par Jef » 16 sept. 2005, 13:26
Pour Greenchris :
Tu as déjà dû me lire ici ou là et me classer dans la catégorie des "cassandres" catastrophistes. Je voudrais nuancer un peu, non seulement pour moi mais aussi pour les autres alarmistes.
Il est certain que, sauf accident, le passage "technique" du PO sera anodin (quelques barils de moins d'un jour à l'autre) d'autant que comme toutes les courbes réelles celle-ci comporte un "bruit" de petites variations sans importance réelle. Pas de quoi faire une panique. Le rapport offre/demande lui aussi devrait continuer de baisser sans rupture de pente significative. Il n'y a donc aucune raison technique pour que nous fassions le grand saut du jour au lendemain, aucune raison d'affoler les populations pour des raisons TECHNIQUES. Nous sommes d'accord.
Mais tout phénomène lent impliquant un déséquilibre croissant qui n'est pas immédiatement suivi par une réaction produit une accumulation de tensions. La géologie en fournit un bon exemple avec la tectonique, l'électricité avec les hautes tensions. Si les contraintes ne peuvent pas s'échapper, elles s'accumulent et atteignent des valeurs phénoménales; alors un battement d'aile de papillon peut déclencher l'éclair ou le séisme.
Or c'est cela surtout qu'il nous faut craindre à court terme avec le PO. Rien de plus aléatoire que le déclenchement d'une panique boursière ou populaire. Une rumeur suffit. C'est un problème PUREMENT PSYCHOLOGIQUE, comme le stockage de denrées alimentaires par les ménages lorsqu'on entend des rumeurs de guerre. Mais tout psychologique qu'il soit, il entraîne -quand il se produit au sein d'une société soumise à des tensions- des catastrophes bien réelles et totalement DISPROPORTIONNEES avec l'incident initial : Pénurie dans tous les magasins alors que les denrées ne manquent pas, krash boursier entraînant l'effondrement de valeurs pourtant solides, etc.
Le facteur aggravant, et relativement inédit, avec le PO est l'interconnexion entre les différents domaines susceptibles d'entrer en crise en chaîne, alors que la situation est techniquement "saine". Annonce par un gouvernement qu'il ne peut plus compenser les hausses du brut, augmentation brutale des tarifs à la pompe, mouvements sociaux et manoeuvres des transporteurs, difficultés de livraisons à quelques grandes surface, la panique s'empare de la population qui vide les rayons des magasins, les médias toujours avides de sensationnel étendent l'incendie, les mesures gouvernementales, pourtant marquées d'un certain bon sens, affolent encore les citoyens, pénurie généralisée, désorganisation des transports, puis de l'industrie qui fonctionne en flux tendu, etc. Vous avez déjà vu ce scénario catastrophiste des dizaines de fois; s'il est purement hypothétique, chacun de ses éléments s'est pourtant déjà produit et l'ensemble hélas est loin d'être improbable.
En résumé, le danger le plus pressant (je n'ai pas dit le moindre) du PO vient non pas d'une chute de la production ou de l'approvisionnement, mais de l'affolement et du comportement égoîste d'une population non prévenue, qui se sent prise au piège parce que la pénurie peut atteindre tous les domaines vitaux. Et malheureusement nous avons beaucoup plus l'expérience du comportement humain en période de crise que celle des crises techniques.
J'arrive au second terme de mon post : Semer sciemment la panique au moment où le clash sera possible sera à n'en pas douter un acte criminel. Mais ce n'est certainement pas aujourd'hui le propos des alarmistes.
Dans toute discussion ouverte à tous, on trouve des gens prêts à s'emparer de n'importe quelle idée un tant soit peu non conventionnelle (ou conventionnelle, car que faire de plus non conventionnel ?) pour imposer leur présence sur la scène. C'est un bruit de fond indépendant du sujet, et parmi les alarmistes comme ailleurs certains sont là uniquement pour sortir de leur grisaille personnelle. Parmi les antialarmistes aussi probablement. Mais oublions ceux-là.
Comme les autres intervenants sur ce forum et sur ceux qui lui ressemblent, les alarmistes sont des gens qui s'interrogent à voix haute et frottent leur théorie à celle des autres. Bien sûr, leur amour-propre leur permettra rarement de s'avouer convaincus à la fin d'un échange, mais chaque fois qu'ils trouveront une réponse constructive, ils l'intègreront à leur propre modèle et feront ainsi avancer leur compréhension, et on l'espère cele de leurs correspondants.
Chez les uns comme les autres on décèle aussi la volonté de faire réagir nos contemporains, de les faire sortir de la béate passivité où les enferme le système économique actuel. Et les alarmistes ont certainement plus de chances de causer le choc psychologique nécessaire, au moins sur une partie de l'opinion. Le risque est évidemment de déclencher par mégarde une panique. Mais nous connaissons le mécanisme pour chaque nouveau concept : Dérision, négation puis adoption. Nous n'en sommes encore qu'au début, les alarmistes se prêtant particulièrement bien à la phase "dérision". Les antialarmistes auront eux aussi leur combat à mener, espérons tous qu'il ne sera pas trop tard.
Pour Greenchris :
Tu as déjà dû me lire ici ou là et me classer dans la catégorie des "cassandres" catastrophistes. Je voudrais nuancer un peu, non seulement pour moi mais aussi pour les autres alarmistes.
Il est certain que, sauf accident, le passage "technique" du PO sera anodin (quelques barils de moins d'un jour à l'autre) d'autant que comme toutes les courbes réelles celle-ci comporte un "bruit" de petites variations sans importance réelle. Pas de quoi faire une panique. Le rapport offre/demande lui aussi devrait continuer de baisser sans rupture de pente significative. Il n'y a donc aucune raison technique pour que nous fassions le grand saut du jour au lendemain, aucune raison d'affoler les populations pour des raisons TECHNIQUES. Nous sommes d'accord.
Mais tout phénomène lent impliquant un déséquilibre croissant qui n'est pas immédiatement suivi par une réaction produit une accumulation de tensions. La géologie en fournit un bon exemple avec la tectonique, l'électricité avec les hautes tensions. Si les contraintes ne peuvent pas s'échapper, elles s'accumulent et atteignent des valeurs phénoménales; alors un battement d'aile de papillon peut déclencher l'éclair ou le séisme.
Or c'est cela surtout qu'il nous faut craindre à court terme avec le PO. Rien de plus aléatoire que le déclenchement d'une panique boursière ou populaire. Une rumeur suffit. C'est un problème PUREMENT PSYCHOLOGIQUE, comme le stockage de denrées alimentaires par les ménages lorsqu'on entend des rumeurs de guerre. Mais tout psychologique qu'il soit, il entraîne -quand il se produit au sein d'une société soumise à des tensions- des catastrophes bien réelles et totalement DISPROPORTIONNEES avec l'incident initial : Pénurie dans tous les magasins alors que les denrées ne manquent pas, krash boursier entraînant l'effondrement de valeurs pourtant solides, etc.
Le facteur aggravant, et relativement inédit, avec le PO est l'interconnexion entre les différents domaines susceptibles d'entrer en crise en chaîne, alors que la situation est techniquement "saine". Annonce par un gouvernement qu'il ne peut plus compenser les hausses du brut, augmentation brutale des tarifs à la pompe, mouvements sociaux et manoeuvres des transporteurs, difficultés de livraisons à quelques grandes surface, la panique s'empare de la population qui vide les rayons des magasins, les médias toujours avides de sensationnel étendent l'incendie, les mesures gouvernementales, pourtant marquées d'un certain bon sens, affolent encore les citoyens, pénurie généralisée, désorganisation des transports, puis de l'industrie qui fonctionne en flux tendu, etc. Vous avez déjà vu ce scénario catastrophiste des dizaines de fois; s'il est purement hypothétique, chacun de ses éléments s'est pourtant déjà produit et l'ensemble hélas est loin d'être improbable.
En résumé, le danger le plus pressant (je n'ai pas dit le moindre) du PO vient non pas d'une chute de la production ou de l'approvisionnement, mais de l'affolement et du comportement égoîste d'une population non prévenue, qui se sent prise au piège parce que la pénurie peut atteindre tous les domaines vitaux. Et malheureusement nous avons beaucoup plus l'expérience du comportement humain en période de crise que celle des crises techniques.
J'arrive au second terme de mon post : Semer sciemment la panique au moment où le clash sera possible sera à n'en pas douter un acte criminel. Mais ce n'est certainement pas aujourd'hui le propos des alarmistes.
Dans toute discussion ouverte à tous, on trouve des gens prêts à s'emparer de n'importe quelle idée un tant soit peu non conventionnelle (ou conventionnelle, car que faire de plus non conventionnel ?) pour imposer leur présence sur la scène. C'est un bruit de fond indépendant du sujet, et parmi les alarmistes comme ailleurs certains sont là uniquement pour sortir de leur grisaille personnelle. Parmi les antialarmistes aussi probablement. Mais oublions ceux-là.
Comme les autres intervenants sur ce forum et sur ceux qui lui ressemblent, les alarmistes sont des gens qui s'interrogent à voix haute et frottent leur théorie à celle des autres. Bien sûr, leur amour-propre leur permettra rarement de s'avouer convaincus à la fin d'un échange, mais chaque fois qu'ils trouveront une réponse constructive, ils l'intègreront à leur propre modèle et feront ainsi avancer leur compréhension, et on l'espère cele de leurs correspondants.
Chez les uns comme les autres on décèle aussi la volonté de faire réagir nos contemporains, de les faire sortir de la béate passivité où les enferme le système économique actuel. Et les alarmistes ont certainement plus de chances de causer le choc psychologique nécessaire, au moins sur une partie de l'opinion. Le risque est évidemment de déclencher par mégarde une panique. Mais nous connaissons le mécanisme pour chaque nouveau concept : Dérision, négation puis adoption. Nous n'en sommes encore qu'au début, les alarmistes se prêtant particulièrement bien à la phase "dérision". Les antialarmistes auront eux aussi leur combat à mener, espérons tous qu'il ne sera pas trop tard.