 16 années et demi de production au rythme actuel, contre plus de 50 ans pour le pétrole.
Selon le dernier rapport statistique de British Petroleum, publié en juin dernier, avec 1.696 milliards de barils de réserves (-500 millions par rapport à 2016) pour une production annuelle de 33 milliards de barils, le ratio de réserves rapportées aux volumes de production de pétrole était de 50,2 années en 2017. Autrement dit, au rythme actuel de production et sans nouvelle découvertes, l'huile minérale ne manquera pas avant un demi-siècle.
Mais pour l’or, le niveau est nettement plus préoccupant. En effet, le dernier rapport de l’agence géologique américaine (USGS) estime que les réserves mondiales d’or encore enfouies se situent autour de 54.000 tonnes. Avec un rythme de production de 3.260 tonnes en 2018, le ration des réserves sur la production est de seulement 16,6. Quand les puits de pétrole devraient être épuisés d’ici 2070, les mines d’or pourraient l'être dès 2035.
Aucun nouveau gisement d'ampleur depuis quinze ans
Laurent Schwartz, directeur du Comptoir national de l'or, apporte quelques précisions sur ce rapport de l'USGS. "Il s'agit bien des réserves connues, exception faite de nouveaux gisements" explique-t-il, précisant néanmoins que "cela fait plus de quinze ans qu'on n'a pas découvert de méga-gisement d'or". "Le dernier, en Afrique du Sud [le Witwatersrand, ndlr], représente maintenant près de 40% de l'or extrait dans le monde, avec plus de 50 millions d'onces".
Pourquoi ne fait-on plus de telles découvertes ? Principalement pour deux raisons, selon Laurent Schwartz : "Depuis 2012, le cours de l'or n'a pas vraiment incité les producteurs à investir, ce qui a donné lieu à une décrue massive des investissements dédiés à l'exploration (de 21 milliards de dollars en 2012 à 7 milliards en 2018) qui réduisent les chances de trouver de nouveaux gisements. Et quand bien même ces investissements reprendraient, il faut compter de 5 à 7 ans entre l'identification d'un gisement et l'exploitation du premier gramme d'or".
L'expert explique schématiquement que "s'il suffisait de se baisser pour trouver du précieux métal lors de la ruée vers l'or, il faut maintenant déplacer des montagnes pour trouver des quantités intéressantes". Ce à quoi il faut ajouter les autorisations étatiques, la mise en place de la mine d'or en elle-même, etc.
Quelques petites découvertes ont toutefois été réalisées récemment. "Au Canada, on a trouvé de l'or sous un glacier en Colombie britannique, un gisement d'environ 25 millions d'onces [770 tonnes, soit 1,4% de la production annuelle, NDLR] a priori" rapporte Laurent Schwartz. "En Chine aussi, on a trouvé un gisement qui contiendrait entre 13 et 20 millions d’onces d'or récemment" ajoute-t-il.
Pas d'amélioration des technologies d'extraction, contrairement au pétrole
Selon le spécialiste, la grande limite du marché de l'or jaune par rapport à celui de l'or noir réside dans le fait qu'il n'y a "pas de technique nouvelle pour simplifier ou faciliter l’extraction d'or", contrairement au pétrole pour lequel les États-Unis ont développé la fracturation hydraulique (pour extraire le gaz et le pétrole de schiste). "Là où l'Afrique du Sud produisait 1.000 tonnes par an dans les années 70, ils n'en extraient plus que 200 aujourd'hui, les gisements étant presque épuisés, il faut beaucoup plus de tonnage de roche pour moins de grammage d'or".
L'Afrique du Sud a donc été dépassé par la Chine qui est devenue le premier producteur mondial avec 400 tonnes par an, suivie par l'Australie et les États-Unis avec près de 300 tonnes par an et donc, de l'Afrique du Sud qui était resté le plus gros producteur au monde jusqu'au début des années 2000.
Le spécialiste revient enfin sur la récente ruée vers l'or des banques centrales, qui a "un impact significatif sur l'évolution du cours, les institutions et les ETF pouvant investir massivement sur ces produits".
La part de l'or recyclé équivalent à la part extraite
Toutefois, une variable vient nuancer ce tableau : "Plus le cours s'apprécie, plus le recyclage (bijoux, pièces d'or, etc.) augmente". Le volume issu du recyclage est d'ailleurs à près équivalent aux extractions en termes d’apport sur le marché, avec quelque 2500 tonnes d’or par an, "un chiffre qui va être amené à augmenter à mesure que le cours grimpe" ajoute Laurent Schwartz. "Les acteur économiques qui en possèdent seront alors tentés de le revendre donc le cours restera à la hausse mais potentiellement pas autant que ce que certains peuvent penser".
Quentin Soubranne -