par energy_isere » 31 août 2011, 21:16
Les voitures GPL victimes de la mort du bonus de 2000 euros
Rigueur budgétaire et coup de rabot fiscal sont les principales causes de la chute du marché du GPL au premier semestre. Pourtant, les acteurs de la filière ne perdent pas espoir.
Depuis le 1er janvier 2011, le bonus spécifique de 2000 euros pour l’achat d’un véhicule fonctionnant au gaz de pétrole liquéfié (GPL) n’existe plus. Résultat : le marché a chuté drastiquement, passant de 5 à 6000 unités par mois en 2010 à environ 100 à 200 actuellement, selon les données du Comité Français du Butane et du Propane (CFBP).
Les constructeurs sont les premiers à avoir ressenti cet effondrement. Chez Dacia, les Logan ou autres Sandero roulant au GPL représentaient 40% du marché de la marque alliée à Renault en juillet 2010. Un an plus tard, le chiffre est tombé à 6%. Même tendance chez le constructeur français, les ventes ont chuté de 61% sur les six premiers mois de l’année.
Corrélation évidente
"La fin du bonus a été brutale, selon le responsable marketing d’Opel, David Bucher. Une sortie en douceur comme celle de la prime à la casse aurait été vraiment préférable". Pour Joël Pedessac, directeur général du Comité Français du Butane et du Propane (CFBP), qui représente les distributeurs de gaz, la corrélation est évidente entre la fin du bonus et la chute du marché. "Jusqu’au 31 mars, le marché a encore profité des effets du bonus, précise-t-il. Mais malgré les anticipations, le deuxième trimestre a été fatal et nous sommes de retour à une situation de morne plaine comme entre 2002 et 2008". C’est en effet à compter de cette date que le bonus de 2000 euros a été mis en place. Une manière de soutenir un marché alors en berne. Car depuis 1979 et son lancement en France, ce type de motorisation n’a pas toujours rencontré le succès escompté.
Segment mouvementé
A son démarrage, l’Etat a aidé ce segment avec une fiscalité avantageuse. Mais dès 1985 et l’assaut de PSA Peugeot Citroën pour une taxation spécifique au diesel, le GPL a vu son marché s’effondrer. Il a fallu attendre 1996 et un nouveau coup de pouce de l’Etat pour redoper le marché. Pour atteindre 75 000 unités vendues environ l’année dernière. Un chiffre proche des espoirs des constructeurs pendant plusieurs années. En effet, ils tablaient sur un segment d’environ 5 à 10% du marché total. "On aurait pu l’atteindre, comme en Italie ou en Allemagne, si le bonus n’avait pas été supprimé", assure le directeur général. Oui, mais en 2010, force était aussi de constater que le gouvernement était à la recherche d’économies. Il a notamment lancé un coup de rabot de 10% sur de nombreuses niches fiscales. "Nous avions proposé la même chose pour la filière GPL. Mais le gouvernement ne nous a pas suivis et a tout supprimé", explique le directeur général.
Une situation qui a, selon Joël Pedessac, mis à mal l’usine Renault de Dieppe, spécialisée dans la production de motorisations GPL. Elle est affectée par des périodes de chômage technique. Pour l'heure, la direction de Renault n'a pas commenté cette information à L'Usine Nouvelle. "Le gouvernement a pris de court tous les constructeurs, car en principe le bonus devait être attribué jusqu’en 2012", précise le directeur général de CFBP.
Euro 5 : entre contrainte et avantage
Si la fin du bonus est à 90% le motif de chute du marché, un autre problème s’y est ajouté : le passage à la norme Euro 5. Pour des raisons environnementales, les constructeurs ont été contraints d’adapter l’ensemble de leur gamme à cette norme européenne. "Et les véhicules essence et diesel sont passés en priorité pour être prêts au 1er janvier 2011, précise Joël Pedessac. D’où une période de creux en terme d’offres pour ceux fonctionnant au GPL".
Cette norme Euro 5, très contraignante pour les véhicules diesel, est désormais vue comme un atout pour les acteurs du marché. Car malgré toutes ces nouvelles plutôt négatives, ils veulent encore croire en l’avenir du GPL. "Face aux véhicules essence ou diesel, ce type de carburant est moins onéreux et a davantage d’intérêts environnementaux", explique le directeur général. Actuellement, le litre de gazole se vend autour de 1,32 euro, et celui d’essence autour de 1,5 euro. Soit des prix supérieurs à celui du GPL, délivré pour 86 centimes.
Un marché diversifié
Les constructeurs n’ont même pas l’air de craindre l’arrivée prochaine des véhicules électriques sur le marché automobile français. « Le GPL a là encore un atout : son réseau de distribution qui existe déjà largement », précise le responsable marketing d’Opel. Et ce, contrairement aux stations de recharge des véhicules électriques. Le directeur général CFBP prédit d’ailleurs qu’à terme le véhicule électrique subisse les mêmes restrictions que celui fonctionnant au GPL. "Si l’Etat veut économiser, il va vite arrêter de distribuer 5000 euros de prime pour l’achat d’un véhicule électrique", pense-t-il.
Pour Opel, la voiture roulant au GPL fait partie d’un ensemble de solutions de mobilité (E85, GNV, systèmes écoflex), mais à laquelle le constructeur s’accroche. "C’est par une combinaison de solutions que nous pouvons avancer, selon David Bucher. Développer des véhicules au GPL est une vraie stratégie". Tout comme le véhicule électrique d’ailleurs. Mais selon lui, "90% du marché ne pourra pas être électrique. Notamment parce que les technologies sont onéreuses et que sa maintenance est plus complexe que sur d’autres véhicules, dont ceux roulant au GPL". "Sans compter qu’un acheteur de voitures GPL ne sera pas forcément tenté par le véhicule électrique, notamment au regard du prix", renchérit Joël Pedessac.
Résistance
En attendant ce nouveau marché, les constructeurs tentent de résister à la chute du segment. Dacia a révisé son offre, en la réduisant de 700 euros par rapport aux modèles de 2010. Chez Opel, on s’apprête à lancer une nouvelle Corsa motorisée en version GPL. Et on tente de convertir les entreprises. "Il y a une sorte de blocage actuellement, car les cartes de carburant dans les entreprises ne permettent pas toujours d’aller dans une station délivrant du GPL, explique le responsable. Et il y a aussi un souci fonctionnel : de nombreux parkings ont un panneau "interdit aux véhicules GPL" à leur entrée. Une question d’équipements de soupapes. Sauf que c’est une règle qui n’est plus en vigueur depuis plus de 10 ans. Il y a donc aussi toute une politique à faire… ».
http://www.usinenouvelle.com/article/le ... os.N157722
[quote] [b] Les voitures GPL victimes de la mort du bonus de 2000 euros [/b]
Rigueur budgétaire et coup de rabot fiscal sont les principales causes de la chute du marché du GPL au premier semestre. Pourtant, les acteurs de la filière ne perdent pas espoir.
Depuis le 1er janvier 2011, le bonus spécifique de 2000 euros pour l’achat d’un véhicule fonctionnant au gaz de pétrole liquéfié (GPL) n’existe plus. [color=#FF0000]Résultat : le marché a chuté drastiquement, passant de 5 à 6000 unités par mois en 2010 à environ 100 à 200 actuellement[/color], selon les données du Comité Français du Butane et du Propane (CFBP).
Les constructeurs sont les premiers à avoir ressenti cet effondrement. Chez Dacia, les Logan ou autres Sandero roulant au GPL représentaient 40% du marché de la marque alliée à Renault en juillet 2010. Un an plus tard, le chiffre est tombé à 6%. Même tendance chez le constructeur français, les ventes ont chuté de 61% sur les six premiers mois de l’année.
Corrélation évidente
"La fin du bonus a été brutale, selon le responsable marketing d’Opel, David Bucher. Une sortie en douceur comme celle de la prime à la casse aurait été vraiment préférable". Pour Joël Pedessac, directeur général du Comité Français du Butane et du Propane (CFBP), qui représente les distributeurs de gaz, la corrélation est évidente entre la fin du bonus et la chute du marché. "Jusqu’au 31 mars, le marché a encore profité des effets du bonus, précise-t-il. Mais malgré les anticipations, le deuxième trimestre a été fatal et nous sommes de retour à une situation de morne plaine comme entre 2002 et 2008". C’est en effet à compter de cette date que le bonus de 2000 euros a été mis en place. Une manière de soutenir un marché alors en berne. Car depuis 1979 et son lancement en France, ce type de motorisation n’a pas toujours rencontré le succès escompté.
Segment mouvementé
A son démarrage, l’Etat a aidé ce segment avec une fiscalité avantageuse. Mais dès 1985 et l’assaut de PSA Peugeot Citroën pour une taxation spécifique au diesel, le GPL a vu son marché s’effondrer. Il a fallu attendre 1996 et un nouveau coup de pouce de l’Etat pour redoper le marché. Pour atteindre 75 000 unités vendues environ l’année dernière. Un chiffre proche des espoirs des constructeurs pendant plusieurs années. En effet, ils tablaient sur un segment d’environ 5 à 10% du marché total. "On aurait pu l’atteindre, comme en Italie ou en Allemagne, si le bonus n’avait pas été supprimé", assure le directeur général. Oui, mais en 2010, force était aussi de constater que le gouvernement était à la recherche d’économies. Il a notamment lancé un coup de rabot de 10% sur de nombreuses niches fiscales. "Nous avions proposé la même chose pour la filière GPL. Mais le gouvernement ne nous a pas suivis et a tout supprimé", explique le directeur général.
Une situation qui a, selon Joël Pedessac, mis à mal l’usine Renault de Dieppe, spécialisée dans la production de motorisations GPL. Elle est affectée par des périodes de chômage technique. Pour l'heure, la direction de Renault n'a pas commenté cette information à L'Usine Nouvelle. "Le gouvernement a pris de court tous les constructeurs, car en principe le bonus devait être attribué jusqu’en 2012", précise le directeur général de CFBP.
Euro 5 : entre contrainte et avantage
Si la fin du bonus est à 90% le motif de chute du marché, un autre problème s’y est ajouté : le passage à la norme Euro 5. Pour des raisons environnementales, les constructeurs ont été contraints d’adapter l’ensemble de leur gamme à cette norme européenne. "Et les véhicules essence et diesel sont passés en priorité pour être prêts au 1er janvier 2011, précise Joël Pedessac. D’où une période de creux en terme d’offres pour ceux fonctionnant au GPL".
Cette norme Euro 5, très contraignante pour les véhicules diesel, est désormais vue comme un atout pour les acteurs du marché. Car malgré toutes ces nouvelles plutôt négatives, ils veulent encore croire en l’avenir du GPL. "Face aux véhicules essence ou diesel, ce type de carburant est moins onéreux et a davantage d’intérêts environnementaux", explique le directeur général. Actuellement, le litre de gazole se vend autour de 1,32 euro, et celui d’essence autour de 1,5 euro. Soit des prix supérieurs à celui du GPL, délivré pour 86 centimes.
Un marché diversifié
Les constructeurs n’ont même pas l’air de craindre l’arrivée prochaine des véhicules électriques sur le marché automobile français. « Le GPL a là encore un atout : son réseau de distribution qui existe déjà largement », précise le responsable marketing d’Opel. Et ce, contrairement aux stations de recharge des véhicules électriques. Le directeur général CFBP prédit d’ailleurs qu’à terme le véhicule électrique subisse les mêmes restrictions que celui fonctionnant au GPL. "Si l’Etat veut économiser, il va vite arrêter de distribuer 5000 euros de prime pour l’achat d’un véhicule électrique", pense-t-il.
Pour Opel, la voiture roulant au GPL fait partie d’un ensemble de solutions de mobilité (E85, GNV, systèmes écoflex), mais à laquelle le constructeur s’accroche. "C’est par une combinaison de solutions que nous pouvons avancer, selon David Bucher. Développer des véhicules au GPL est une vraie stratégie". Tout comme le véhicule électrique d’ailleurs. Mais selon lui, "90% du marché ne pourra pas être électrique. Notamment parce que les technologies sont onéreuses et que sa maintenance est plus complexe que sur d’autres véhicules, dont ceux roulant au GPL". "Sans compter qu’un acheteur de voitures GPL ne sera pas forcément tenté par le véhicule électrique, notamment au regard du prix", renchérit Joël Pedessac.
Résistance
En attendant ce nouveau marché, les constructeurs tentent de résister à la chute du segment. Dacia a révisé son offre, en la réduisant de 700 euros par rapport aux modèles de 2010. Chez Opel, on s’apprête à lancer une nouvelle Corsa motorisée en version GPL. Et on tente de convertir les entreprises. "Il y a une sorte de blocage actuellement, car les cartes de carburant dans les entreprises ne permettent pas toujours d’aller dans une station délivrant du GPL, explique le responsable. Et il y a aussi un souci fonctionnel : de nombreux parkings ont un panneau "interdit aux véhicules GPL" à leur entrée. Une question d’équipements de soupapes. Sauf que c’est une règle qui n’est plus en vigueur depuis plus de 10 ans. Il y a donc aussi toute une politique à faire… ».
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http://www.usinenouvelle.com/article/les-voitures-gpl-victimes-de-la-mort-du-bonus-de-2000-euros.N157722