par energy_isere » 02 juin 2025, 08:22
L'objectif de décarbonation de l'aérien "en péril", selon les compagnies
Connaissance des Énergies avec AFP le 01 juin 2025
Objectif emblématique du secteur aérien, sa décarbonation à l'horizon 2050 s'avère aujourd'hui "en péril" en raison des politiques climatosceptiques, dont celle de Donald Trump, a prévenu dimanche la principale association de compagnies, l'Iata.
L'émergence de dirigeants privilégiant les énergies fossiles et des reculs réglementaires récents constituent "évidemment un revers", a déclaré la vice-présidente de l'Iata chargée du développement durable, Marie Owens Thomsen.
"Je ne pense pas toutefois que cela va arrêter ou faire régresser" les efforts pour un secteur aérien décarboné, a ajouté Mme Owens Thomsen lors d'une conférence de presse à New Delhi, où l'Iata organise jusqu'à mardi des réunions, dont son assemblée générale annuelle lundi.
Mais "cela va ralentir les progrès. Vous pourriez dire que c'est déjà une mauvaise chose, et l'échéance de 2050 arrive très vite. Donc cela met en péril le succès à l'horizon 2050", a-t-elle ajouté.
- Investissements -
M. Trump a fait de la relance des énergies fossiles l'une des pierres d'angle du début de son mandat, à rebours de son prédécesseur démocrate Joe Biden qui avait massivement soutenu la production de carburants d'aviation renouvelables (SAF, leur acronyme en anglais) par des crédits d'impôt.
"Il y a un autre problème, c'est que le pétrole est très bon marché", a ajouté la responsable de l'Iata, pour qui "cela réduit la perception de l'urgence" d'une transition énergétique dans l'aérien.
Le baril de Brent s'échange actuellement sous les 65 dollars, résultat des guerres commerciales de M. Trump, de son appel à "forer à tout-va" et d'une hausse des quotas de l'Opep+. Une aubaine dans l'immédiat pour les compagnies aériennes, dont les coûts de carburant représentent entre un quart et un tiers des dépenses d'exploitation.
Aujourd'hui responsable de 2,5 à 3% des émissions mondiales de CO2, le secteur aérien ne doit plus contribuer en 2050 au réchauffement climatique, ont décidé en 2022 les 193 Etats de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), une agence de l'ONU.
Cet objectif nécessitera des investissements colossaux, de l'ordre de plusieurs milliers de milliards de dollars. Pour parvenir à "zéro émission nette" d'ici au milieu du siècle, les compagnies comptent à 65% sur des SAF, selon l'Iata.
Ces carburants, élaborés à partir de biomasse, d'huiles usagées et même, à l'avenir, de capture de CO2, ont l'avantage de pouvoir être utilisés directement dans les avions actuels, certifiés pour accepter des mélanges à 50% dans le kérosène fossile. Et ils peuvent réduire les émissions de CO2 de 80% par rapport au kérosène sur l'ensemble de leur cycle d'utilisation, selon l'organisation.
- "A notre portée" -
Cependant, ces produits sont encore trois à quatre fois plus chers que le kérosène issu du pétrole. L'Union européenne, notamment, a fixé des mandats d'incorporation graduels de SAF dans le kérosène, actuellement à 2% et censés passer à 6% en 2030.
Mme Owens Thomsen a estimé dimanche à 4.700 milliards de dollars les investissements nécessaires à la mise en place de filières de SAF capables de répondre aux besoins du transport aérien en la matière d'ici à 2050.
Mais "c'est totalement à notre portée", a-t-elle insisté, les matières premières et la technologie existent déjà et doivent simplement être développées.
"Et l'argent dont on parle est très comparable à celui qui a été consacré à la création de filières d'autres énergies" comme le solaire et l'éolien, a-t-elle argumenté.
Rien qu'en cessant de subventionner les producteurs de pétrole, actuellement à hauteur de 1.000 milliards de dollars par an, selon elle, "nous pourrions parvenir à notre transition énergétique en cinq ans".
Dimanche, l'Iata a par ailleurs indiqué s'attendre à ce que la production mondiale de SAF double cette année par rapport à 2024, à 2,5 milliards de litres, une révision en légère baisse par rapport à ses précédentes projections (2,7 milliards).
Mais "cela représente seulement 0,7% des besoins totaux de l'aviation", a noté le directeur général de l'association, Willie Walsh.
Ce dernier a aussi mis en cause l'imposition par l'Europe de mandats d'incorporation supérieurs aux capacités des producteurs, qui répercutent ensuite, selon lui, les amendes sur leurs clients. Résultat, les tarifs du SAF ont doublé en Europe, et "c'est inacceptable", a affirmé le patron de l'Iata.
https://www.connaissancedesenergies.org ... ies-250601
[quote][b][size=110] L'objectif de décarbonation de l'aérien "en péril", selon les compagnies[/size][/b]
Connaissance des Énergies avec AFP le 01 juin 2025
Objectif emblématique du secteur aérien, sa décarbonation à l'horizon 2050 s'avère aujourd'hui "en péril" en raison des politiques climatosceptiques, dont celle de Donald Trump, a prévenu dimanche la principale association de compagnies, l'Iata.
L'émergence de dirigeants privilégiant les énergies fossiles et des reculs réglementaires récents constituent "évidemment un revers", a déclaré la vice-présidente de l'Iata chargée du développement durable, Marie Owens Thomsen.
"Je ne pense pas toutefois que cela va arrêter ou faire régresser" les efforts pour un secteur aérien décarboné, a ajouté Mme Owens Thomsen lors d'une conférence de presse à New Delhi, où l'Iata organise jusqu'à mardi des réunions, dont son assemblée générale annuelle lundi.
Mais "cela va ralentir les progrès. Vous pourriez dire que c'est déjà une mauvaise chose, et l'échéance de 2050 arrive très vite. Donc cela met en péril le succès à l'horizon 2050", a-t-elle ajouté.
[b]- Investissements -[/b]
M. Trump a fait de la relance des énergies fossiles l'une des pierres d'angle du début de son mandat, à rebours de son prédécesseur démocrate Joe Biden qui avait massivement soutenu la production de carburants d'aviation renouvelables (SAF, leur acronyme en anglais) par des crédits d'impôt.
"Il y a un autre problème, c'est que le pétrole est très bon marché", a ajouté la responsable de l'Iata, pour qui "cela réduit la perception de l'urgence" d'une transition énergétique dans l'aérien.
Le baril de Brent s'échange actuellement sous les 65 dollars, résultat des guerres commerciales de M. Trump, de son appel à "forer à tout-va" et d'une hausse des quotas de l'Opep+. Une aubaine dans l'immédiat pour les compagnies aériennes, dont les coûts de carburant représentent entre un quart et un tiers des dépenses d'exploitation.
Aujourd'hui responsable de 2,5 à 3% des émissions mondiales de CO2, le secteur aérien ne doit plus contribuer en 2050 au réchauffement climatique, ont décidé en 2022 les 193 Etats de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), une agence de l'ONU.
Cet objectif nécessitera des investissements colossaux, de l'ordre de plusieurs milliers de milliards de dollars. Pour parvenir à "zéro émission nette" d'ici au milieu du siècle, les compagnies comptent à 65% sur des SAF, selon l'Iata.
Ces carburants, élaborés à partir de biomasse, d'huiles usagées et même, à l'avenir, de capture de CO2, ont l'avantage de pouvoir être utilisés directement dans les avions actuels, certifiés pour accepter des mélanges à 50% dans le kérosène fossile. Et ils peuvent réduire les émissions de CO2 de 80% par rapport au kérosène sur l'ensemble de leur cycle d'utilisation, selon l'organisation.
[b]- "A notre portée" -[/b]
Cependant, ces produits sont encore trois à quatre fois plus chers que le kérosène issu du pétrole. L'Union européenne, notamment, a fixé des mandats d'incorporation graduels de SAF dans le kérosène, actuellement à 2% et censés passer à 6% en 2030.
Mme Owens Thomsen a estimé dimanche à 4.700 milliards de dollars les investissements nécessaires à la mise en place de filières de SAF capables de répondre aux besoins du transport aérien en la matière d'ici à 2050.
Mais "c'est totalement à notre portée", a-t-elle insisté, les matières premières et la technologie existent déjà et doivent simplement être développées.
"Et l'argent dont on parle est très comparable à celui qui a été consacré à la création de filières d'autres énergies" comme le solaire et l'éolien, a-t-elle argumenté.
Rien qu'en cessant de subventionner les producteurs de pétrole, actuellement à hauteur de 1.000 milliards de dollars par an, selon elle, "nous pourrions parvenir à notre transition énergétique en cinq ans".
Dimanche, l'Iata a par ailleurs indiqué s'attendre à ce que la production mondiale de SAF double cette année par rapport à 2024, à 2,5 milliards de litres, une révision en légère baisse par rapport à ses précédentes projections (2,7 milliards).
Mais "cela représente seulement 0,7% des besoins totaux de l'aviation", a noté le directeur général de l'association, Willie Walsh.
Ce dernier a aussi mis en cause l'imposition par l'Europe de mandats d'incorporation supérieurs aux capacités des producteurs, qui répercutent ensuite, selon lui, les amendes sur leurs clients. Résultat, les tarifs du SAF ont doublé en Europe, et "c'est inacceptable", a affirmé le patron de l'Iata.
[/quote]
https://www.connaissancedesenergies.org/afp/lobjectif-de-decarbonation-de-laerien-en-peril-selon-les-compagnies-250601