par echazare » 22 nov. 2005, 13:05
aleph0 a écrit :Ce rapport n'a pas pour vocation à traiter en détail tous les aspects. Il s'agit surtout de mettre en regard les besoins, les ressources en uranium/thorium, et des solutions techniques. Même s'il reste des problèmes techniques, la faisabilité des surgénérateurs est démontrée depuis longtemps, et il ne faut pas s'arrêter aux problèmes de SuperPhenix (surtout victime d'acharnement politique) qui n'étaient pas insurmontables et auraient été résolus avec le temps : russes et américains ont déjà construit des surgénérateurs, et on évalue aussi d'autres solutions pour remplacer le sodium.
Pour le retraitement, il est bien dit dès le départ que le retraitement ne fait pas partie du périmètre de l'étude. Et il est aussi vrai qu'il n'est pas évident que la filière française de retraitement soit la meilleure solution.
Concernant l'extraction de l'uranium océanique : il s'agit essentiellement d'un procédé passif, justement très économe en énergie, et on ne chauffe pas l'eau de mer. Pour simplifier, il s'agit de flotteurs semi-immergés sur le passage d'un courant marin, et qui concentrent certains métaux, dont l'uranium. Les flotteurs sont récupérés plusieurs fois par an, et réutilisés après extraction de l'uranium. Cette voie est surtout étudiée au Japon, et plusieurs procédés ont été évalués.
Pour une référence technique :
http://npc.sarov.ru/english/digest/1320 ... ndix8.html
Un laboratoire français a également fait l'essai dans le Gulf Stream.
Les différentes évaluations, variant au départ de 100$/kg à 1000$/kg, convergent vers un coût de l'ordre de 300$/kg. Ce ne serait donc pas rentable actuellement, mais le deviendrait en cas d'augmentation de la demande, et de plus, celà procurerait une certaine autonomie à un pays comme le Japon.
Cette question de l'uranium océanique est très importante, parce qu'elle redonne bien plus de marge que ne le laisse penser cette étude de déploiement : si nécessaire, on peut continuer plus longtemps avec les filières actuelles, même s'il est souhaitable de développer les R4G pour fermer le cycle du combustible.
Cependant, en y regardant d'un peu près, il y a beaucoup de monde qui a intérêt à minimiser, ou à masquer cette information, ce que rappelle Charpak :
- les gens qui sont contre le nucléaire, pour qui les réserves sont limitées à 40 ans (ce qui est déjà faux, il manque un bout de la phrase : au coût actuel), et pour qui les surgénérateurs relèvent de la science-fiction
- ceux qui travaillent sur les surgénérateurs, en faisant également valoir l'urgence par rapport aux ressources pour obtenir des crédits de recherche
- les exploitants de mines terrestres traditionnelles, qui devraient au minimum changer de technologie, et risquent même de perdre ce marché
On voit que sur cette question de l'évaluation des ressources, et il y beaucoup d'enjeux et d'intérêts contradictoires, et qu'il vaut mieux, autant que possible, chercher des articles techniques de première main pour se faire un idée.
A+
Dire que Superphenix est une réussite technologique, certainement comme proto, mais comme projet industrielle hum !!!:
Selon H. Nifenecker de l'ISN Grenoble:
"en dehors des problèmes administratifs (6ans), elle a fonctionnée 53 mois sur 78 mois, mais la plupart du temps à faible niveau de puissance, 25 mois fermée pour problèmes techniques."
On est très loin d'une exploitation commerciale !!!
Concernant les projets de surgénéateurs en dehors de la France
Selon L'Institut pour la Recherche sur l'Énergie et l'Environnement:
"Les surgénérateurs ont une capacité totale d'environ 2 600 mégawatts soit 0.8% de la production électrique nucleaire mondiale"
"Près de la moitié de la capacité mondiale des surgénérateurs provient d'un seul réacteur, Superphénix en France dont on connais les problèmes techniques"
"Environ 10 pour cent de la capacité mondiale des surgénérateurs est produite, en outre, dans le réacteur de 280 mégawatts de Monju au Japon qui a eu un accident (fuite de sodium) au mois de décembre 1995, huit mois seulement après sa mise en service."
Et ben en effet il reste quelques mise au point à faire !!!!
"La plupart des surgénérateurs, autres que ceux de la France et du Japon, ont fonctionné avec du combustible à l'uranium plutôt qu'avec du plutonium qui est plus difficile à contrôler. Le surgénérateur russe BN600 refroidi au sodium a utilisé principalement comme combustible de l'uranium très enrichi et le BN350 du Kazakstan fonctionne maintenant avec de l'uranium moyennement enrichi."
"La plupart des programmes concernant les surgénérateurs ont été suspendus ou arrêtés à cause des énormes investissements nécessaires et des problèmes de fonctionnement présentés ci-dessus."
Je ne dis pas que c'est une solution absurde et sans avenir, mais la surgénération patine depuis des decennies dans des problèmes techniques plus ou moins importants. Je ne dis pas non plus qu'il faille abandonner le developppement dans cette technologie (tout comme la fusion) mais compter dessus comme une certitude pour 2030 (selon forum gen. 4) me parait un peu optimiste.
Les grands projets prennent toujours du retard...
[quote="aleph0"]Ce rapport n'a pas pour vocation à traiter en détail tous les aspects. Il s'agit surtout de mettre en regard les besoins, les ressources en uranium/thorium, et des solutions techniques. Même s'il reste des problèmes techniques, la faisabilité des surgénérateurs est démontrée depuis longtemps, et il ne faut pas s'arrêter aux problèmes de SuperPhenix (surtout victime d'acharnement politique) qui n'étaient pas insurmontables et auraient été résolus avec le temps : russes et américains ont déjà construit des surgénérateurs, et on évalue aussi d'autres solutions pour remplacer le sodium.
Pour le retraitement, il est bien dit dès le départ que le retraitement ne fait pas partie du périmètre de l'étude. Et il est aussi vrai qu'il n'est pas évident que la filière française de retraitement soit la meilleure solution.
Concernant l'extraction de l'uranium océanique : il s'agit essentiellement d'un procédé passif, justement très économe en énergie, et on ne chauffe pas l'eau de mer. Pour simplifier, il s'agit de flotteurs semi-immergés sur le passage d'un courant marin, et qui concentrent certains métaux, dont l'uranium. Les flotteurs sont récupérés plusieurs fois par an, et réutilisés après extraction de l'uranium. Cette voie est surtout étudiée au Japon, et plusieurs procédés ont été évalués.
Pour une référence technique :
http://npc.sarov.ru/english/digest/132004/appendix8.html
Un laboratoire français a également fait l'essai dans le Gulf Stream.
Les différentes évaluations, variant au départ de 100$/kg à 1000$/kg, convergent vers un coût de l'ordre de 300$/kg. Ce ne serait donc pas rentable actuellement, mais le deviendrait en cas d'augmentation de la demande, et de plus, celà procurerait une certaine autonomie à un pays comme le Japon.
Cette question de l'uranium océanique est très importante, parce qu'elle redonne bien plus de marge que ne le laisse penser cette étude de déploiement : si nécessaire, on peut continuer plus longtemps avec les filières actuelles, même s'il est souhaitable de développer les R4G pour fermer le cycle du combustible.
Cependant, en y regardant d'un peu près, il y a beaucoup de monde qui a intérêt à minimiser, ou à masquer cette information, ce que rappelle Charpak :
- les gens qui sont contre le nucléaire, pour qui les réserves sont limitées à 40 ans (ce qui est déjà faux, il manque un bout de la phrase : au coût actuel), et pour qui les surgénérateurs relèvent de la science-fiction
- ceux qui travaillent sur les surgénérateurs, en faisant également valoir l'urgence par rapport aux ressources pour obtenir des crédits de recherche
- les exploitants de mines terrestres traditionnelles, qui devraient au minimum changer de technologie, et risquent même de perdre ce marché
On voit que sur cette question de l'évaluation des ressources, et il y beaucoup d'enjeux et d'intérêts contradictoires, et qu'il vaut mieux, autant que possible, chercher des articles techniques de première main pour se faire un idée.
A+[/quote]
Dire que Superphenix est une réussite technologique, certainement comme proto, mais comme projet industrielle hum !!!:
Selon H. Nifenecker de l'ISN Grenoble:
"en dehors des problèmes administratifs (6ans), elle a fonctionnée 53 mois sur 78 mois, mais la plupart du temps à faible niveau de puissance, 25 mois fermée pour problèmes techniques."
On est très loin d'une exploitation commerciale !!!
Concernant les projets de surgénéateurs en dehors de la France
Selon L'Institut pour la Recherche sur l'Énergie et l'Environnement:
"Les surgénérateurs ont une capacité totale d'environ 2 600 mégawatts soit 0.8% de la production électrique nucleaire mondiale"
"Près de la moitié de la capacité mondiale des surgénérateurs provient d'un seul réacteur, Superphénix en France dont on connais les problèmes techniques"
"Environ 10 pour cent de la capacité mondiale des surgénérateurs est produite, en outre, dans le réacteur de 280 mégawatts de Monju au Japon qui a eu un accident (fuite de sodium) au mois de décembre 1995, huit mois seulement après sa mise en service."
Et ben en effet il reste quelques mise au point à faire !!!!
"La plupart des surgénérateurs, autres que ceux de la France et du Japon, ont fonctionné avec du combustible à l'uranium plutôt qu'avec du plutonium qui est plus difficile à contrôler. Le surgénérateur russe BN600 refroidi au sodium a utilisé principalement comme combustible de l'uranium très enrichi et le BN350 du Kazakstan fonctionne maintenant avec de l'uranium moyennement enrichi."
"La plupart des programmes concernant les surgénérateurs ont été suspendus ou arrêtés à cause des énormes investissements nécessaires et des problèmes de fonctionnement présentés ci-dessus."
Je ne dis pas que c'est une solution absurde et sans avenir, mais la surgénération patine depuis des decennies dans des problèmes techniques plus ou moins importants. Je ne dis pas non plus qu'il faille abandonner le developppement dans cette technologie (tout comme la fusion) mais compter dessus comme une certitude pour 2030 (selon forum gen. 4) me parait un peu optimiste.
Les grands projets prennent toujours du retard...