par mobar » 06 févr. 2023, 09:46
Une réponse plus formelle pour les plus courageux
https://www.cairn.info/magazine-alterna ... ge-10.html
Extrait :
Enfin, l'idée du premier de cordée repose sur une vision classique, mais fausse, de la dynamique de la création de richesse. Selon cette fable, il y aurait en effet au départ des entrepreneurs dynamiques, les fameux premiers de cordées, qui créeraient des richesses ex nihilo. Puis une partie de ces richesses serait ensuite redistribuée aux autres membres de la société, via notamment les impôts et les cotisations sociales. Mais ce n'est pas du tout comme cela que ça se passe dans la vraie vie : aucun chef d'entreprise n'a jamais pu créer quelque richesse que ce soit sans s'être entouré au préalable d'une multitude d'infrastructures, matérielles et immatérielles, produites par la puissance publique qui lui permettent de développer son activité.
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Si, sur un territoire donné, les rentrées d'impôts sont insuffisantes et l'Etat inefficace, les entreprises innovantes ne s'y créent pas. La causalité est en réalité très largement inverse. Et on court le risque, en France comme ailleurs, quand on diminue l'imposition des plus riches, de devoir limiter cette production des biens publics indispensables, enclenchant une spirale défavorable au développement économique.
De même en termes de financement de l'économie : ce ne sont pas les profits d'aujourd'hui (qu'il ne faudrait donc pas trop taxer selon la vulgate libérale) qui sont les investissements de demain et les emplois d'après-demain, comme le voudrait le "théorème de Schmidt" - les investissements d'aujourd'hui dépendent en réalité avant tout de la demande qu'anticipent les acteurs économiques pour demain. Dès lors que celle-ci semble suffisante (ce qui suppose généralement que les gens ordinaires voient leurs revenus s'accroître), ces investissements peuvent être financés le plus souvent non pas grâce aux profits accumulés dans le passé, mais à crédit, via la création monétaire auprès du système financier.
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Ce sont en fait plutôt les investissements d'aujourd'hui qui sont les profits de demain. Il n'y a donc en réalité pas vraiment besoin de laisser à Harpagon toute sa cassette pour réussir à alimenter l'investissement productif... Bref, la métaphore des "premiers de cordée" ne tient guère la route. D'ailleurs, dans la vraie vie, le premier de cordée est le plus souvent un guide professionnel payé par les riches, qui restent, eux, à l'arrière de la cordée...
Une réponse plus formelle pour les plus courageux
https://www.cairn.info/magazine-alternatives-economiques-2017-11-page-10.html
Extrait :
[quote]Enfin, l'idée du premier de cordée repose sur une vision classique, mais fausse, de la dynamique de la création de richesse. Selon cette fable, il y aurait en effet au départ des entrepreneurs dynamiques, les fameux premiers de cordées, qui créeraient des richesses ex nihilo. Puis une partie de ces richesses serait ensuite redistribuée aux autres membres de la société, via notamment les impôts et les cotisations sociales. Mais ce n'est pas du tout comme cela que ça se passe dans la vraie vie : aucun chef d'entreprise n'a jamais pu créer quelque richesse que ce soit sans s'être entouré au préalable d'une multitude d'infrastructures, matérielles et immatérielles, produites par la puissance publique qui lui permettent de développer son activité.
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Si, sur un territoire donné, les rentrées d'impôts sont insuffisantes et l'Etat inefficace, les entreprises innovantes ne s'y créent pas. La causalité est en réalité très largement inverse. Et on court le risque, en France comme ailleurs, quand on diminue l'imposition des plus riches, de devoir limiter cette production des biens publics indispensables, enclenchant une spirale défavorable au développement économique.
De même en termes de financement de l'économie : ce ne sont pas les profits d'aujourd'hui (qu'il ne faudrait donc pas trop taxer selon la vulgate libérale) qui sont les investissements de demain et les emplois d'après-demain, comme le voudrait le "théorème de Schmidt" - les investissements d'aujourd'hui dépendent en réalité avant tout de la demande qu'anticipent les acteurs économiques pour demain. Dès lors que celle-ci semble suffisante (ce qui suppose généralement que les gens ordinaires voient leurs revenus s'accroître), ces investissements peuvent être financés le plus souvent non pas grâce aux profits accumulés dans le passé, mais à crédit, via la création monétaire auprès du système financier.
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Ce sont en fait plutôt les investissements d'aujourd'hui qui sont les profits de demain. Il n'y a donc en réalité pas vraiment besoin de laisser à Harpagon toute sa cassette pour réussir à alimenter l'investissement productif... Bref, la métaphore des "premiers de cordée" ne tient guère la route. D'ailleurs, dans la vraie vie, le premier de cordée est le plus souvent un guide professionnel payé par les riches, qui restent, eux, à l'arrière de la cordée... [/quote]