Après l’hydrogène, Alstom va produire des trains électriques à batterie
OLIVIER COGNASSE Usine Nouvelle 05/02/2020
BONNE NOUVELLE Alstom vient de remporter un contrat pour fabriquer et maintenir onze trains électriques à batterie pour la ligne Leipzig-Chemnitz en Allemagne. Une première qui permet au constructeur français de proposer toute la palette des systèmes de traction.
On croyait qu’Alstom s’était engouffré dans le train à hydrogène... et voilà qu’il se lance aussi dans la production de trains électriques à batterie. Il vient de signer un contrat de près de 100 millions d’euros avec VMS (Verkehrsverbund Mittelsachsen) et ZVNL (Zweckverband für den Nahverkehrsraum Leipzig), les deux autorités responsables de cette ligne, pour livrer en 2023, onze trains électriques à batterie Coradia Continental pour la ligne Leipzig-Chemnitz en Allemagne.
Alstom va produire ces trains dans son usine allemande de Salzgitter, en Basse-Saxe. Les sous-systèmes de traction à batterie seront conçus et fournis par l’usine de Tarbes (Hautes-Pyrénées). Les livraisons commenceront début 2023 pour une mise en service en décembre de la même année. Alstom assurera la maintenance jusqu’en 2032.
En 2014, Alstom avait signé un contrat avec VMS pour la livraison de 29 trains régionaux électriques (EMU) Coradia Continental. Les futurs trains proviennent de la même gamme, ce qui permettra d’optimiser la maintenance.
Hydrogène et batteries pour verdir le ferroviaire
Le constructeur français a donc décidé de se lancer sur ce marché des trains à batterie après avoir privilégié l’hydrogène et souvent critiqué la technologie concurrente défendue par son (toujours) concurrent Bombardier. Pourquoi ? "Nous sommes dans la continuité de notre stratégie, se défend Brahim Soua, Vice-Président de la plateforme régionale d’Alstom. Alstom est fournisseur de solutions et pas de technologies. Nous avons plutôt privilégié l’hydrogène dans un premier temps, car il demandait plus de recherches. Aujourd’hui, les deux trains en pré-série qui roulent en Allemagne ont déjà effectué 200 000 kilomètres. En parallèle, on travaille sur la batterie, car les deux technologies sont nécessaires pour verdir les parcs de trains."
Pour les lignes non électrifiées sur plus de 150 kilomètres, la technologie de la pile à combustible est sans aucun doute la mieux adaptée, mais produire un hydrogène totalement vert est encore très onéreux. "En fait, il faut regarder le prix de l’hydrogène et de l’électricité dans le pays concerné, le niveau d’électrification de la ligne...", précise Brahim Soua.
Sur chaque train,
il y aura deux coffres de batteries pour un poids total de sept tonnes. Les trains Coradia Continental BEMU pourront rouler 120 kilomètres sans caténaire à une vitesse de 160 km/h. Cette technologie est destinée essentiellement à des lignes partiellement électrifiées, où les batteries peuvent être rechargées sur les parties équipées de caténaires, ainsi que dans des stations de recharge en gare.
Ces trains seront composés de trois voitures mesurant 56 mètres de long et pouvant accueillir 150 voyageurs assis. D’autres appels d’offres verront le jour prochainement outre-Rhin. En France, cette technologie pourrait être adaptée aux Regiolis, car de nombreuses lignes de TER ne sont que partiellement électrifiées.
Reste à savoir si les bruits insistants d’une acquisition par Alstom des activités ferroviaires de Bombardier ne rebattront pas les cartes sur cette technologie...