Tarmac Aerosave renforce ses capacités de stockage d'avions en France et en Espagne
MARINA ANGEL Usine Nouvelle le 22/05/2020
Face à la crise sanitaire qui cloue au sol les flottes aériennes du monde entier, le spécialiste français du stockage, de la maintenance et du recyclage des avions, Tarmac Aerosave, met un coup d'accélérateur sur ses capacités d'accueil à Tarbes (Hautes-Pyrénées) et Teruel (Espagne). L'ouverture de nouveaux sites est à l'étude.
Spécialisé dans le démantèlement d’avions en fin de vie et le stockage d'appareils avec maintien en conditions de vol, Tarmac Aerosave, qui développe aussi depuis peu de nouvelles activités de maintenance, a dû réorganiser très vite ses activités pour répondre aux besoins des compagnies aériennes.
"La crise sanitaire a cloué au sol une partie de la flotte mondiale et les compagnies aériennes, après avoir trouvé des solutions souvent provisoires sur les plateformes aéroportuaires du monde entier cherchent des solutions de stockage plus pérennes", explique Patrick Lecer, président de Tarmac Aerosave. En quelques semaines, la société, basée à la fois à Tarbes (où sont implantés le siège et le site historique de l'entreprise), dans les Hautes-Pyrénées, à Cugnaux, sur la zone d'activités aéronautique de Francazal, près de Toulouse (Haute-Garonne) et à Teruel, en Espagne, a fait de la place sur ses trois sites pour élargir ses capacités d'accueil et de stockage longue durée.
Une augmentation de 25 % de la capacité d'accueil
Une opportunité pour l'entreprise, dont les opérations, moins urgentes, de démantèlement et de maintenance, ont été reportées. "Nos capacités totales de stockage d'avions ont ainsi été augmentées de 25 %, pour être portées globalement à 250 positions, tout en assurant à nos clients un maintien en conditions opérationnelles de leurs appareils et des solutions adaptées pour leur garantir des remises en service dès la reprise du trafic" précise Patrick Lecer.
A fin décembre 2019, la flotte stockée sur les trois sites de Tarmac Aerosave était de 150 avions. A mi-mai 2020, elle avoisine les 190 appareils (100 à Teruel, 60 à Tarbes, 30 à Francazal) et d'ici fin juin 2020, elle devrait atteindre entre 230 et 240 avions, soit pas loin de 90 % des capacités d'accueil. "Et les demandes continuent d'affluer, d'autant que la reprise des vols sur certains aéroports, même à minima, va nécessiter de libérer des emplacements occupés provisoirement par des appareils bloqués au sol et que pour certains, les délais de stockage risquent de s'allonger", souligne Patrick Lecer. Les besoins sont tels que la société prévoit d'accélérer des projets d'extension.
Des extensions à Tarbes et Teruel et de nouveaux sites à l'étude
Un premier schéma d'extension a été adopté pour Tarbes et Teruel. Il prévoit l'aménagement global d'une quinzaine d'hectares supplémentaires pour proposer une cinquantaine de postes de stockage en plus : 20 à Tarbes et 30 à Teruel. Les deux chantiers seront conduits dans le même calendrier, portés chacun par les collectivités locales concernées, pour globalement un peu plus de 5 millions d'euros. Ils devraient être lancés dès fin 2020 pour une livraison attendue pour l'été 2021. Une seconde phase pourrait être engagée dans la foulée, à la fois sur Tarbes et sur Teruel. Des réflexions sont en cours pour trouver de nouveaux terrains disponibles à proximité immédiate des deux sites.
A plus court terme, Tarmac Aerosave étudie aussi l'ouverture de nouveaux sites, dans le cadre de négociations, dont certaines sont déjà très avancées, avec plusieurs plateformes aéroportuaires en Europe. Un premier accord pourrait être officialisé dès le mois de juin 2020. "Nous devons faire vite. De nombreuses compagnies, dont certaines compagnies asiatiques, souhaitent faire appel à nos services et nous devons aussi anticiper une hausse des demandes de la part des sociétés de leasing", insiste Patrick Lecer.
Si les activités de maintenance ont été mises au ralenti au profit du stockage d'avions, Tarmac Aerosave a néanmoins réalisé sur son site de Tarbes sa toute première "Check B" (visite intermédiaire) sur un Airbus A380, pour le compte d'HiFly. L'appareil a été relivré le 30 avril. © Tarmac Aerosave
Moins de 10 % des effectifs en chômage partiel
L'enjeu est d'autant plus important que cette activité de stockage mobilise non seulement l'ensemble des surfaces disponibles, mais aussi les équipes. Les avions, quel que soit la période d'immobilisation, bénéficient dès leur arrivée de mesures de protection des parties sensibles (étanchéité des moteurs, trains, sondes...), d'une vidange des fluides, d'un emplacement "en dur" sur un parking adapté à son tonnage et de visites régulières de contrôle, quotidiennes, hebdomadaires ou mensuelles. "Stocker des avions est un métier", souligne Patrick Lecer. Si le ralentissement, voire l'arrêt, de certaines activités de maintenance et de déconstruction aura un impact sur le chiffre d'affaires de l'entreprise (avec une baisse de l'ordre de 40 % enregistrée sur les mois d'avril et de mai), moins de 10 % des effectifs ont été mis en chômage partiel au tout début du confinement et depuis, tout le monde a repris le travail (ou le télétravail pour certains postes administratifs).
"Même si nous manquons de visibilité pour les prochains mois, nous n'envisageons à l'heure actuelle aucune suppression de poste et certains recrutements sur des métiers très en tension sont même encore à l'ordre du jour", tient à ajouter Patrick Lecer. Une dizaine de postes d'ingénieurs aéronautiques ou mécaniciens avions sont ainsi à pourvoir d'ici fin 2020.
Filiale commune à Airbus, Safran et Suez, Tarmac Aerosave emploie 360 salariés (190 à Tarbes, 130 à Teruel et 35 à Cugnaux) et a réalisé en 2019 un chiffre d'affaires de 50 millions d'euros, contre 45 millions en 2018.