par energy_isere » 22 mai 2024, 00:44
L’intelligence artificielle met en péril les objectifs climatiques de Microsoft
Publié le 21 mai 2024
L’intelligence artificielle remet en cause les objectifs de neutralité carbone des géants de la tech. En seulement 4 ans, les émissions de CO2 de Microsoft ont ainsi bondi de 30%. Alors que les modèles d’IA sont en plus en plus puissants, l’usage, lui, explose.
Les émissions de gaz à effet de serre de Microsoft ont-elles augmenté de 30 % depuis 2020 ? Oui, nous répond le chatbot ChatGPT, “principalement en raison de l’expansion de leur service d’intelligence artificielle (IA) et de cloud computing”. Et pour cause, Microsoft, comme tous les géants de la tech, investit massivement dans l’IA. Il est à la tête de plusieurs initiatives comme Azure AI, le Project Bonsai, Power Plateform et collabore étroitement avec OpenAI, l’organisation qui a développé ChatGPT. Ce dernier est donc bien placé pour connaître l’impact écologique de l’IA.
Dans son rapport de développement durable publié le 15 mai, Microsoft reconnait ainsi qu’en moyenne, ces émissions sont en hausse de 29,1 % par rapport à 2020. Un véritable boom qui provient essentiellement du Scope3, c’est-à-dire, les émissions de l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, en amont et en aval. Ces émissions proviennent “de la construction de nouveaux centres de données et du carbone incorporé associé dans les matériaux de construction, ainsi que dans les composants matériels tels que les semi-conducteurs, les serveurs et les racks”, détaille le rapport.
“Avant il fallait être geek pour utiliser l’IA”
Une annonce qui vient considérablement freiner les ambitions de Microsoft. Le géant s’était fixé comme objectif la neutralité carbone d’ici 2030. “En 2020, nous avons dévoilé ce que nous avons appelé notre moonshot carbone. C’était avant l’explosion de l’intelligence artificielle”, explique à Bloomberg Brad Smith, le président du groupe. “Donc, à bien des égards, la lune est cinq fois plus loin qu’elle ne l’était en 2020, si vous pensez simplement à nos propres prévisions concernant l’expansion de l’IA et ses besoins électriques”.
Pour l’instant, Microsoft n’a pas annoncé revoir son objectif de neutralité carbone. Il espère pouvoir s’appuyer sur des innovations et dit être “optimiste”. Data centers alimentés aux énergies renouvelables, infrastructures permettant de ne pas utiliser de l’eau pour le refroidissement… les annonces se multiplient mais les investissements dans le développement de l’IA aussi. Surtout, l’usage explose. “La barrière à l’entrée a baissé, avant il fallait être geek, comme moi, pour utiliser de l’IA générative, maintenant c’est accessible à tout le monde”, décrypte pour Novethic Théo Alves da Costa, co-président de Data for good.
Ce dernier a estimé qu’entre ChatGPT3 et le petit nouveau, ChatGPT4, les émissions de CO2 pourraient être multipliées par 7 dans le meilleur des cas. “Pour 100 millions de personnes qui l’utilisent, on arrive à 2 millions de tonnes de CO2, soit la taille d’une boite du CAC40”, détaille-t-il. Une très grande différence notamment due au fait que ChatGPT4 est multimodal, c’est-à-dire qu’il prend en compte le texte, la vidéo, le son… rajoutant ainsi de la complexité à un ChatGPT3 qui était une sorte de “recherche Google +++”.
Démission des salariés
Microsoft n’est évidemment pas le seul géant de la tech concerné. Dans cette course effrénée à l’IA, Google, Amazon, Meta… investissent massivement. Si l’Union européenne tente de réguler cet appétit avec la publication en mars dernier de l’AI Act, les limites pourraient venir des contraintes énergétiques elles-mêmes. Dans une récente interview, le patron de Meta, Mark Zuckerberg, a ainsi reconnu que la forte consommation des produits d’IA pourrait limiter son développement. Pour entraîner les algorithmes, un data center demande en effet énormément d’énergie sur une courte période.
En attendant, c’est la révolte en interne qui pourrait créer un sursaut. Au début du mois de mai, plusieurs employés de Microsoft ont témoigné auprès du média Grist. Deux d’entre eux ont décidé de démissionner de leur poste, dénonçant le fait que l’IA développée par Microsoft pour l’industrie fossile accélère l’extraction pétrolière. “Ce travail visant à maximiser la production pétrolière avec notre technologie annule tout notre bon travail, prolonge l’ère des combustibles fossiles et permet des émissions incalculables”, a écrit dans un mail adressé à Satya Nadella, le directeur général, Holly Alpine, employée depuis 2014 dans le groupe.
https://www.novethic.fr/economie-et-soc ... tificielle
[quote] [b][size=120]L’intelligence artificielle met en péril les objectifs climatiques de Microsoft[/size][/b]
Publié le 21 mai 2024
[b]L’intelligence artificielle remet en cause les objectifs de neutralité carbone des géants de la tech. En seulement 4 ans, les émissions de CO2 de Microsoft ont ainsi bondi de 30%. Alors que les modèles d’IA sont en plus en plus puissants, l’usage, lui, explose.[/b]
Les émissions de gaz à effet de serre de Microsoft ont-elles augmenté de 30 % depuis 2020 ? Oui, nous répond le chatbot ChatGPT, “principalement en raison de l’expansion de leur service d’intelligence artificielle (IA) et de cloud computing”. Et pour cause, Microsoft, comme tous les géants de la tech, investit massivement dans l’IA. Il est à la tête de plusieurs initiatives comme Azure AI, le Project Bonsai, Power Plateform et collabore étroitement avec OpenAI, l’organisation qui a développé ChatGPT. Ce dernier est donc bien placé pour connaître l’impact écologique de l’IA.
Dans son rapport de développement durable publié le 15 mai, Microsoft reconnait ainsi qu’en moyenne, ces émissions sont en hausse de 29,1 % par rapport à 2020. Un véritable boom qui provient essentiellement du Scope3, c’est-à-dire, les émissions de l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, en amont et en aval. Ces émissions proviennent “de la construction de nouveaux centres de données et du carbone incorporé associé dans les matériaux de construction, ainsi que dans les composants matériels tels que les semi-conducteurs, les serveurs et les racks”, détaille le rapport.
“Avant il fallait être geek pour utiliser l’IA”
Une annonce qui vient considérablement freiner les ambitions de Microsoft. Le géant s’était fixé comme objectif la neutralité carbone d’ici 2030. “En 2020, nous avons dévoilé ce que nous avons appelé notre moonshot carbone. C’était avant l’explosion de l’intelligence artificielle”, explique à Bloomberg Brad Smith, le président du groupe. “Donc, à bien des égards, la lune est cinq fois plus loin qu’elle ne l’était en 2020, si vous pensez simplement à nos propres prévisions concernant l’expansion de l’IA et ses besoins électriques”.
Pour l’instant, Microsoft n’a pas annoncé revoir son objectif de neutralité carbone. Il espère pouvoir s’appuyer sur des innovations et dit être “optimiste”. Data centers alimentés aux énergies renouvelables, infrastructures permettant de ne pas utiliser de l’eau pour le refroidissement… les annonces se multiplient mais les investissements dans le développement de l’IA aussi. Surtout, l’usage explose. “La barrière à l’entrée a baissé, avant il fallait être geek, comme moi, pour utiliser de l’IA générative, maintenant c’est accessible à tout le monde”, décrypte pour Novethic Théo Alves da Costa, co-président de Data for good.
Ce dernier a estimé qu’entre ChatGPT3 et le petit nouveau, ChatGPT4, les émissions de CO2 pourraient être multipliées par 7 dans le meilleur des cas. “Pour 100 millions de personnes qui l’utilisent, on arrive à 2 millions de tonnes de CO2, soit la taille d’une boite du CAC40”, détaille-t-il. Une très grande différence notamment due au fait que ChatGPT4 est multimodal, c’est-à-dire qu’il prend en compte le texte, la vidéo, le son… rajoutant ainsi de la complexité à un ChatGPT3 qui était une sorte de “recherche Google +++”.
Démission des salariés
Microsoft n’est évidemment pas le seul géant de la tech concerné. Dans cette course effrénée à l’IA, Google, Amazon, Meta… investissent massivement. Si l’Union européenne tente de réguler cet appétit avec la publication en mars dernier de l’AI Act, les limites pourraient venir des contraintes énergétiques elles-mêmes. Dans une récente interview, le patron de Meta, Mark Zuckerberg, a ainsi reconnu que la forte consommation des produits d’IA pourrait limiter son développement. Pour entraîner les algorithmes, un data center demande en effet énormément d’énergie sur une courte période.
En attendant, c’est la révolte en interne qui pourrait créer un sursaut. Au début du mois de mai, plusieurs employés de Microsoft ont témoigné auprès du média Grist. Deux d’entre eux ont décidé de démissionner de leur poste, dénonçant le fait que l’IA développée par Microsoft pour l’industrie fossile accélère l’extraction pétrolière. “Ce travail visant à maximiser la production pétrolière avec notre technologie annule tout notre bon travail, prolonge l’ère des combustibles fossiles et permet des émissions incalculables”, a écrit dans un mail adressé à Satya Nadella, le directeur général, Holly Alpine, employée depuis 2014 dans le groupe.
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