par energy_isere » 07 sept. 2024, 12:11
La robotique sera le moteur de la demande mondiale de terres rares d’ici 2040 (rapport)
Agence Ecofin 02 sept 2024
La demande mondiale de terres rares devrait presque tripler d’ici 2030, notamment avec la transition énergétique et de nouveaux secteurs de consommation. Dans le même temps, l’offre mondiale reste insuffisante, ouvrant des perspectives pour plusieurs pays africains hébergeant des réserves.
La robotique deviendra d’ici 2040 le principal moteur de la demande mondiale de NdFeB, un alliage contenant des terres rares et servant à fabriquer des aimants permanents. C’est du moins la prévision faite par le cabinet Adamas Intelligence dans un rapport paru fin août sur le marché des terres rares magnétiques.
Selon le document, une croissance à deux chiffres est attendue dans le secteur de la robotique entre 2024 et 2030, comme dans les secteurs de la mobilité aérienne avancée et des véhicules électriques. Cela se traduira par un taux de croissance annuelle composé de 8,7 % pour la demande mondiale d’aimants NdFeB qui atteindra environ 880 000 tonnes en 2040, contre 230 000 tonnes actuellement. Une croissance proportionnelle de la demande de néodyme, dysprosium et terbium, des éléments de terres rares présents dans ces aimants, est attendue en conséquence.
Pour le secteur de la robotique, la demande accrue en terres rares devrait être soutenue par une « croissance fulgurante de la production de robots de service professionnels pour les secteurs de la fabrication, de l’hôtellerie, du transport et de la logistique ». Adamas Intelligence explique aussi que la mobilité aérienne avancée (drones, taxis aériens, etc.) devrait connaitre un développement rapide d’ici 2040, devenant également un des principaux moteurs de la demande NdFeB.
Une offre insuffisante
La croissance de la demande mondiale de terres rares prévue par Adamas Intelligence s’accompagne de risques de pénurie dans l’approvisionnement. Selon le cabinet, la production mondiale des terres rares dites magnétiques devrait connaitre un taux de croissance annuelle composé de 5,1 %, soit une progression de l’offre plus lente que celle de la demande.
Le cabinet américain Boston Consulting Group va dans le même sens. En juillet 2023, la firme de conseil en stratégie a estimé à 466 000 tonnes la demande mondiale de terres rares en 2035, contre 170 000 tonnes en 2022. Et pour éviter une pénurie d’ici 2030, le cabinet précise que plus de 20 nouveaux projets doivent être lancés à cette échéance, ainsi que 10 autres en plus d’ici 2035. Malgré l’abondance de projets actuels, BCG conclut que même les actifs les plus prometteurs ne suffiront pas à satisfaire la demande accrue.
« En effet, la plupart d’entre eux n’en sont qu’au stade des études de faisabilité et n’ont pas encore obtenu de financement, ce qui s’avère difficile compte tenu des conditions actuelles du marché. Et même les projets qui recevront finalement le feu vert n’auront pas commencé leur développement avant sept à dix ans », indique le cabinet américain.
Quelle place pour l’Afrique ?
La Chine est le premier producteur mondial de terres rares, représentant entre 70 et 90 % de l’offre selon les pays. Pour les pays de l’Union européenne, Pékin fournit même 100 % de la consommation en terres rares lourdes. Dans un contexte de relations commerciales tendues entre la Chine d’une part et l’UE ainsi que les États-Unis d’autre part, le bloc occidental cherche déjà à diversifier ses sources d’approvisionnement pour divers minéraux, dont les terres rares.
Les risques de pénurie à l’horizon renforcent donc la nécessité pour ces pays de trouver d’autres alternatives à l’offre chinoise, ce qui rend toute nouvelle source de terres rares cruciale. Cette situation peut offrir des perspectives intéressantes aux pays africains hébergeant des réserves de terres rares. Sur le continent, le Burundi s’est illustré en 2017 en devenant le premier producteur du continent, avant qu’un différend entre l’État et la compagnie exploitant la seule mine du pays (Rainbow Rare Earths) ne bloque les opérations depuis 2021.
Cependant, de nouveaux acteurs émergent sur le continent. C’est le cas de la Tanzanie, de l’Ouganda, du Malawi, de l’Angola ou encore de l’Afrique du Sud. D’ici 2029, ces pays devraient permettre à l’Afrique d’assurer 9 % de l’approvisionnement mondial en terres rares, selon Benchmark Mineral Intelligence. Le rôle grandissant du continent dans ce secteur pourrait lui valoir un plus grand intérêt des principaux consommateurs, dans le but d’accélérer le développement des projets, générant potentiellement davantage de revenus miniers aux États.
Les bénéfices économiques éventuels liés à l’exploitation des terres rares viennent néanmoins avec un effet néfaste pour l’environnement. Le processus d’extraction et de traitement des terres rares est très nocif, ce qui peut avoir des conséquences à terme pour les sols, l’eau et ipso facto la santé des populations riveraines des mines.
« L’UE qui s’est engagée en faveur d’un approvisionnement durable et éthique, peut exiger le respect de normes environnementales et sociales strictes […]. Les pays d’Afrique subsaharienne devraient être obligés d’investir dans des méthodes d’extraction respectueuses de l’environnement, d’adopter des pratiques minières responsables et de traiter les questions sociales pour s’aligner sur les attentes de l’UE », recommande ainsi le chercheur Dirk Kohnert, du GIGA-Institute for African Affairs, dans un rapport publié en janvier 2024.
https://www.agenceecofin.com/terres-rar ... 40-rapport
[quote][b][size=110] La robotique sera le moteur de la demande mondiale de terres rares d’ici 2040 (rapport)[/size][/b]
Agence Ecofin 02 sept 2024
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La demande mondiale de terres rares devrait presque tripler d’ici 2030, notamment avec la transition énergétique et de nouveaux secteurs de consommation. Dans le même temps, l’offre mondiale reste insuffisante, ouvrant des perspectives pour plusieurs pays africains hébergeant des réserves.[/b]
La robotique deviendra d’ici 2040 le principal moteur de la demande mondiale de NdFeB, un alliage contenant des terres rares et servant à fabriquer des aimants permanents. C’est du moins la prévision faite par le cabinet Adamas Intelligence dans un rapport paru fin août sur le marché des terres rares magnétiques.
Selon le document, une croissance à deux chiffres est attendue dans le secteur de la robotique entre 2024 et 2030, comme dans les secteurs de la mobilité aérienne avancée et des véhicules électriques. Cela se traduira par un taux de croissance annuelle composé de 8,7 % pour la demande mondiale d’aimants NdFeB qui atteindra environ 880 000 tonnes en 2040, contre 230 000 tonnes actuellement. Une croissance proportionnelle de la demande de néodyme, dysprosium et terbium, des éléments de terres rares présents dans ces aimants, est attendue en conséquence.
Pour le secteur de la robotique, la demande accrue en terres rares devrait être soutenue par une « croissance fulgurante de la production de robots de service professionnels pour les secteurs de la fabrication, de l’hôtellerie, du transport et de la logistique ». Adamas Intelligence explique aussi que la mobilité aérienne avancée (drones, taxis aériens, etc.) devrait connaitre un développement rapide d’ici 2040, devenant également un des principaux moteurs de la demande NdFeB.
Une offre insuffisante
La croissance de la demande mondiale de terres rares prévue par Adamas Intelligence s’accompagne de risques de pénurie dans l’approvisionnement. Selon le cabinet, la production mondiale des terres rares dites magnétiques devrait connaitre un taux de croissance annuelle composé de 5,1 %, soit une progression de l’offre plus lente que celle de la demande.
Le cabinet américain Boston Consulting Group va dans le même sens. En juillet 2023, la firme de conseil en stratégie a estimé à 466 000 tonnes la demande mondiale de terres rares en 2035, contre 170 000 tonnes en 2022. Et pour éviter une pénurie d’ici 2030, le cabinet précise que plus de 20 nouveaux projets doivent être lancés à cette échéance, ainsi que 10 autres en plus d’ici 2035. Malgré l’abondance de projets actuels, BCG conclut que même les actifs les plus prometteurs ne suffiront pas à satisfaire la demande accrue.
« En effet, la plupart d’entre eux n’en sont qu’au stade des études de faisabilité et n’ont pas encore obtenu de financement, ce qui s’avère difficile compte tenu des conditions actuelles du marché. Et même les projets qui recevront finalement le feu vert n’auront pas commencé leur développement avant sept à dix ans », indique le cabinet américain.
Quelle place pour l’Afrique ?
La Chine est le premier producteur mondial de terres rares, représentant entre 70 et 90 % de l’offre selon les pays. Pour les pays de l’Union européenne, Pékin fournit même 100 % de la consommation en terres rares lourdes. Dans un contexte de relations commerciales tendues entre la Chine d’une part et l’UE ainsi que les États-Unis d’autre part, le bloc occidental cherche déjà à diversifier ses sources d’approvisionnement pour divers minéraux, dont les terres rares.
Les risques de pénurie à l’horizon renforcent donc la nécessité pour ces pays de trouver d’autres alternatives à l’offre chinoise, ce qui rend toute nouvelle source de terres rares cruciale. Cette situation peut offrir des perspectives intéressantes aux pays africains hébergeant des réserves de terres rares. Sur le continent, le Burundi s’est illustré en 2017 en devenant le premier producteur du continent, avant qu’un différend entre l’État et la compagnie exploitant la seule mine du pays (Rainbow Rare Earths) ne bloque les opérations depuis 2021.
Cependant, de nouveaux acteurs émergent sur le continent. C’est le cas de la Tanzanie, de l’Ouganda, du Malawi, de l’Angola ou encore de l’Afrique du Sud. D’ici 2029, ces pays devraient permettre à l’Afrique d’assurer 9 % de l’approvisionnement mondial en terres rares, selon Benchmark Mineral Intelligence. Le rôle grandissant du continent dans ce secteur pourrait lui valoir un plus grand intérêt des principaux consommateurs, dans le but d’accélérer le développement des projets, générant potentiellement davantage de revenus miniers aux États.
Les bénéfices économiques éventuels liés à l’exploitation des terres rares viennent néanmoins avec un effet néfaste pour l’environnement. Le processus d’extraction et de traitement des terres rares est très nocif, ce qui peut avoir des conséquences à terme pour les sols, l’eau et ipso facto la santé des populations riveraines des mines.
« L’UE qui s’est engagée en faveur d’un approvisionnement durable et éthique, peut exiger le respect de normes environnementales et sociales strictes […]. Les pays d’Afrique subsaharienne devraient être obligés d’investir dans des méthodes d’extraction respectueuses de l’environnement, d’adopter des pratiques minières responsables et de traiter les questions sociales pour s’aligner sur les attentes de l’UE », recommande ainsi le chercheur Dirk Kohnert, du GIGA-Institute for African Affairs, dans un rapport publié en janvier 2024.
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