par Raminagrobis » 27 juin 2008, 00:10
Quelques remarques aussi sur les chiffres pour le gaz.
Les chiffr'es sur le gaz sont toujours très imprécis, même pour la production, c'est pire que le pétrole. Ca vient probablement des définitions variables : selon qu'on déduise ou pas le gaz réinjecté dans les gisements de pétrole (il faut, puisqu'on peut l'extraire une 2e fois), et le gaz brulés en torchères, selon qu'on compte ou pas les liqudies de gaz naturel (butane, propane, pas toujours enlevés avant emploi du gaz), les gaz non "utiles" (H2S, azote, CO2, importants dans certains gisements)...
Du coup la comparaison entre pays est sans doute plus ou moins faussée...
Ces réserves faites, la production mondiale a augmenté de 2.4%, soit 67 Md de mètres cubes, continuant une longue tendance.
Quand on examine où c'est faite cette augmentation, la grosse surprise c'est que le 1er contributeur n'est autres que les etats-Unis, dont on annonçait depuis des années l'effondrement de la production de gaz. Elle affiche une hausse de 2.9%, soit +22 Gm3. La hausse vient pour l'essentiel des gaz non conventionnel et de l'offshore profonde. Le production canadienne est en baisse, celle du mexique en hausse : ça ce n'est pas étonnant.
Autres contibuteurs majeurs de la hausse : les pays de la mer caspienne et d'asie centrale : 15 Gm3 entre Kazakhstan, Turkmenistan, Azerbaijan, Ouzbékistan. Cette hausse vient en partie de nouveaux gisements de la caspienne, en partie de vieux gisements (au turkménistan). Je pense qu'elle est partiellement du à du gaz associé de gisements de pétrole qui est valorisé alors qu'avant il était brulé en torchère, ce qui dope les stats.
En tout cas, on comprend que l'Europe cherche à s'approvisionner par là (gazoduc nabucco). Notons que le Turkmenistan reste en dessous de sa production de années 80.
En Europe, sans surprise, seule la norvège progresse un peu, elle devrait maintenant entamer un long plateau. L'Union européenne perd encore 6.5% de sa production, soit 13 Gm3, et ne s'autosuffit plus qu'à 35%.
La production russe perd près de 5 Gm3, on ne peut que douter de la capacité de la russie à continuer à approvisionner l'europe, surtout avec sa consommation qui remonte (+6Gm3), ses vieilles centrales nucléaires qui risquent d'être remplacées par des centrales à gaz, et surtout sa volonté d'exporter à l'avenir des dizaines de milliards de mètres cubes par an vers la Chine.
En Afrique, hausse de 9Gm3. on notera une baisse de l'algérie, pour la 3e année consécutive : seulement 83 Gm3 produits, contre 88 deux ans avant (en 2004 donc). L'Algérie aurait-elle passé son pic gazier? Il faudrait se pencher sur la question en détail, étudier la production par gisements, voir quelle est l'ampleur des réserves inexploitées, si la baisse de production n'a pas de raisons techniques/politiques/autres... J'essaierais d'étudier la question, ça risque d'être du boulot. Si l'algérie avait atteind le pic gazier, ce serait peut être la première fois qu'un pays pique pour le gaz avant de piquer pour le pétrole, et ça aurait des implications énormes pour l'Europe.
Sinon, à part ce gros choc, en Afrique on notera que la production Egyptienne contnue d'augmenter mais plus au même rythme qu'avant, et que le nigéria a grandi de 6.5 Gm3 - espérons que ce soit là du gaz auparavent brulé en torchères et mis en valeur.
Au moyen orient, la production augmente fortement (+17 Gm3à, la hausse étant sans surprise dominée par Qatar (+9) suivi de l'Iran et l'Arabie Saoudie. On remarquera que la Syrie baisse de 5% après une hausse continue. Il semble que ce pays vienne de passer son pic gazier, 9 ans après son pic pétrolier. A confirmer bien sur.
Pour la région asie pacigique, +18 Gm3, dont 10 en chine. La Chine continue la folle course en avant de sa production de gaz : elle a doublé en 4 ans! Ce combustible reste très minoritaire dans son mix énergétique, elle en consomme moins que l'Italie, et à peine plus que l'Ukraine (oui , l'Ukraine consomme 64 Gm3 de gaz par an, truc de fou).
Les réserves de la Chine sont sans doute plus grandes que les 1 880 milliards de mètres cubes annoncés, mais à augmenter leur production de 20% par an, il ne fait aucun doute qu'il atteindront rapidement le pic !
Sinon, des hausses un peu partout, Inde, Thailande, Australie, Bangladesh, Vietnam, Birmanie...
Et l'Indonésie qui continue à décliner depuis son pic gazier en 2002. Il reste néanmoins des réserves inexploitées dans l'est du pays et en mer de Natuna. Brunei décline aussi.
En Amérique Latine, il se passe pas grand chose, à part une hausse de production de Trinidad, et le déclin de l'Argentine, qui vient très probablement de passer son pic gazier. Le brésil deviendra un gros producteurs avec ses réserves offshore mais c'est pas pour tout de suite.
Au final, parmis les producteurs significatifs (=qui font plus de 0.5% de la production mondiale) ceux qui semblent être en déclin irreversibles sont :
Surs à 99.9% (déclin fort depuis longtemps) :
Pays-Bas, Royaume-Uni, Ukraine, Allemagne.
Surs à 90% (déclin très récent qui pourrait encore être renversé)
Canada, Indonésie
Peut être mais moins de 50% de chances (déclin récent qui pourrait être accidentel) :
Algérie
Situation ambigue
Russie : énormes réserves inexploitées, mais extrêmement couteuses à mettre en service, gisements déjà exploités en déclin marqué.
Quelques remarques aussi sur les chiffres pour le gaz.
Les chiffr'es sur le gaz sont toujours très imprécis, même pour la production, c'est pire que le pétrole. Ca vient probablement des définitions variables : selon qu'on déduise ou pas le gaz réinjecté dans les gisements de pétrole (il faut, puisqu'on peut l'extraire une 2e fois), et le gaz brulés en torchères, selon qu'on compte ou pas les liqudies de gaz naturel (butane, propane, pas toujours enlevés avant emploi du gaz), les gaz non "utiles" (H2S, azote, CO2, importants dans certains gisements)...
Du coup la comparaison entre pays est sans doute plus ou moins faussée...
Ces réserves faites, la production mondiale a augmenté de 2.4%, soit 67 Md de mètres cubes, continuant une longue tendance.
Quand on examine où c'est faite cette augmentation, la grosse surprise c'est que le 1er contributeur n'est autres que les etats-Unis, dont on annonçait depuis des années l'effondrement de la production de gaz. Elle affiche une hausse de 2.9%, soit +22 Gm3. La hausse vient pour l'essentiel des gaz non conventionnel et de l'offshore profonde. Le production canadienne est en baisse, celle du mexique en hausse : ça ce n'est pas étonnant.
Autres contibuteurs majeurs de la hausse : les pays de la mer caspienne et d'asie centrale : 15 Gm3 entre Kazakhstan, Turkmenistan, Azerbaijan, Ouzbékistan. Cette hausse vient en partie de nouveaux gisements de la caspienne, en partie de vieux gisements (au turkménistan). Je pense qu'elle est partiellement du à du gaz associé de gisements de pétrole qui est valorisé alors qu'avant il était brulé en torchère, ce qui dope les stats.
En tout cas, on comprend que l'Europe cherche à s'approvisionner par là (gazoduc nabucco). Notons que le Turkmenistan reste en dessous de sa production de années 80.
En Europe, sans surprise, seule la norvège progresse un peu, elle devrait maintenant entamer un long plateau. L'Union européenne perd encore 6.5% de sa production, soit 13 Gm3, et ne s'autosuffit plus qu'à 35%.
La production russe perd près de 5 Gm3, on ne peut que douter de la capacité de la russie à continuer à approvisionner l'europe, surtout avec sa consommation qui remonte (+6Gm3), ses vieilles centrales nucléaires qui risquent d'être remplacées par des centrales à gaz, et surtout sa volonté d'exporter à l'avenir des dizaines de milliards de mètres cubes par an vers la Chine.
En Afrique, hausse de 9Gm3. on notera une baisse de l'algérie, pour la 3e année consécutive : seulement 83 Gm3 produits, contre 88 deux ans avant (en 2004 donc). [b]L'Algérie aurait-elle passé son pic gazier?[/b] Il faudrait se pencher sur la question en détail, étudier la production par gisements, voir quelle est l'ampleur des réserves inexploitées, si la baisse de production n'a pas de raisons techniques/politiques/autres... J'essaierais d'étudier la question, ça risque d'être du boulot. Si l'algérie avait atteind le pic gazier, ce serait peut être la première fois qu'un pays pique pour le gaz avant de piquer pour le pétrole, et ça aurait des implications énormes pour l'Europe.
Sinon, à part ce gros choc, en Afrique on notera que la production Egyptienne contnue d'augmenter mais plus au même rythme qu'avant, et que le nigéria a grandi de 6.5 Gm3 - espérons que ce soit là du gaz auparavent brulé en torchères et mis en valeur.
Au moyen orient, la production augmente fortement (+17 Gm3à, la hausse étant sans surprise dominée par Qatar (+9) suivi de l'Iran et l'Arabie Saoudie. On remarquera que la Syrie baisse de 5% après une hausse continue. Il semble que ce pays vienne de passer son pic gazier, 9 ans après son pic pétrolier. A confirmer bien sur.
Pour la région asie pacigique, +18 Gm3, dont 10 en chine. La Chine continue la folle course en avant de sa production de gaz : elle a doublé en 4 ans! Ce combustible reste très minoritaire dans son mix énergétique, elle en consomme moins que l'Italie, et à peine plus que l'Ukraine (oui , l'Ukraine consomme 64 Gm3 de gaz par an, truc de fou).
Les réserves de la Chine sont sans doute plus grandes que les 1 880 milliards de mètres cubes annoncés, mais à augmenter leur production de 20% par an, il ne fait aucun doute qu'il atteindront rapidement le pic !
Sinon, des hausses un peu partout, Inde, Thailande, Australie, Bangladesh, Vietnam, Birmanie...
Et l'Indonésie qui continue à décliner depuis son pic gazier en 2002. Il reste néanmoins des réserves inexploitées dans l'est du pays et en mer de Natuna. Brunei décline aussi.
En Amérique Latine, il se passe pas grand chose, à part une hausse de production de Trinidad, et le déclin de l'Argentine, qui vient très probablement de passer son pic gazier. Le brésil deviendra un gros producteurs avec ses réserves offshore mais c'est pas pour tout de suite.
Au final, parmis les producteurs significatifs (=qui font plus de 0.5% de la production mondiale) ceux qui semblent être en déclin irreversibles sont :
Surs à 99.9% (déclin fort depuis longtemps) :
Pays-Bas, Royaume-Uni, Ukraine, Allemagne.
Surs à 90% (déclin très récent qui pourrait encore être renversé)
Canada, Indonésie
Peut être mais moins de 50% de chances (déclin récent qui pourrait être accidentel) :
Algérie
Situation ambigue
Russie : énormes réserves inexploitées, mais extrêmement couteuses à mettre en service, gisements déjà exploités en déclin marqué.