par energy_isere » 25 avr. 2025, 14:26
Recyclage numérique : Microsoft et Western Digital récupèrent les terres rares des disques durs
Stéphanie Haerts Publié le 24 avril 2025
Microsoft et Western Digital ont lancé, aux États-Unis, le 17 avril, une opération d’envergure qui pourrait redéfinir les contours du recyclage technologique mondial. Le nom du projet : Advanced Recycling and Rare Earth Material Capture Program. Derrière cet intitulé technocratique se cache une ambition nette : récupérer les terres rares, ces éléments essentiels pour l’électronique moderne, à partir de vieux disques durs échoués en bout de course dans les centres de données.
Pourquoi recycler les terres rares maintenant ?
Parce que le recyclage conventionnel est une impasse environnementale. Aujourd’hui encore, les disques mécaniques, lorsqu’ils sont retirés du service, finissent souvent pulvérisés pour des raisons de sécurité. Résultat : des tonnes d’aluminium, d’acier, et surtout d’aimants à base de néodyme ou de praséodyme partent à la benne.
Un gaspillage industriel autant qu’un échec écologique. Pour contrer cette aberration, le programme s’appuie sur une technologie développée au Critical Materials Innovation Hub du laboratoire national d’Ames. Ici, pas d’acides toxiques : les composants sont dissous à l’aide d’un procédé innovant à base de sels de cuivre, capable d’isoler les oxydes de terres rares avec une pureté frôlant les 99,5 %. Mieux encore, le processus fonctionne sans altérer les métaux comme l’aluminium.
Recyclage des terres rares : Microsoft veut rompre avec la dépendance chinoise
Cette initiative dépasse la simple récupération. Elle s’attaque frontalement à une dépendance géopolitique critique. La Chine contrôle l’écrasante majorité de l’extraction et du raffinage des terres rares. Or, Pékin a récemment annoncé des restrictions à l’exportation de plusieurs matériaux stratégiques, renforçant la vulnérabilité des chaînes d’approvisionnement américaines. Face à ce contexte, Microsoft change de paradigme : en rapatriant le traitement et le recyclage des disques durs dans ses propres centres de données, l’entreprise contribue à bâtir une chaîne logistique circulaire et souveraine.
L’ensemble du processus, collecte, broyage, tri, récupération, est réalisé sur le sol américain, limitant aussi les émissions liées au transport. « Les disques durs sont essentiels à notre infrastructure de centres de données, et faire progresser une chaîne d’approvisionnement circulaire est un objectif central pour Microsoft. Ce programme pilote a démontré qu’une gestion de fin de vie durable et économiquement viable des disques durs est réalisable. », a déclaré Chuck Graham, vice-président de Microsoft en charge de la durabilité et de la sécurité de la chaîne d’approvisionnement, dans des propos rapportés par TechSpot.
Western Digital en chef d’orchestre : l’écologie industrielle passe à l’échelle
Le pilote a déjà porté ses fruits. En quelques mois, 47 000 livres de matériel, disques durs, SSD, supports de montage, ont été détournées des décharges. Plus de 90 % des terres rares ont été extraites avec succès, ainsi que 80 % de la masse totale des matériaux traités. Une démonstration industrielle, certes, mais aussi une réduction majeure des émissions de gaz à effet de serre : jusqu’à 95 % de moins que les procédés d’extraction minière classiques, selon une analyse du cycle de vie commandée par Western Digital.
Cette performance ouvre la voie à une industrialisation à grande échelle. « Western Digital étend actuellement le programme de récupération des terres rares à partir des disques durs, sur la base du projet pilote réussi mené avec Microsoft », a expliqué Jackie Jung, vice-présidente de la stratégie opérationnelle globale de l’entreprise. La stratégie est claire : après Microsoft, d’autres clients dits hyperscale sont déjà engagés dans le développement de ce modèle. L’idée n’est plus de recycler quelques disques, mais bien de transformer les gisements de déchets électroniques en nouvelle source stratégique de matières premières.
Une vision d’économie circulaire qui dépasse la tech
Les implications de cette initiative dépassent largement le secteur informatique. Les terres rares extraites sont essentielles à la fabrication d’éoliennes, de véhicules électriques, de smartphones et d’équipements médicaux. En réinjectant ces matériaux dans l’économie américaine, le programme soutient des filières stratégiques tout en déracinant la logique extractiviste traditionnelle.
Ce modèle pourrait inspirer l’ensemble du secteur numérique. Les 23 000 centres de données recensés dans le monde en 2022, abritant 70 millions de serveurs, sont autant de mines en puissance. Quand on sait que la durée de vie moyenne d’un disque dur en data center ne dépasse pas cinq ans, le potentiel de récupération devient vertigineux.
https://lenergeek.com/2025/04/24/recycl ... n-digital/
[quote][b][size=110] Recyclage numérique : Microsoft et Western Digital récupèrent les terres rares des disques durs[/size][/b]
Stéphanie Haerts Publié le 24 avril 2025
Microsoft et Western Digital ont lancé, aux États-Unis, le 17 avril, une opération d’envergure qui pourrait redéfinir les contours du recyclage technologique mondial. Le nom du projet : Advanced Recycling and Rare Earth Material Capture Program. Derrière cet intitulé technocratique se cache une ambition nette : récupérer les terres rares, ces éléments essentiels pour l’électronique moderne, à partir de vieux disques durs échoués en bout de course dans les centres de données.
Pourquoi recycler les terres rares maintenant ?
Parce que le recyclage conventionnel est une impasse environnementale. Aujourd’hui encore, les disques mécaniques, lorsqu’ils sont retirés du service, finissent souvent pulvérisés pour des raisons de sécurité. Résultat : des tonnes d’aluminium, d’acier, et surtout d’aimants à base de néodyme ou de praséodyme partent à la benne.
Un gaspillage industriel autant qu’un échec écologique. Pour contrer cette aberration, le programme s’appuie sur une technologie développée au Critical Materials Innovation Hub du laboratoire national d’Ames. Ici, pas d’acides toxiques : les composants sont dissous à l’aide d’un procédé innovant à base de sels de cuivre, capable d’isoler les oxydes de terres rares avec une pureté frôlant les 99,5 %. Mieux encore, le processus fonctionne sans altérer les métaux comme l’aluminium.
Recyclage des terres rares : Microsoft veut rompre avec la dépendance chinoise
Cette initiative dépasse la simple récupération. Elle s’attaque frontalement à une dépendance géopolitique critique. La Chine contrôle l’écrasante majorité de l’extraction et du raffinage des terres rares. Or, Pékin a récemment annoncé des restrictions à l’exportation de plusieurs matériaux stratégiques, renforçant la vulnérabilité des chaînes d’approvisionnement américaines. Face à ce contexte, Microsoft change de paradigme : en rapatriant le traitement et le recyclage des disques durs dans ses propres centres de données, l’entreprise contribue à bâtir une chaîne logistique circulaire et souveraine.
L’ensemble du processus, collecte, broyage, tri, récupération, est réalisé sur le sol américain, limitant aussi les émissions liées au transport. « Les disques durs sont essentiels à notre infrastructure de centres de données, et faire progresser une chaîne d’approvisionnement circulaire est un objectif central pour Microsoft. Ce programme pilote a démontré qu’une gestion de fin de vie durable et économiquement viable des disques durs est réalisable. », a déclaré Chuck Graham, vice-président de Microsoft en charge de la durabilité et de la sécurité de la chaîne d’approvisionnement, dans des propos rapportés par TechSpot.
Western Digital en chef d’orchestre : l’écologie industrielle passe à l’échelle
Le pilote a déjà porté ses fruits. En quelques mois, 47 000 livres de matériel, disques durs, SSD, supports de montage, ont été détournées des décharges. Plus de 90 % des terres rares ont été extraites avec succès, ainsi que 80 % de la masse totale des matériaux traités. Une démonstration industrielle, certes, mais aussi une réduction majeure des émissions de gaz à effet de serre : jusqu’à 95 % de moins que les procédés d’extraction minière classiques, selon une analyse du cycle de vie commandée par Western Digital.
Cette performance ouvre la voie à une industrialisation à grande échelle. « Western Digital étend actuellement le programme de récupération des terres rares à partir des disques durs, sur la base du projet pilote réussi mené avec Microsoft », a expliqué Jackie Jung, vice-présidente de la stratégie opérationnelle globale de l’entreprise. La stratégie est claire : après Microsoft, d’autres clients dits hyperscale sont déjà engagés dans le développement de ce modèle. L’idée n’est plus de recycler quelques disques, mais bien de transformer les gisements de déchets électroniques en nouvelle source stratégique de matières premières.
Une vision d’économie circulaire qui dépasse la tech
Les implications de cette initiative dépassent largement le secteur informatique. Les terres rares extraites sont essentielles à la fabrication d’éoliennes, de véhicules électriques, de smartphones et d’équipements médicaux. En réinjectant ces matériaux dans l’économie américaine, le programme soutient des filières stratégiques tout en déracinant la logique extractiviste traditionnelle.
Ce modèle pourrait inspirer l’ensemble du secteur numérique. Les 23 000 centres de données recensés dans le monde en 2022, abritant 70 millions de serveurs, sont autant de mines en puissance. Quand on sait que [color=#FF0000]la durée de vie moyenne d’un disque dur en data center ne dépasse pas cinq ans[/color], le potentiel de récupération devient vertigineux.
[/quote]
https://lenergeek.com/2025/04/24/recyclage-numerique-microsoft-western-digital/