par energy_isere » 06 juil. 2009, 18:37
La Clezio lance la polémique :
Le Clezio contre Hydro-Québec
06.07.2009 Courrier International
Dans une tribune publiée par Le Monde, le prix Nobel de littérature s'en prend aux barrages envisagés par Hydro-Québec sur la rivière Romaine. Une position que le quotidien montréalais La Presse lui reproche vertement.
Les dernières heures du séjour en Europe du premier ministre québécois Jean Charest ont été aimablement saluées par une sortie de l'illustre écrivain Jean-Marie Le Clézio contre l'État québécois. Dans le quotidien Le Monde [le 1er juillet], le prolifique auteur crucifie le projet hydroélectrique sur la rivière Romaine [sur la côte Nord du Québec] qui, selon lui, est «monstrueux» au point de vue environnemental et «condamne à mort» les autochtones de la région. Le Prix Nobel de littérature (2008) estime qu'Hydro-Québec, une «multinationale caractéristique du grand capitalisme», déclenche un «désastre écologique». Et ce, après avoir floué la «tribu innue» visiblement incapable de discerner son véritable intérêt, devenant ainsi victime de la «civilisation industrielle» et du «monde technocratique moderne»... Ouf. Mais disons-le : cette bulle tombant des plus hauts cénacles de la curie littéraire française est extraordinairement irritante.
Dépouillée de son lyrisme, elle apparaît en effet comme une courtepointe de folklore rural, de banalité pseudo-rebelle et de rousseauisme condescendant tricotée tellement serré qu'on ne trouve plus le fil sur lequel tirer. Faut-il d'abord signaler que la nation - et non la « tribu » - innue n'a pas pour vocation première de fournir à l'homme blanc du pittoresque (Ah ! La «rivière sacrée» et son «gibier», ses «baies pour la collecte» et ses «plantes médicinales» [évoqués par Le Clezio dans sa tribune]...) ? Que cette nation, loin d'être impuissante, se débrouille fort bien dans la négociation et les relations publiques, y compris aux États-Unis et en France ? Qu'elle n'est pas, elle, repliée sur le folklore et ne rejette pas en bloc la modernité ? Qu'au Québec, d'autres nations autochtones ont, par le passé, su brillamment profiter des retombées de projets comparables à celui de la Romaine ?
Est-il opportun de noter ensuite qu'Hydro-Québec n'est pas exactement une multinationale capitaliste, mais plutôt une société d'État, entière propriété de la population québécoise ? De noter aussi que l'hydroélectricité demeure jusqu'à nouvel ordre la façon la plus verte de produire de l'énergie en grande quantité ? Et que, cette électricité éventuellement vendue aux États-Unis (pour la plus grande santé de notre trésor public) y offrira une alternative au charbon ? Enfin, est-il vraiment nécessaire d'expliquer que nos cabanes au Canada sont surtout chauffées à l'électricité, ce qui nous évite de geler comme des crottes lorsqu'il fait moins 30 dans nos grands espaces ?
http://www.courrierinternational.com/ar ... dro-quebec
La Clezio lance la polémique :
[quote] [b]Le Clezio contre Hydro-Québec[/b]
06.07.2009 Courrier International
Dans une tribune publiée par Le Monde, le prix Nobel de littérature s'en prend aux barrages envisagés par Hydro-Québec sur la rivière Romaine. Une position que le quotidien montréalais La Presse lui reproche vertement.
Les dernières heures du séjour en Europe du premier ministre québécois Jean Charest ont été aimablement saluées par une sortie de l'illustre écrivain Jean-Marie Le Clézio contre l'État québécois. Dans le quotidien Le Monde [le 1er juillet], le prolifique auteur crucifie le projet hydroélectrique sur la rivière Romaine [sur la côte Nord du Québec] qui, selon lui, est «monstrueux» au point de vue environnemental et «condamne à mort» les autochtones de la région. Le Prix Nobel de littérature (2008) estime qu'Hydro-Québec, une «multinationale caractéristique du grand capitalisme», déclenche un «désastre écologique». Et ce, après avoir floué la «tribu innue» visiblement incapable de discerner son véritable intérêt, devenant ainsi victime de la «civilisation industrielle» et du «monde technocratique moderne»... Ouf. Mais disons-le : cette bulle tombant des plus hauts cénacles de la curie littéraire française est extraordinairement irritante.
Dépouillée de son lyrisme, elle apparaît en effet comme une courtepointe de folklore rural, de banalité pseudo-rebelle et de rousseauisme condescendant tricotée tellement serré qu'on ne trouve plus le fil sur lequel tirer. Faut-il d'abord signaler que la nation - et non la « tribu » - innue n'a pas pour vocation première de fournir à l'homme blanc du pittoresque (Ah ! La «rivière sacrée» et son «gibier», ses «baies pour la collecte» et ses «plantes médicinales» [évoqués par Le Clezio dans sa tribune]...) ? Que cette nation, loin d'être impuissante, se débrouille fort bien dans la négociation et les relations publiques, y compris aux États-Unis et en France ? Qu'elle n'est pas, elle, repliée sur le folklore et ne rejette pas en bloc la modernité ? Qu'au Québec, d'autres nations autochtones ont, par le passé, su brillamment profiter des retombées de projets comparables à celui de la Romaine ?
Est-il opportun de noter ensuite qu'Hydro-Québec n'est pas exactement une multinationale capitaliste, mais plutôt une société d'État, entière propriété de la population québécoise ? De noter aussi que l'hydroélectricité demeure jusqu'à nouvel ordre la façon la plus verte de produire de l'énergie en grande quantité ? Et que, cette électricité éventuellement vendue aux États-Unis (pour la plus grande santé de notre trésor public) y offrira une alternative au charbon ? Enfin, est-il vraiment nécessaire d'expliquer que nos cabanes au Canada sont surtout chauffées à l'électricité, ce qui nous évite de geler comme des crottes lorsqu'il fait moins 30 dans nos grands espaces ?
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http://www.courrierinternational.com/article/2009/07/06/le-clezio-contre-hydro-quebec