Rebonjour Valérie
Merci pour votre réponse très rapide et très détaillée, vous êtes la première à me répondre aussi vite et précisément !!
Je préfère rester sur l’estimation des coûts actuels, parce que je trouve très compliqué d’avoir une évaluation de la fiabilité des estimations de coûts pour des scénarios futurs, pour plein de raisons (incertitudes des modèles climatiques, en particulier sur les précipitations et les ouragans, qui représentent probablement le plus grand danger potentiel, et incertitudes sur les adaptations possibles de la population, principalement ).
Je ne sais pas comment évaluer la fiabilité d’une prédiction à 2100, si vous avez un moyen de le faire, je serai ravi de le connaître : mais il y a déjà des exemples de prédictions à 20 ans ou moins, des années 2000, sur le nombre de réfugiés, qui devaient doubler en 2010 , la fonte de la banquise qui devait disparaitre en été en 2015 , ou la quantité de neige en hiver, qui devait également disparaitre en Europe peu après 2000 qui se sont révélées complètement fausses. Comme disait Niels Bohr, la prédiction est un art difficile, surtout en ce qui concerne l’avenir..
Sur les coûts actuels, la discussion me paraît quand même avoir un interêt car on dit très souvent dans les médias qu’on est déjà en pleine crise climatique, mais sans avoir vraiment de chiffres derrière. Pour ce que je peux en juger, les médias se contentent de lister chaque année les catastrophes climatiques dans le monde entier, ce qui est selon moi un très mauvais moyen d’avoir un chiffrage statistique sérieux (après tout, c’est aussi ce que font les astrologues pour confirmer leurs « prédictions », puisqu’il y a des catastrophes toutes les années, ça marche toujours...).
Les chiffres des assurances sont à prendre avec des pincettes puisqu’il faut bien évidemment les normaliser par la richesse assurée. Par exemple la prédiction qu’il pourraient « doubler au cours des 30 prochaines années » ne me parait pas être très significative, parce que les hypothèses de croissance des scénarios sont souvent autour de +2% par an, mais ça fait aussi un doublement en 35 ans.
L’exemple de l’Allemagne donne 80 milliards , pour moi sur 4 ans et pas sur 3 ans (2018,19,20,21) soit 20 milliards par an, avec dans l’article une moyenne indiquée de 6,6 milliards par an depuis 2000. Mais je ne sais pas très bien comment interpréter ces chiffres, parce qu’il y a pu avoir une série de quelques années exceptionnelles en Allemagne, et on va tendance à sélectionner évidemment les endroits et les années où il y a des catastrophes, sans parler des endroits et des années où il n’y en a pas. Par exemple cette année on parle de la sécheresse, mais pas du fait qu’il y a peu d’ouragans dans l’hémisphère Nord cette année (la tempête Fiona est la première à avoir des conséquence un peu sérieuses, mais mi-septembre), ou que la banquise a assez peu fondu par rapport aux années précédentes. D’autres années, ça pourra être le contraire.
De même tout le monde met la sécheresse en Europe occidentale sur le dos du RCA, mais quand on regarde depuis 10 ans les mois de juillet étaient plutot dans l’ensemble frais et pluvieux jusqu’en 2015. Il y a eu effectivement plusieurs années sèches depuis, mais dues à des situations de blocage anticyclonique qui ne me paraissent pas corrélés de façon évidente au RCA. En tout cas je ne vois pas de corrélation évidente avec le RCA sur la période « climatique » de 30 ans
Bref une analyse statistique sérieuse doit se faire « à l’aveugle », c’est à dire en se mettant d’accord à l’avance sur les indicateurs retenus, sans connaitre le résultat, et les suivre dans la durée, et pas par une sélection a posteriori des seuls cas qui vont dans le sens où on veut aller, ce qui est la cause de biais de sélection et de confirmation bien connus.
Sur le site OWID, par exemple, le coût des catastrophes climatiques rapportés au PIB mondial ne semble pas avoir de croissance nette :
https://ourworldindata.org/grapher/glob ... -gdp-share
Meme les chiffres que vous donnez restent de l’ordre du % du PIB : par exemple pour l’Allemagne, le cout de 20 milliards d’€ par an ne représente que 0,6 % du PIB qui est de l’ordre de 3500 milliards € par an.
Après si la décarbonation ne coutait que 0,05 à 0,1 % du PIB, évidemment ça ne couterait vraiment pas cher de le faire, et il n’y aurait absolument pas à hésiter. Se débarrasser d’un coup de tous les problèmes climatiques et de réserves finies pour moins de 0,1 % de son revenu, mais qui pourrait être contre ?
Mais bon, ça voudrait dire que toute l’affaire climatique n’est qu’un arbitrage entre des coûts et bénéfices de moins de 1% du PIB?
Tout ça juste pour ça ? On est quand même très loin d’une catastrophe mondiale menaçant l’humanité !!
Mais vous y croyez vraiment, sérieusement, qu’on pourrait produire la même richesse sans aucun fossile ?
Personnellement, excusez moi, mais un coup de 0,1%, ça me parait délirant, contradictoire avec tous les messages « d’efforts » , de « sobriété » , et ça rendrait incompréhensible la difficulté évidente (surtout avec ce qui se passe actuellement en Ukraine) de se passer de fossiles :
https://www.rtbf.be/article/crise-energ ... k-11069733 ,
C’est quand même gênant d’assurer que le discours climatique est rigoureux et appuyé sur des données scientifiques sérieuses , pour aboutir à des chiffres manifestement absurdes, vous ne trouvez pas ?
Bien cordialement
Gilles