Le débat idéologique touche beaucoup plus d'aspect que la simple question du réseau électrique. Ce sujet traite au départ d'une solution technique partielle au problème d'approvisionnement en électricité. Débattre de la justesse de décider d'approvisionner les gens en électricité à grande échelle fait partie d'un autre débat, celui de la globalisation. En parlant ici, ça complique surtout la compréhension du problème.FireSledge a écrit :Certains parlaient de scinder le fil de discussion, mais il me paraît au contraire extrêmement pertinent de discuter des fondements idéologiques du projet de réseau électrique mondial. Se limiter à une discussion d'ordre purement technique, c'est déjà approuver l'idéologie sous-jascente. Bon, pourquoi pas, mais ce n'est peut-être pas clair pour tou-te-s les intervenant-e-s.
Donc le problème est de maintenir un "en-dehors" du système dans lequel les gens qui le refusent pourraient aller vivre, puisque rappelons-le, il y a plein de gens qui apprécient honnêtement le confort du système. Je ne me sens personnellement pas oppressé par une quelconque tâche collective, et je suis plutôt content de pouvoir espérer toucher des aides sociales si je ne me trouve pas de travail, d'avoir pu aller à l'école gratuitement jusqu'à un niveau élevé, et pour une somme modique au niveau auquel je suis maintenant. Je suis de plus content de savoir que ce que j'ai obtenu en travaillant m'est garanti par des lois et un système juridique qui ne regarde pas le porte-monnaie des plaignants avant de s'appliquer.FireSledge a écrit :Je trouve que tu exposes relativement bien la situation. Que ce soit Internet, les réseaux de transports et d'urbanisation, les réseaux électriques, il s'agit effectivement du même projet de technicisation de la vie, un projet totalitaire au sens où il englobe tous les aspects de la société. Par contre j'aurais tendance à penser qu'il est d'autant plus difficile d'échapper à ce projet qu'il s'étend, à la fois géographiquement et conceptuellement. Aujourd'hui il n'existe plus d'"ailleurs". Tout est loi, tout est encadré, et tout le monde se doit de participer à un effort collectif sur lequel il n'a aucune prise. Alors oui, à l'hyperorganisation je préfère le "chaos" (terme péjoratif pour qualifier tout ce qui ne serait pas "hyper-organisation", n'est-ce pas ?) qui me semble beaucoup plus prometteur. Et là, je suis à 100% ktche, ce sont des pelletées entières de gravier que je jetterais dans les rouages de la mégamachine.Krom a écrit :Oui, et de plus, un réseau d'autoroute n'empêche pas les décroissants d'installer leurs camps autarciques à côté.
Quelle différence avec un réseau électrique mondiale, ou internet? Est-ce qu'internet pose l'humanité sur des rails dont elle ne pourra jamais, en entier ou en partie, se sortir?
Et ces tâches collectives, au fond, n'existent pour l'instant que localement. Il n'y a en ce moment pas tellement de projet mondial qui engloberait toute l'humanité dans un seul mouvement. (Je te mets au défi d'en trouver un.) Les plus grands ensembles humains qui coexistent actuellement affrontent des projets divers : les USA défendent la toute-puissance de l'économie, sur la loi du plus fort (et ils sont en train de perdre, vivement les prochaines élections pour qu'ils changent un peu de projet), la Chine défend un projet basé sur l'effort collectif accepté sans discussion, l'UE construit tant bien que mal un projet démocratique ouvert. Ces trois ensembles sont en opposition : les deux derniers s'opposent au premier sur le comportement international, l'UE s'oppose aux deux autres sur l'environnement et les USA et l'UE s'opposent à la Chine sur les questions de liberté personnelle, quand-bien même les USA sont en perdition quand à cet aspect-là...
Quand à l'existence d'un "en-dehors", il existe. Tu peux te trouver un trentaine de volontaires pour partir construire une collectivité autarcique (sans connexion ni à internent, ni à EDF, ni rien, même pas un chemin facilement praticable à pied. Il y a d'ailleurs pas mal de monde qui combatte, à l'intérieur du système, avec les outils du système, pour maintenir cet en-dehors. Si le débat sur la limitation de l'urbanisation est ouvert en Suisse, ce n'est pas une mesure cosmétique pour empêcher les gens de se révolter, c'est honnête. Les écologistes sont d'ailleurs ressorti gagnant aux dernières élections, et sont les seuls avec en main des cartes autres que le statu quo contre l'UDC.
Alors je te demande : si la majorité veut ce système, pourquoi vouloir le détruire plutôt que le changer, de manière à ce qu'il respecte la minorité qui veut avoir le choix de vivre à côté? Personne ne t'oblige à utiliser l'autoroute, à avoir l'électricité, l'eau courante (c'est généralement un réseau très important qui te fournit), le téléphone. Il reste bien les impôts, mais si tu ne veux pas en payer, tu n'as qu'à pas gagner d'argent et à ne travailler que pour toi. A chaque fois que tu utilises le système, il est équitable que tu donnes un peu à ce système, pour autant que ce système t'ait laissé une alternative. Alors plutôt que lutter pour la destruction du système, lutte pour que ce système respecte ton choix d'en sortir.