économie russe

Discussions traitant de l'impact du pic pétrolier sur l'économie.

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Re: économie russe

Message par phyvette » 21 févr. 2024, 04:02

La Russie construit des Citroën en toute illégalité

Alors que Stellantis a arrêté la production de ses véhicules en Russie dès avril 2022, des Citroën C5 Aicross seraient construits en ce moment même dans le pays. L'état russe les fabriquerait en totale illégalité !

D’après des sources locales, la société russe Automotive Technologie aurait importé à l’usine Kaluga au moins 42 kits automobiles pour assembler le Citroën C5 Aircross. Ces kits ont été construits en Chine par Dongfeng, un partenaire de Stellantis dans l’Empire du milieu. Ce dernier aurait ainsi fait affaire avec l’administration russe dans le but de l’aider à produire dans le pays des Citroën neuves malgré les sanctions qui ont poussé Stellantis à se retirer de Russie. Du côté de chez Stellantis, on déclare découvrir ces manœuvres et ne plus avoir de contrôler sur l’usine de Kaluga depuis la fin de l’année 2023 !...
https://www.caradisiac.com/la-russie-co ... 207183.htm

Connaissant les Russes, on attendait plutôt des Citroën Dyane.
Image Quand on a un javelin dans la main, tous les problèmes ressemblent à un T-72.

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Re: économie russe

Message par energy_isere » 23 févr. 2024, 08:38

"Capitalisme de guerre": deux ans après, l'économie russe dopée aux dépenses militaires

BFM 23 fev 2024

Nous allons provoquer l'effondrement de l'économie russe". Au lendemain de l'invasion de l'Ukraine, Bruno Le Maire promettait une réponse occidentale sans précédent contre Moscou, avec des sanctions massives qui mettraient à genoux son économie. Gel des réserves de la banque centrale, restrictions aux exportations et aux importations... Les mesures prises par les alliées de Kiev à l'encontre de la Russie sont allées crescendo au fil des mois, de l'Union européenne aux États-Unis, en passant par le Japon ou l'Australie.

Mais deux ans plus tard, force est de constater que l'économie russe ne s'est pas effondrée. Si les sanctions occidentales n'ont pas été sans effet, le Kremlin a su prendre des mesures drastiques pour en limiter la portée. Dès février 2022, la banque centrale russe (BCR) volait au secours du rouble en augmentant de plus de dix points son taux directeur, tandis que le gouvernement interdisait quelques semaines plus tard aux étrangers de vendre leurs participations dans des projets financiers et énergétiques établis sur territoire. Les exportateurs russes se sont quant à eux vus contraints de convertir 80% de leurs revenus en roubles.

Insuffisant pour éviter la récession. La première année de guerre s'est traduite par une chute du PIB russe de 2,1%. Un recul toutefois limité alors que le FMI prévoyait initialement une dégringolade de 8,5%. Surtout, l'économie russe est parvenue à se redresser en affichant une croissance de de 3% en 2023, selon Rosstat. Le FMI a lui-même revu en forte hausse sa prévision de croissance russe pour 2024, à 2,6%, contre 1,1% auparavant.

"Il est clair que l'économie russe se porte mieux que ce à quoi nous nous attendions", a reconnu auprès du Financial Times Pierre-Olivier Gourinchas, chef économiste de l'organisation de Washington.

Contournement des sanctions

Pour Sylvain Bersinger, chef économiste chez Asterès, "il y a eu une capacité probablement plus grande qu'attendu à contourner les sanctions occidentales". L'économiste rappelle notamment que la Russie a continué malgré les restrictions de commercer avec les pays occidentaux en passant par des pays tiers, en particulier pour importer des biens dont elle avait besoin comme les composants électroniques.

Ses exportations d'hydrocarbures ont également résisté. D'un côté, grâce à la flambée des prix du gaz qui a en partie compensé la baisse des exportations en volume. De l'autre, grâce à l'accroissement des échanges de pétrole avec des pays comme la Chine, l'Inde ou la Turquie pour contrebalancer la chute de la demande européenne. Résultat: "en août 2023, les recettes pétrolières regagnaient presque leurs niveaux de 2022", souligne dans un récent rapport Vladislav Inozemtsev, économiste russe en exil fondateur du Centre de recherches sur la société postindustrielle.

D'après lui, "les sanctions financières elles-mêmes n'ont eu qu'un impact limité sur l'économie russe" alors que "le montant des actifs gelés de la Banque centrale (...) était comparable à l'excédent commercial de la Russie pour 2022 (300 milliards de dollars)"., Si bien qu'au final, l'économie russe "a survécu, dès lors que la tentative visant à la dissocier des marchés internationaux a échoué", car "fondée sur l'hypothèse irréaliste selon laquelle quelques puissances seulement pourraient imposer des sanctions universelles à une grande économie".

Inflation et désindustrialisation

Si elle a évité le scénario du pire, l'économie russe n'est pas pour autant sortie indemne des derniers mois. D'après Asterès, le PIB du pays en 2025 serait 3,8% inférieur à ce qu'il serait si la guerre n'avait pas eu lieu. Surtout, la Russie fait face à une inflation persistante (7,4% en janvier) qui risque de pénaliser durablement les consommateurs et les entreprises.

Affaiblissement du rouble, pénuries de main-d’œuvre provoquées par l'émigration massive après l'annonce de la mobilisation, difficultés d'approvisionnement dans certains magasins en raison des sanctions occidentales... Autant de facteurs qui ont tiré les prix vers le haut. Il y a quelques jours, la banque centrale a annoncé maintenir son taux directeur à 16% pour tenter de faire ralentir l'inflation qu'elle peine pour l'heure à juguler. Vladimir Poutine a lui-même demandé au gouvernement d'accorder "une attention particulière" à "la maîtrise" de l'inflation alors que les ménages russes voient leur pouvoir d'achat s'éroder au fil des mois.

Malgré les efforts déployés, la BCR a prévenu qu'"à moyen terme, les risques d'inflation restent orientés à la hausse", ce qui la contraint à "maintenir des conditions monétaires restrictives (...) pendant une longue période".

Au-delà de l'inflation, l'économie russe montre d'autres signes d'affaiblissement: "Des pans entiers de l'industrie russe se sont contractés", relève Sylvain Bersinger. L'économie russe "montre des signes manifestes de désindustrialisation, alors même que l'effondrement de presque tous les projets de 'substitution aux importations' apparaît évident", abonde Vladislav Inozemtsev, estimant que "la Chine devient la source unique pour approvisionner le pays en éléments de haute technologie ou pour redynamiser ses infrastructures industrielles".

Une économie dopée aux dépenses militaires

La Russie semble en effet avoir basculé vers un nouveau modèle économique que Vladislav Inozemtsev qualifie de "capitalisme de guerre". Il se caractérise par la dédollarisation du commerce extérieur, des subventions à certains secteurs, l'orientation des relations économiques vers la Chine, mais surtout par une hausse considérable des dépenses d'armement -au détriment de la production et des dépenses publiques d'autres secteurs (automobile, recherche scientifique, éducation...).

Cette forte augmentation des dépenses militaires explique en grande partie la robustesse de la croissance russe et entretient l'inflation. D'après Asterès, le budget militaire du pays devrait avoir triplé entre 2021 et 2024, ce qui représente "une stimulation budgétaire de l'économie russe d'environ 4% du PIB" et conduit à une "surchauffe" de l'économie russe, selon Sylvain Bersinger, alors que la Douma a voté une hausse des dépenses militaires de 70% cette année. "La croissance russe, dopée à la dépense publique, chuterait probablement si les dépenses militaires venaient à être réduites", estime-t-il encore.

L'économiste affirme que cette situation "n'est pas très saine". Si la résilience de l'économie russe repose désormais essentiellement sur dépense publique militaire, cela ne peut être tenable qu'à court terme "mais pas sur la durée". Sur la même ligne, Vladislav Inozemtsev assure, lui, que l'économie russe n'a "aucune chance" dans ces conditions "de se développer dans les années à venir". "La question la plus importante est ici de savoir quand et comment cette tendance deviendra assez visible pour l'opinion publique".

Mi-février, la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, avait tenu des propos similaires. En dépit de dépenses militaires élevées qui boostent la production industrielle, la cheffe de l'institution de Washington s'attend à voir l'économie russe connaître des temps difficiles en raison de "l'exode" déclenché par la guerre et le "manque d'accès à la technologie" qui mettront l'activité sous pression. Pour elle, l'économie de la Russie ressemble désormais à celle de l'Union soviétique, avec "un niveau élevé de production" portée par les dépenses militaires "et un faible niveau de consommation".
https://www.msn.com/fr-fr/finance/econo ... 980&ei=162

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Re: économie russe

Message par energy_isere » 24 févr. 2024, 10:27

La "flotte fantôme", moyen privilégié de la Russie pour contourner les sanctions sur son pétrole

AFP le 23 févr. 2024

Deux ans après l'invasion de l'Ukraine par la Russie et face à la cascade de sanctions occidentales contre Moscou, notamment sur ses exportations de pétrole brut par bateau, le pays a mis en place une "flotte fantôme", son moyen privilégié pour les contourner.

Vendredi, les Etats-Unis ont inscrit sur liste noire 14 pétroliers utilisés par la Russie afin de faire respecter le plafond imposé par l'Occident du prix du pétrole brut vendu par Moscou, à la veille du deuxième anniversaire de l'invasion de l'Ukraine.

Les sanctions annoncées dans un communiqué du Trésor américain visent la compagnie maritime nationale russe Sovcomflot, lui donnant 45 jours pour décharger le pétrole ou autres cargaisons des 14 navires.

Une "flotte fantôme" désigne des navires commerciaux qui ne sont pas détenus par les pays du G7 ou de l'UE, ou qui n'utilisent pas d'assurance P&I (une assurance spécifique au transport maritime qui indemnise de façon illimitée les dommages au tiers), selon la définition de la Kyiv School of Economics (KSE).

La réelle propriété des navires est souvent difficile à déterminer, en raison d'assemblages de sociétés à l'origine floue et d'intermédiaires compliquant la tâche.

Embargo pétrolier, plafonnement du prix du brut russe, interdiction de fournir les services permettant le transport maritime de pétrole... de nombreuses sanctions contre Moscou s'attaquent à la manne des exportations de pétrole, vitale pour la Russie notamment pour financer sa guerre en Ukraine.

Pour les contourner, Moscou a dû réduire sa dépendance à l'égard des services maritimes occidentaux en rachetant des tankers auxquels elle offre ses propres services d'assurance.

"Le programme russe d'évasion des sanctions à l'échelle industrielle devient de plus en plus compliqué et sophistiqué, grâce à une +flotte obscure+ en constante expansion", alertait le service d'information maritime Lloyd's List Intelligence dans un article de décembre.

Dans son rapport "Russian Oil Tracker" de janvier, l'institut économique ukrainien KSE basé à Kiev indique que "196 pétroliers" chargés d'or noir "ont quitté les ports russes en décembre 2023".

"Les compagnies maritimes basées aux Émirats arabes unis constituent le coeur de la flotte fantôme russe", affirme l'institut KSE, avec cinq nouvelles sociétés de transport "dont l'organisation et la structure de propriété ne sont pas transparentes" qui ont commencé à transporter du brut russe depuis novembre 2023 sans assurance P&I.

Ce type d'assurance en principe indispensable aux navires couvre des risques allant des guerres aux dommages environnementaux pour des montants qui peuvent être colossaux.

"Les trois premiers pavillons des navires de la flotte fantôme russe (...) sont le Panama, le Liberia et le Gabon", note par ailleurs l'institut.

En plus de permettre à la Russie d'échapper aux sanctions occidentales, cette flotte représente un danger environnemental conséquent.

L'institut KSE avance que 73% des pétroliers fantômes qui ont transporté du brut depuis la Russie en décembre ont été construits il y a plus de 15 ans.

Ces navires vieillissants, souvent sans assurance, n'ont pas fait l'objet d'un entretien de qualité ou n'ont pas été inspectés récemment, affirme Lloyd's List Intelligence, présentant ainsi des risques environnementaux importants.

Elisabeth Braw, chercheuse à l'American Enterprise Institute, évoque même "un désastre imminent" dans une tribune pour le site Politico, notant l'augmentation d'accidents impliquant cette flotte noire du fait de la vétusté des navires, mais aussi parce que, pour échapper aux radars, "ils éteignent souvent leur système d'identification automatique (AIS)", un signal GPS que les navires commerciaux sont tenus d'utiliser.
https://www.connaissancedesenergies.org ... ole-240223

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Re: économie russe

Message par energy_isere » 05 avr. 2024, 23:29

Russie: l'État vole au secours du groupe minier Alrosa en difficulté

RFI le : 04/04/2024

C'est le plus gros producteur de diamants en Russie, et l'un des leaders du marché mondial. Alrosa semble en difficulté. L'entreprise, frappée par des sanctions européennes depuis le début de l'année, a conclu un accord avec l'État : Moscou rachète une partie de sa production pour maintenir le groupe à flots.

Tout est parti d'une fuite révélée la semaine dernière par Interfax, une agence de presse russe. Selon plusieurs sources proches du dossier, un accord a été trouvé entre Alrosa et l'État russe pour un rachat d'une partie de la production du groupe minier. C'est finalement le vice-ministre des Finances, Alexeï Moiseev, qui a confirmé l'information dans un communiqué. « L'État russe achètera régulièrement des diamants à Alrosa », a-t-il déclaré, sans préciser ni les quantités ni le montant de la transaction.

Une annonce qui sonne comme un revirement, puisque le ministre lui-même avait annoncé en janvier dernier qu'il « ne s'attendait pas » à devoir mettre en place une telle opération.

Le signe que les sanctions fonctionnent ?

Alors concrètement, comment cela se déroule-t-il ? Les diamants sont achetés par Gokhran, un dépositaire public de pierres précieuses. Le tout avec les fonds de l'État, qui revendra la marchandise plus tard, lorsque le marché sera plus propice. C'est un processus assez courant en Russie. Déjà, lors de la crise de 2008, Moscou avait acheté pour 1 milliard de dollars de diamants à Alrosa, pour maintenir l'entreprise à flots.

Mais cette fois-ci, l'opération interroge : serait-ce le signe que les sanctions contre les diamants russes commencent à fonctionner ? Les États-Unis en 2022, puis l'Union européenne, en début d'année, ont interdit l'importation des pierres d'Alrosa. « On pourrait l'analyser ainsi », confie un industriel du secteur. « Cela permettrait à Alrosa d'avoir suffisamment de cash pour voir venir », explique-t-il.

Mais ce n'est pas la seule explication : le marché du diamant n'est pas porteur en ce moment. Les consommateurs américains et chinois ne sont pas au rendez-vous. Les ventes de De Beers, l'autre géant du secteur, sont en berne. « Cela pourrait expliquer le rachat de la production d'Alrosa », poursuit notre expert, qui ajoute qu'il est « encore trop tôt pour tirer les conséquences des sanctions contre les diamants russes ».
https://www.rfi.fr/fr/podcasts/chroniqu ... cult%C3%A9

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Re: économie russe

Message par energy_isere » 23 avr. 2024, 20:12

La Russie prévoit une croissance du PIB de 2,8% en 2024
Le ministère russe de l'Economie a revu mardi à la hausse sa prévision de croissance du produit intérieur brut (PIB) pour 2024, de 2,3% à 2,8%, tout en envisageant un affaiblissement du rouble et une diminution de l'excédent des comptes courants dans les années à venir.

REUTERS 23 avril 2024

Le rebond économique de la Russie après un effondrement en 2022 repose largement sur la production d'armes et de munitions financée par l'État, alors que Moscou poursuit sa guerre en Ukraine, masquant ainsi des problèmes qui entravent l'amélioration du niveau de vie des Russes.

Le Fonds monétaire international a relevé ce mois-ci sa prévision de croissance du PIB de la Russie pour 2024 à 3,2%, contre 2,6% en janvier, soulignant l'importance des dépenses publiques et des investissements liés à la guerre, ainsi que des recettes d'exportation de pétrole élevées malgré les sanctions occidentales.

Le ministre de l'Economie, Maxim Rechetnikov, qui s'exprimait lors d'une réunion du gouvernement, a déclaré que le principal facteur de la croissance économique était la demande intérieure en matière de consommation et d'investissement.

Le ministère de l'Economie prévoit une croissance du PIB d'environ 2,3% en 2025-2026, tandis que le rouble devrait connaître une baisse régulière pour s'échanger en moyenne à 101,2 roubles pour un dollar en 2026, contre environ 93 actuellement.
https://www.usinenouvelle.com/article/l ... 4.N2211986

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Re: économie russe

Message par energy_isere » 07 mai 2024, 09:55

Ukraine : la Russie envoie ses travailleurs au front... et manque de bras pour le pétrole et le gaz

Article de Marie Lombard 7 mai 2024

Pour alimenter son effort de guerre, la Russie affecte sa force de travail au front. Une situation qui dépeuple le secteur des énergies fossiles, pourtant indispensable à l'économie de la Fédération.

Les chiffres s’égrainent, impitoyables. Depuis le début du conflit en Ukraine, quelque 150 000 soldats russes ont été tués, selon les dernières estimations communiquées par le ministre français des Affaires étrangères dans l'édition européenne du journal russe indépendant Novaya Gazeta, vendredi 3 mai. De son côté, Volodymyr Zelensky avançait en février le nombre de 180 000 Russes morts dans les combats.

Dans sa quête de nouveaux territoires dans l’Est de l’Ukraine, Russie dépense les soldats sans compter, et s’appuie sur ses conscrits pour combler les trous. Ce printemps, quelque 147 000 jeunes hommes âgés de 18 à 30 ans doivent rejoindre l’armée. Ils seront poussés à contractualiser par d’alléchantes propositions financières : dans un pays où 11% de la population vivait en 2021 sous le seuil de pauvreté selon Statista, la prime d’engagement forfaitaire nationale de 195 000 attire un public en difficulté financière.

L'armée ou le pétrole

Toutefois les campagnes de recrutements poussives de Moscou blessent, par ricochet, son économie largement tournée vers les énergies fossiles. Selon les analyses de Bloomberg, les entreprises énergétiques, qui offrent traditionnellement des salaires plus élevés que les autres branches de l’industrie, font face à des difficultés de recrutement, se retrouvant en concurrence avec l'armée russe et les fabricants d'armes pour recruter des travailleurs.

Ainsi le secteur pétrolier et gazier russe manque d'environ 40 000 employés cette année, selon les estimations de Kasatkin Consulting, basé à Moscou. Les offres d’emploi en ligne dans le secteur ont augmenté de 24 % par rapport à 2023, explique Bloomberg, qui a recoupé les données de la principale plateforme de recrutement russe hh.ru.

"La concurrence avec les salaires des forces armées et du complexe militaro-industriel a certainement eu un impact sur la disponibilité de la main-d'œuvre pour l'industrie pétrolière et gazière russe", conclut Dmitry Kasatkin, associé de la société Kasatkin Consulting. "Ce secteur a des postes vacants pour des électriciens, des chauffeurs, des mécaniciens, des soudeurs, des machinistes, des ouvriers, des directeurs des ventes, des ingénieurs concepteurs, des vendeurs", renchérit Anna Osipova, responsable des communications externes régionales chez hh.ru.

C’est sans compter le vide laissé par les travailleurs immigrés, aux abonnés absents depuis le début des hostilités en 2022 : en 2023, l'afflux net officiel de migrants étrangers dans le pays s'est élevé à près de 110 000 personnes, à peine un quart du niveau de 2021.

Et la guerre en Ukraine arrive au sommet de la pile des problématiques qui ont grignoté la part des actifs dans la population russe ces dernières décennies. Ainsi, retrace Bloomberg, les bouleversements économique de 1990, suite à l’éclatement de l’URSS, ont fait chuter le taux de natalité, et la barre ne s’est pas redressée depuis. Entre 2007 et la fin de l'année 2021, la population active de la Russie a diminué de 5,8 millions de personnes. Il faut ajouter à cela les 750 000 décès liés au Covid entre 2020 et 2022, à en croire les données du Service fédéral des statistiques.

Alors les industries gazières et pétrolières sont toutes voiles dehors pour palier au manque de main d’oeuvre, à grand renfort d’avantages en nature. Selon les offres d'emploi publiées sur le site hh.ru, un travailleur de terrain effectuant des rotations mensuelles quelque part en Sibérie ou dans l'Arctique peut s'attendre à des "repas chauds trois fois par jour" et à des visites médicales régulières prises en charge par l'employeur.

Certains employeurs proposent également des incitations qui rappelle celles de l'ère soviétique, telles que des "cadeaux de nouvel an pour les enfants" et des voyages dans des centres de villégiature, d'après des annonces récentes sur le site. D'autres entreprises ont mis en place une politique de cooptation "amenez votre ami et soyez payé", offrant entre 50 et 100 dollars par nouvel employé.

Une économie au chevet de la guerre
Pour l’économie russe, tout ralentissement serait dommageable : l'industrie des hydrocarbures représente 27 % du PIB de la Russie et leurs ventes à l'étranger représentent environ 57 % des exportations totales du pays, a indiqué en décembre 2023 Alexandre Novak, le vice-premier ministre russe chargé de l'énergie. Les recettes pétrolières et gazières de Moscou en avril devraient presque doubler cette année par rapport à 2023 pour atteindre 14 milliards de dollars grâce à la hausse des prix, selon les calculs de Reuters.

Le pays, pourtant sous le coups de multiples sanctions, continue d’exporter le brut de l’Oural et le gaz, grâce à sa grandissante flotte noire, et à ses nouveaux partenaires privilégiés, l’Inde et la Chine. "En peu de temps, la Chine a remplacé l'Union européenne en tant que premier acheteur d'énergie et fournisseur de biens de la Russie, donnant à cette dernière à la fois des liquidités et les produits manufacturés dont elle a besoin pour survivre", notaient les analystes Yanmei Xie et Thomas Gatley dans une note pour la société d'études économiques Gavekal en février, que nous rapportions dans la foulée.

De surcroît, le pays peut se targuer d’une rapide adaptation à la chute des exportations de gaz vers l’Union européenne : en quelques mois, la Russie a redirigé ses forces vers le gaz naturel liquéfié. Les livraisons vers le vieux continent ont augmenté de 11 % entre 2021 et 2023, selon l'Institute for Energy Economics and Financial Analysis (IEEFA). Pour l’instant, l’Occident peine à étouffer les torchères russes.
https://www.msn.com/fr-fr/finance/other ... 6e1a&ei=69

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Re: économie russe

Message par supert » 07 mai 2024, 14:24

Entre 2007 et l'année 2021, la population active de la Russie a diminué de 5,8 millions de personnes.
Si ce chiffre est vrai, il est impressionnant !
Bon, y'a une horrible faute de grammaire à la ligne suivante. Encore un effort la Marie !


Supert qui crème l'un sans salir l'autre.

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Re: économie russe

Message par energy_isere » 15 mai 2024, 09:07

La Russie toujours en croissance, selon la Berd

AFP •15/05/2024

L'économie russe s'est montrée plus résiliente que prévu et continuera à croître cette année malgré les sanctions occidentales, tandis que la guerre à Gaza pèse sur les pays de la région, selon de nouvelles prévisions de la Berd parues mercredi.

La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd), qui tient son assemblée annuelle à Erevan en Arménie jusqu'à jeudi, a publié de nouvelles prévisions de croissance pour l'ensemble des régions qu'elle couvre.

"Je pense qu'il était irréaliste de s'attendre à ce que des sanctions contre la Russie conduisent à une crise économique et financière profonde, comme beaucoup l'espéraient", a commenté auprès de l'AFP Beata Javorcik, cheffe économiste de la Berd.

La Russie, qui a connu une croissance économique de 3,6% l'an dernier, devrait enregistrer une hausse de 2,5% de son produit intérieur brut (PIB) cette année, soit 1,5 point de plus que prévu en septembre, d'après les dernières projections de la Berd. L'économie russe est désormais revenue au-dessus des niveaux d'avant la guerre en Ukraine.

Le pays a "recentré son économie sur l'effort de guerre. Cela conduit donc à une croissance plus rapide", mais cela "se traduit-il par une amélioration du bien-être de sa population? On peut en douter", a estimé Mme Javorcik.

Selon la Berd, les sanctions ont limité les importations de technologie de la Russie et s'ajoutent au départ de multinationales et à l'exode d'une main-d’œuvre qualifiée. "La croissance russe à moyen terme sera inférieure à ce qu'elle aurait été en l’absence de sanctions", a souligné l'économiste.
extrait de https://www.boursorama.com/actualite-ec ... f285f832c0

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Re: économie russe

Message par alain2908 » 16 mai 2024, 06:57

l'article de Marie Lombard est éclairant et conforte une autre lecture que j'avais eu juste avant le début du conflit ou était indiqué que la démographie déclinante de la Russie ne laissait pas le choix à Poutine. Plus il attendait, moins il serait en mesure de déployer une force armée suffisante pour mener la guerre.

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Re: économie russe

Message par energy_isere » 26 juil. 2024, 00:11

Le Kremlin "inquiet" du niveau de l'inflation en Russie

BOURSORAMA AVEC AFP •25/07/2024

Le Kremlin s'est dit jeudi préoccupé par le haut niveau de l'inflation en Russie, accélérée par l'explosion des dépenses publiques destinées à soutenir l'assaut militaire en Ukraine.

"Certains processus inflationnistes sont présents, cela suscite l'inquiétude du gouvernement et de la Banque centrale, donc des mesures sont élaborées. Cibler l'inflation est l'une de nos priorités", a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il a précisé que des hausses de prix étaient visibles "dans différents segments" de l'économie, notamment dans le transport aérien.

La Banque centrale devrait augmenter à nouveau vendredi son taux directeur pour tenter de ralentir l'inflation.

L'inflation annuelle en Russie a atteint 8,59% en juin sur un an contre 8,3% en mai, selon l'agence nationale des statistiques Rosstat. C'est le niveau le plus élevé depuis février 2023, largement supérieur à l'objectif officiel de 4% affiché par les autorités.

L'explosion des dépenses publiques, liées notamment aux commandes dans le complexe militaro-industriel pour équiper l'armée en Ukraine et aux importantes primes versées aux soldats et à leurs familles, alimente depuis plusieurs mois un cycle de salaires et de dépenses des ménages à la hausse.

Parallèlement, des déficits de main d'oeuvre dans de nombreux secteurs, causés par les départs d'hommes au front et l'exil à l'étranger de centaines de milliers d'autres notamment pour fuir la mobilisation, ont également nourri cette spirale.

La hausse rapide des prix pourrait pousser la Banque centrale russe (BCR) à rehausser son taux directeur - déjà au niveau élevé de 16% - lors de sa prochaine réunion sur le sujet prévue le 26 juillet.

Sa gouverneure Elvira Nabioullina a reconnu début juillet qu'une telle décision était clairement sur la table: "Le principal sujet de discussion sera l'ampleur de la hausse des taux", avait-elle précisé.

Plusieurs dirigeants d'entreprises se sont toutefois déjà dits opposés à un tel scénario, qui pourrait selon eux ralentir l'activité économique.
https://www.boursorama.com/actualite-ec ... a7f52514be

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Re: économie russe

Message par phyvette » 26 juil. 2024, 23:59

14:45

La Banque centrale russe relève son taux directeur pour lutter contre l’inflation, liée à l’effort de guerre.

La Banque centrale russe (BCR) a annoncé vendredi la révision de son taux directeur de 16 % à 18 % pour tenter de contenir l’inflation, consécutive à l’explosion des dépenses militaires dans le budget fédéral.

https://www.lemonde.fr/international/li ... id-1728855
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Re: économie russe

Message par energy_isere » 28 août 2024, 08:08

Le Kremlin se dit préoccupé par le niveau de l'inflation en Russie, qui atteint 8,59% sur un an en juin
Ce chiffre, dévoilé jeudi par l'agence nationale des statistiques Rosstat, est notamment lié à l'explosion des dépenses publiques destinées à soutenir l'assaut militaire en Ukraine.

franceinfo avec AFP 25/07/2024

Un record dont Moscou se serait sans doute passé. L'inflation en Russie a atteint 8,59% sur un an en juin contre 8,3% en mai, selon les chiffres de l'agence nationale des statistiques Rosstat, dévoilés jeudi 25 juillet et consultés par l'AFP. C'est le niveau le plus élevé depuis février 2023, largement supérieur à l'objectif officiel de 4% affiché par les autorités. Le Kremlin se dit préoccupé par un tel taux d'inflation, accéléré par l'explosion des dépenses publiques destinées à soutenir l'opération militaire en Ukraine.

"Certains processus inflationnistes sont présents, cela suscite l'inquiétude du gouvernement et de la Banque centrale, donc des mesures sont élaborées. Cibler l'inflation est l'une de nos priorités", a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Il a précisé que des hausses de prix étaient visibles "dans différents segments" de l'économie, notamment dans le transport aérien.

Des déficits de main-d'œuvre

L'explosion des dépenses publiques, liées aux commandes dans le complexe militaro-industriel pour équiper l'armée en Ukraine et aux importantes primes versées aux soldats et à leurs familles, alimente depuis plusieurs mois un cycle de salaires et de dépenses des ménages à la hausse. Parallèlement, des déficits de main-d'œuvre dans de nombreux secteurs, causés par les départs d'hommes au front et l'exil à l'étranger de centaines de milliers d'autres, ont également nourri cette spirale.

La hausse rapide des prix pourrait pousser la Banque centrale russe à rehausser son taux directeur – déjà au niveau élevé de 16% – lors de sa prochaine réunion sur le sujet, prévue vendredi 26 juillet. Sa gouverneure, Elvira Nabioullina, a reconnu début juillet qu'une telle décision était clairement sur la table : "Le principal sujet de discussion sera l'ampleur de la hausse des taux", a-t-elle précisé. Plusieurs dirigeants d'entreprises se sont toutefois déjà dits opposés à un tel scénario, qui pourrait selon eux ralentir l'activité économique.
https://www.francetvinfo.fr/monde/russi ... 86166.html

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Re: économie russe

Message par energy_isere » 28 août 2024, 08:41

Le rouble russe touche son plus bas niveau depuis 10 mois par rapport au dollar suite à l'attaque de Koursk

Le 13 août 2024
https://www.zonebourse.com/cours/devise ... -47638716/

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Re: économie russe

Message par phyvette » 28 août 2024, 08:42

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Image Quand on a un javelin dans la main, tous les problèmes ressemblent à un T-72.

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Re: économie russe

Message par energy_isere » 14 sept. 2024, 01:50

Russie : face à l'inflation galopante, la Banque centrale relève son taux directeur à 19%1

Boursorama avec Media Services •13/09/2024

L'explosion des dépenses publiques, liées aux commandes dans le complexe militaro-industriel pour équiper l'armée en Ukraine, alimente depuis plusieurs mois un cycle de salaires et de dépenses des ménages à la hausse.

Déjà touché par les sanctions occidentales, le pouvoir d'achat des Russes est plombé par une inflation qui approche des 10%. Pour faire face, la Banque centrale russe (BCR) a annoncé vendredi 13 septembre relever son taux directeur d'un point de pourcentage à 19%.

"Les pressions inflationnistes actuelles restent élevées", a indiqué la BCR dans un communiqué, jugeant ainsi "nécessaire" un "nouveau resserrement de la politique monétaire". La hausse des prix a atteint en août 9,05%, selon des chiffres officiels.

Le taux directeur avait déjà été relevé fin juillet de 16% à 18%, au moment où l'inflation atteignait sur ce mois-là 9,13%, son niveau le plus élevé depuis février 2023, bien au-dessus de l'objectif officiel de 4% affiché par les autorités.

La directrice de la BCR, Elvira Nabioullina, répète vouloir tout faire pour parvenir à une baisse durable de l'inflation, qui plombe le pouvoir d'achat des Russes, déjà touchés par les effets des sanctions occidentales. L'institution monétaire a dit vendredi désormais s'attendre "probablement" à une inflation supérieure à "6,5-7%" en fin d'année , alors que "le marché du travail reste tendu", touché par des pénuries de main d’œuvre dans de nombreux secteurs à cause du départ au front ou à l'étranger de centaines de milliers d'hommes.

Explosion des dépenses publiques

L'explosion des dépenses publiques, liées aux commandes dans le complexe militaro-industriel pour équiper l'armée en Ukraine, alimente depuis plusieurs mois un cycle de salaires et de dépenses des ménages à la hausse.

Le budget fédéral a augmenté de près de 50% depuis 2021, des milliards d'euros allant à l'armée, aux soldats, à leurs familles et aux entreprises d'armements , permettant à l'économie de résister aux sanctions, tout en tirant les prix du quotidien à la hausse.

De nombreux dirigeants d'entreprises se sont eux émus ces derniers mois du coût des emprunts bancaires, et donc des investissements, freinant à leurs yeux la croissance notamment dans les secteurs déconnectés de l'armée.

Certains observateurs anticipent, à moyen terme, un scénario de stagflation -quand l'économie souffre d'une forte inflation et d'une croissance très faible-, mais les autorités russes évoquent, de leur côté, une hausse du PIB de +3,9% pour 2024 avant de décélérer légèrement en 2025 et 2026 .
https://www.boursorama.com/actualite-ec ... 767c64ee22

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