Comment les États-Unis ont dupé l’Iran et le monde pour surprendre avec leurs frappes
Techniques de diversion, furtivité et secret total des manœuvres ont été les ingrédients clés pour surprendre les systèmes de défense iraniens lors de l’attaque.
Par Maxime Birken avec AFP 23 juin 2025

Durant une conférence de presse au Pentagone, le chef d’État-major de l’armée américaine a dévoilé plus de détails sur l’attaque.
INTERNATIONAL - La duperie du « Marteau de minuit ». Durant l’opération militaire menée par les États-Unis pour attaquer l’Iran en soutien de son allié israélien, les Américains ne se sont pas contentés de frapper les sites nucléaires de Fordo, Natanz et d’Ispahan de manière frontale.
Car avant l’annonce des frappes contre les principales installations d’enrichissement nucléaire de l’Iran par le président américain Donald Trump samedi, de nombreuses tactiques de diversion avaient été mises en place pour duper l’Iran. Et tous les autres acteurs du conflit soucieux de surveiller l’activité militaire américaine.
Selon les détails fournis ce dimanche 22 juin par le chef d’état-major américain, le général Dan Caine, plusieurs bombardiers furtifs B-2 ont décollé dans la nuit de vendredi à samedi de leur base aux États-Unis. Sans forcément tous prendre la direction de l’Iran.
« Dans le cadre d’un plan visant à maintenir la surprise tactique, une partie de l’ensemble s’est dirigée vers l’ouest et le Pacifique comme un leurre », a-t-il exposé. Ce plan de diversion a été tenu secret auprès du plus grand nombre pour s’assurer de l’efficacité de la tactique. La duperie était « connue seulement d’un très petit nombre de planificateurs et de dirigeants clés ici à Washington et à Tampa », le quartier général du Centcom, en charge du Moyen-Orient, a précisé le général.
« Vers l’ouest et le Pacifique »
Selon les détails fournis par le New York Times, les bombardiers servant de leurres ont quitté le Missouri « de manière que les systèmes de suivi des vols puissent les surveiller samedi ». Une méthode suffisante pour donner une « impression erronée, aux nombreux observateurs et probablement à l’Iran, quant au moment et à la trajectoire de l’attaque, qui viendrait d’une direction totalement différente ».
D’ailleurs le quotidien américain affirme que le plan de frappe américain était « en grande partie en place » lorsque Donald Trump a déclaré jeudi dernier qu’il se laissait une latitude de deux semaines pour décider de participer ou non aux frappes sur l’Iran.
Alors que ces fameux leurres s’en allaient « vers l’ouest et le Pacifique », discrètement, le groupe de frappe principal (composé de 7 bombardiers B-2 Spirit chacun avec deux membres d’équipage) s’est dirigé vers l’est en se servant au minimum des communications. Pour rester discret tout au long des 18 heures de vol vers la zone cible, les avions ont aussi effectué de multiples ravitaillements en vol.
Devant des journalistes réunis au Pentagone, Dan Cain a également prouvé le succès de cette opération furtive en expliquant, selon Reuters, que les Iraniens n’avaient pas réussi à tirer une seule fois sur les avions américains. « Les chasseurs iraniens n’ont pas volé, et il semble que leurs systèmes de missiles sol-air ne nous aient pas repérés pendant toute la mission », a-t-il assuré. « Nous avons conservé l’effet de surprise. »
Chorégraphie minutieusement planifiée
Durant l’opération baptisée « Marteau de minuit », les Américains se sont également servis d’un sous-marin américain situé dans la zone de responsabilité du commandement central, qui a lancé plus de deux douzaines de missiles de croisière d’attaque terrestre Tomahawk contre des cibles clés de l’infrastructure de surface à Ispahan. « Les missiles Tomahawk ont été les derniers à frapper Ispahan, afin de conserver l’élément de surprise tout au long de l’opération », a d’ailleurs glissé le général, parlant d’une chorégraphie minutieusement planifiée dans le secret le plus total.
Pour prouver définitivement le caractère particulièrement secret de cette manœuvre militaire, le ministre de la Défense Pete Hegseth a confié lors de cette même conférence de presse que le Congrès avait été notifié des frappes une fois les avions hors de l’espace aérien iranien. Jamais avant.
Selon Reuters, la complexité et la longueur de l’opération en font une attaque historique à plus d’un titre. Car il s’agit de la plus grande frappe opérationnelle jamais menée par des bombardiers furtifs B-2, et de la deuxième plus longue opération B-2 jamais menée. Seules les opérations américaines menées après les attentats du 11 septembre 2001 avaient été plus longues.