par emmort » 16 déc. 2017, 17:42
pour aider à comprendre les enjeux.
Le régulateur américain des communications a mis fin, ce jeudi, au principe de «neutralité du net», un des principes fondateurs d’internet. Concrètement, ces règles garantissaient une égalité de traitement à tous les services qui utilisent internet. Elles interdisaient donc aux fournisseurs d’accès américains de discriminer les services (Google, Netflix, Facebook…) en stoppant ou en ralentissant le trafic de certains tout en créant « des voies rapides » pour d’autres qui seraient à prêts à payer pour obtenir ce privilège.
La Commission fédérale des communications est revenue sur ces réglementations, ouvrant la voie à un «internet à deux vitesses» aux Etats-Unis. Car, désormais, les fournisseurs d’accès internet peuvent (théoriquement) moduler la vitesse de débit internet à leur guise, selon les contenus qui les intéressent. Ca a l’air technique ? C’est pourtant très concret. Voici 4 scénarios « fiction » du net américain de demain.
1.Vers un abonnement internet « à la carte » ?
La neutralité du net prévoit que lorsque vous vous abonnez à un fournisseur d’accès, vous avez accès à tous les services internet (mail, surf...) sans avoir à payer pour accéder à l’un ou l’autre de ces services. Avec cette nouvelle réglementation américaine, les internautes pourraient être contraints, en plus d’un abonnement « de base », de payer « à la carte » pour des services précis.
Par exemple, demain, il sera possible pour les internautes américains d’avoir un abonnement « expurgé » des services qui exigent le transport de quantités importantes de données. Vous voulez accéder à Youtube ? Ce sera 5 euros supplémentaire sur la facture ; envie de « binge watcher » devant Netflix ? Acceptez d’abord de débourser 10 euros pour accéder à la plateforme ; vous êtes partis pour plusieurs heures de jeu en ligne sur Fifa 2018 ? Il faudra encore passer à la caisse...
2.Une concurrence de contenus ?
Les gros fournisseurs d’accès américains avaient d’autant plus d’intérêt à voir la fin de la «neutralité du net» qu’ils sont eux-mêmes créateurs de contenus et donc en concurrence avec des entreprises technologiques qui en diffusent. ComCast possède par exemple NBCUniversal (chaînes télé et studios), AT&T cherche de son côté à racheter le groupe Time Warner (qui possède des studios mais aussi des chaînes comme CNN ou HBO).
Ils ont désormais l’occasion d’imposer des frais supplémentaires à Netflix ou Amazon Vidéo, par exemple. Et ces derniers pourraient alors répercuter ces coûts sur le prix de leurs abonnements...
3.Une barrière à l’innovation ?
Reprenons : les fournisseur d’accès pourront moduler la vitesse de débit internet selon les services qui les intéressent. Théoriquement, ils seront donc en mesure de demander un paiement à une entreprise pour publier leur contenu plus « rapidement ». Par conséquence, ceux qui ne paieront pas seront « ralentis », rendant leur consultation moins confortable.
Comment les jeunes startup technologiques pourront-elles émerger avec un tel frein ? Qui seront les prochains Microsoft ou Apple dans ces conditions ?
Qui sera le Skype de demain, si les opérateurs télécoms forcent les startup à payer pour obtenir des connexions plus rapides que seuls les géants du web, déjà implantés, seront capables de s’offrir ?
4.Le blocage de certains services ?
Les opérateurs vont-il réellement prendre le risque de priver leurs utilisateurs de certains services en bonne qualité ? S’il est impensable de voir le très « mainstream » Netflix disparaître de leur offre, qu’en est-il de service aussi « coûteux » en bande passante mais utilisé par un nombre plus restreint d’utilisateurs ?
Si les grands acteurs américains du secteur ont assuré qu’ils ne bloqueraient pas de services, la réglementation leur permet néanmoins d’en « prioriser » certains, rendant l’utilisation d’autres impraticables. Qui pourra encore raisonnablement utiliser Bit-Torrent, un protocole qui permet de distribuer de grandes quantités de données, si demain, le transferts de ces paquets de données prend 5 fois plus de temps qu’aujourd’hui ?
Neutralité du net: et en Europe?
Mis en ligne le 15/12/2017 à 16:23
La décision prise par le régulateur américain ne concerne que les internautes américains. Mais le débat autour de la neutralité du net pourrait donner envie aux opérateurs européens de remettre la question sur la table - le patron d’Orange en France évoquait encore la question il y a quelques jours à peine... Certaines offres s’implantent déjà, comme le « zero-rating », une pratique commerciale qui consiste à offrir un accès illimité à une application (Facebook, Spotify…) sans frais.
Dans les faits, cette pratique, déjà répandue chez certains opérateurs mobiles, fausse en quelque sorte le principe de la neutralité du net puisqu’une fois le quota de données compris dans l’abonnement atteint, l’utilisateur se retrouve avec une application qui continue à fonctionner très bien et une foule d’autres qui tournent au ralenti ou dont l’usage coûte très cher. Ce type d’offre pourrait se multiplier si l’Europe baisse sa garde.
On n’en est pas là: l’Union européenne a adopté un texte favorable à la neutralité du net il y a un an et Andrus Ansip, le commissaire européen chargé du dossier a récemment assuré, au regard des débats aux Etats-Unis, que «la neutralité du net continuerait d’exister dans l’Union européenne».
références:
http://plus.lesoir.be/129591/article/20 ... atastrophe
pour aider à comprendre les enjeux.
[quote] Le régulateur américain des communications a mis fin, ce jeudi, au principe de «neutralité du net», un des principes fondateurs d’internet. Concrètement, ces règles garantissaient une égalité de traitement à tous les services qui utilisent internet. Elles interdisaient donc aux fournisseurs d’accès américains de discriminer les services (Google, Netflix, Facebook…) en stoppant ou en ralentissant le trafic de certains tout en créant « des voies rapides » pour d’autres qui seraient à prêts à payer pour obtenir ce privilège.
La Commission fédérale des communications est revenue sur ces réglementations, ouvrant la voie à un «internet à deux vitesses» aux Etats-Unis. Car, désormais, les fournisseurs d’accès internet peuvent (théoriquement) moduler la vitesse de débit internet à leur guise, selon les contenus qui les intéressent. Ca a l’air technique ? C’est pourtant très concret. Voici 4 scénarios « fiction » du net américain de demain.
1.Vers un abonnement internet « à la carte » ?
La neutralité du net prévoit que lorsque vous vous abonnez à un fournisseur d’accès, vous avez accès à tous les services internet (mail, surf...) sans avoir à payer pour accéder à l’un ou l’autre de ces services. Avec cette nouvelle réglementation américaine, les internautes pourraient être contraints, en plus d’un abonnement « de base », de payer « à la carte » pour des services précis.
Par exemple, demain, il sera possible pour les internautes américains d’avoir un abonnement « expurgé » des services qui exigent le transport de quantités importantes de données. Vous voulez accéder à Youtube ? Ce sera 5 euros supplémentaire sur la facture ; envie de « binge watcher » devant Netflix ? Acceptez d’abord de débourser 10 euros pour accéder à la plateforme ; vous êtes partis pour plusieurs heures de jeu en ligne sur Fifa 2018 ? Il faudra encore passer à la caisse...
2.Une concurrence de contenus ?
Les gros fournisseurs d’accès américains avaient d’autant plus d’intérêt à voir la fin de la «neutralité du net» qu’ils sont eux-mêmes créateurs de contenus et donc en concurrence avec des entreprises technologiques qui en diffusent. ComCast possède par exemple NBCUniversal (chaînes télé et studios), AT&T cherche de son côté à racheter le groupe Time Warner (qui possède des studios mais aussi des chaînes comme CNN ou HBO).
Ils ont désormais l’occasion d’imposer des frais supplémentaires à Netflix ou Amazon Vidéo, par exemple. Et ces derniers pourraient alors répercuter ces coûts sur le prix de leurs abonnements...
3.Une barrière à l’innovation ?
Reprenons : les fournisseur d’accès pourront moduler la vitesse de débit internet selon les services qui les intéressent. Théoriquement, ils seront donc en mesure de demander un paiement à une entreprise pour publier leur contenu plus « rapidement ». Par conséquence, ceux qui ne paieront pas seront « ralentis », rendant leur consultation moins confortable.
Comment les jeunes startup technologiques pourront-elles émerger avec un tel frein ? Qui seront les prochains Microsoft ou Apple dans ces conditions ?
Qui sera le Skype de demain, si les opérateurs télécoms forcent les startup à payer pour obtenir des connexions plus rapides que seuls les géants du web, déjà implantés, seront capables de s’offrir ?
4.Le blocage de certains services ?
Les opérateurs vont-il réellement prendre le risque de priver leurs utilisateurs de certains services en bonne qualité ? S’il est impensable de voir le très « mainstream » Netflix disparaître de leur offre, qu’en est-il de service aussi « coûteux » en bande passante mais utilisé par un nombre plus restreint d’utilisateurs ?
Si les grands acteurs américains du secteur ont assuré qu’ils ne bloqueraient pas de services, la réglementation leur permet néanmoins d’en « prioriser » certains, rendant l’utilisation d’autres impraticables. Qui pourra encore raisonnablement utiliser Bit-Torrent, un protocole qui permet de distribuer de grandes quantités de données, si demain, le transferts de ces paquets de données prend 5 fois plus de temps qu’aujourd’hui ?
Neutralité du net: et en Europe?
Mis en ligne le 15/12/2017 à 16:23
La décision prise par le régulateur américain ne concerne que les internautes américains. Mais le débat autour de la neutralité du net pourrait donner envie aux opérateurs européens de remettre la question sur la table - le patron d’Orange en France évoquait encore la question il y a quelques jours à peine... Certaines offres s’implantent déjà, comme le « zero-rating », une pratique commerciale qui consiste à offrir un accès illimité à une application (Facebook, Spotify…) sans frais.
Dans les faits, cette pratique, déjà répandue chez certains opérateurs mobiles, fausse en quelque sorte le principe de la neutralité du net puisqu’une fois le quota de données compris dans l’abonnement atteint, l’utilisateur se retrouve avec une application qui continue à fonctionner très bien et une foule d’autres qui tournent au ralenti ou dont l’usage coûte très cher. Ce type d’offre pourrait se multiplier si l’Europe baisse sa garde.
On n’en est pas là: l’Union européenne a adopté un texte favorable à la neutralité du net il y a un an et Andrus Ansip, le commissaire européen chargé du dossier a récemment assuré, au regard des débats aux Etats-Unis, que «la neutralité du net continuerait d’exister dans l’Union européenne».[/quote]
références: http://plus.lesoir.be/129591/article/2017-12-15/fin-de-la-neutralite-du-net-un-vrai-scenario-catastrophe