par energy_isere » Hier, 08:42
Les États-Unis possèdent plus de cuivre que la Chine... Mais personne ne peut le raffiner
Malgré des réserves colossales, les États-Unis peinent à tirer parti de leurs réserves de cuivre.. Faute d’infrastructures de transformation, le marché mondial reste dominé par la Chine, grand maître du raffinage.
Par Marie Lombard, geo.fr le 26 juin 2025
ess is more" ("moins c'est plus") disent les anglophones, et dans le cas du cuivre américain, le dicton se vérifie. Selon les dernières données de l’US Geological Survey, les réserves des États-Unis atteignent 47 millions de tonnes — plaçant le pays au 7e rang mondial des producteurs, devant la Chine. Et encore : plusieurs projets américains pourraient, en théorie, ajouter 1,5 million de tonnes à la production annuelle, selon GEM Mining Consulting, cité par Bloomberg. De quoi couvrir presque toute la demande nationale.
Une aubaine pour l'Amérique de Donald Trump, en pleine guerre commerciale, qui multiplie les revendications de production nationale et scande "America First" au nez du super-exportateur chinois. Il y aurait là de quoi s'assurer une production par les États-Unis, et pour les États-Unis, n'en déplaise à Pékin.
Le cuivre américain en déclin
Problème : les raffineries et fonderies du pays ne sont pas assez nombreuses pour traiter les quantités gargantuesques de cuivre dans les entrailles américaines, forçant le traitement de la matière à se délocaliser à l'étranger. L’industrie du cuivre est en déclin outre-Atlantique. Son pic, rappelle Bloomberg, remonte à 1997 avec 1,9 million de tonnes produites par 35 mines et 11 fonderies. De cela aujourd'hui ne reste que 25 mines et deux fonderies traitant le minerai : Miami et Kennecott (Rio Tinto) dans l’Utah, ainsi qu'une troisième dédiée aux anodes et rebuts.
Les infrastructures d'autrefois ont cédé à la pression économique exercée par un flot de fonderies chinoises neuves, poussant l’industrie américaine à réduire sa voilure dans les années 2000 et 2010 alors que la demande diminuait. Aujourd’hui, la demande est de retour : dans un monde en transition énergétique accélérée, le cuivre s'impose comme un matériau clé pour les batteries de véhicules électriques, les réseaux électriques intelligents, les infrastructures militaires ou encore les équipements électroniques.
Mais, comme dans de nombreux autres secteurs, le Made in USA traîne des pieds, au grand agacement de Donald Trump. Et, la nature ayant horreur du vide, cette place de marché revient à la Chine, dont la filiale américaine se retrouve dépendante. En 2024, les exportations de cuivre des États-Unis vers la Chine ont atteint 2,94 milliards de dollars, selon la base de données COMTRADE des Nations Unies, rapporte Trading Economics.
La Chine, incontournable acteur du cuivre
À ce jour, la Chine produit environ 13 fois plus de cuivre raffiné que les États-Unis. Elle dispose du plus grand nombre d’installations de traitement au monde, résultat d’un projet national lancé dans les années 1990 pour répondre à la demande en construction, électronique et industrie. En fait, Pékin a désormais une telle capacité que les frais de traitement et de raffinage, qui fixent le prix du minerai brut, sont devenus négatifs.
"Nous n’avons ni subventions massives ni absence de régulation environnementale comme en Chine", déclare à Bloomberg James Stewart, directeur des affaires environnementales, gouvernementales et communautaires chez les fonderies Asarco (filiale de Grupo México), près de Phoenix. "C’est un secteur vraiment difficile", abonde Kathleen Quirk, PDG de Freeport, dans l'Arizona. "On a constamment des problèmes liés aux conditions internes d’une fonderie, et sa rentabilité est faible."
Le secteur est sous-exploité, et construire une nouvelle fonderie coûterait aujourd’hui environ 3 milliards de dollars, selon Simon Jowitt, directeur du Bureau des mines et de la géologie du Nevada. Une lacune qui questionne la souveraineté industrielle américaine, dans une chaîne d’approvisionnement critique.
https://www.geo.fr/geopolitique/les-eta ... 0raffinage.
[quote][b] [size=110]Les États-Unis possèdent plus de cuivre que la Chine... Mais personne ne peut le raffiner[/size][/b]
Malgré des réserves colossales, les États-Unis peinent à tirer parti de leurs réserves de cuivre.. Faute d’infrastructures de transformation, le marché mondial reste dominé par la Chine, grand maître du raffinage.
Par Marie Lombard, geo.fr le 26 juin 2025
ess is more" ("moins c'est plus") disent les anglophones, et dans le cas du cuivre américain, le dicton se vérifie. Selon les dernières données de l’US Geological Survey, les réserves des États-Unis atteignent 47 millions de tonnes — plaçant le pays au 7e rang mondial des producteurs, devant la Chine. Et encore : plusieurs projets américains pourraient, en théorie, ajouter 1,5 million de tonnes à la production annuelle, selon GEM Mining Consulting, cité par Bloomberg. De quoi couvrir presque toute la demande nationale.
Une aubaine pour l'Amérique de Donald Trump, en pleine guerre commerciale, qui multiplie les revendications de production nationale et scande "America First" au nez du super-exportateur chinois. Il y aurait là de quoi s'assurer une production par les États-Unis, et pour les États-Unis, n'en déplaise à Pékin.
Le cuivre américain en déclin
Problème : les raffineries et fonderies du pays ne sont pas assez nombreuses pour traiter les quantités gargantuesques de cuivre dans les entrailles américaines, forçant le traitement de la matière à se délocaliser à l'étranger. L’industrie du cuivre est en déclin outre-Atlantique. Son pic, rappelle Bloomberg, remonte à 1997 avec 1,9 million de tonnes produites par 35 mines et 11 fonderies. De cela aujourd'hui ne reste que 25 mines et deux fonderies traitant le minerai : Miami et Kennecott (Rio Tinto) dans l’Utah, ainsi qu'une troisième dédiée aux anodes et rebuts.
Les infrastructures d'autrefois ont cédé à la pression économique exercée par un flot de fonderies chinoises neuves, poussant l’industrie américaine à réduire sa voilure dans les années 2000 et 2010 alors que la demande diminuait. Aujourd’hui, la demande est de retour : dans un monde en transition énergétique accélérée, le cuivre s'impose comme un matériau clé pour les batteries de véhicules électriques, les réseaux électriques intelligents, les infrastructures militaires ou encore les équipements électroniques.
Mais, comme dans de nombreux autres secteurs, le Made in USA traîne des pieds, au grand agacement de Donald Trump. Et, la nature ayant horreur du vide, cette place de marché revient à la Chine, dont la filiale américaine se retrouve dépendante. En 2024, les exportations de cuivre des États-Unis vers la Chine ont atteint 2,94 milliards de dollars, selon la base de données COMTRADE des Nations Unies, rapporte Trading Economics.
[b]La Chine, incontournable acteur du cuivre[/b]
À ce jour, la Chine produit environ 13 fois plus de cuivre raffiné que les États-Unis. Elle dispose du plus grand nombre d’installations de traitement au monde, résultat d’un projet national lancé dans les années 1990 pour répondre à la demande en construction, électronique et industrie. En fait, Pékin a désormais une telle capacité que les frais de traitement et de raffinage, qui fixent le prix du minerai brut, sont devenus négatifs.
"Nous n’avons ni subventions massives ni absence de régulation environnementale comme en Chine", déclare à Bloomberg James Stewart, directeur des affaires environnementales, gouvernementales et communautaires chez les fonderies Asarco (filiale de Grupo México), près de Phoenix. "C’est un secteur vraiment difficile", abonde Kathleen Quirk, PDG de Freeport, dans l'Arizona. "On a constamment des problèmes liés aux conditions internes d’une fonderie, et sa rentabilité est faible."
Le secteur est sous-exploité, et construire une nouvelle fonderie coûterait aujourd’hui environ 3 milliards de dollars, selon Simon Jowitt, directeur du Bureau des mines et de la géologie du Nevada. Une lacune qui questionne la souveraineté industrielle américaine, dans une chaîne d’approvisionnement critique.
[/quote]
https://www.geo.fr/geopolitique/les-etats-unis-possedent-plus-de-cuivre-que-la-chine-mais-personne-ne-peut-le-raffiner-227287#:~:text=la%20Chine...-,Mais%20personne%20ne%20peut%20le%20raffiner,Chine%2C%20grand%20ma%C3%AEtre%20du%20raffinage.