par energy_isere » 12 févr. 2025, 22:43
Réseau électrique: un chantier prioritaire à 100 milliards d'euros
AFP le 12 février 2025
Renouveler, raccorder, renforcer: avec son programme d'investissements de 100 milliards d'euros d'ici 2040, le gestionnaire du réseau de haute tension RTE aménage une infrastructure essentielle qui sera encore en place en 2100. Tour d'horizon d'un plan qui prépare la France à une nouvelle révolution électrique.
- Un plan "urgent" -
La feuille de route énergétique française n'a pas encore été votée, mais "il y avait urgence à donner de la visibilité" à tout un écosystème d'industries, investisseurs, producteurs d'électricité et fournisseurs d'équipements, explique à l'AFP Xavier Piechaczyk, président du directoire du Réseau de Transport d'Electricité (RTE).
Le réseau électrique français a une moyenne d'âge de 45 ans, proche de celle de nos voisins européens, mais 20% des lignes électriques datent de la reconstruction d'après-guerre.
Jusqu'ici "le réseau a été très optimisé dans sa maintenance", souligne Thomas Veyrenc, directeur général économie, stratégie et finances de RTE. Il faut maintenant préparer l'avenir et renouveler des lignes électriques à l'aune de la crise climatique.
Cela supposera d'adapter les infrastructures, en rehaussant par exemple des postes électriques face au risque de crues et de submersion et en prévoyant des câbles plus robustes aux vagues de chaleur.
RTE prévoit le renouvellement de 23.500 km de lignes aériennes et 85.000 pylônes pour 24 milliards d'euros.
- Préparer la grande électrification -
Le plus gros effort, 53 milliards, sera consacré aux raccordements nécessaires à la décarbonation de l'économie: la connexion d'une part des productions électriques bas carbone des futurs parcs éoliens et solaires et des nouveaux réacteurs nucléaires EPR, d'autre part celles des nouvelles consommations dans la grande industrie, le numérique (centres de données).
En parallèle, le pays va connaître une transformation inédite de son réseau depuis le déploiement du parc électro-nucléaire à partir des années 1970. Cela suppose de renforcer sa colonne vertébrale, les autoroutes de l'électricité comprenant le réseau 400.000 volts, pour faire transiter plus d'électricité.
"Si on ne fait rien et si on se projette dans le monde de 2040, le réseau de très grand transport se retrouve congestionné", dit Xavier Piechaczyk.
RTE prévoit un investissement de 16,5 milliards d'euros pour renforcer ou bâtir 16.500 km de lignes en les remplaçant, en doublant les lignes sur un pylône, ou en construisant une nouvelle ligne en parallèle d'une existante.
Le tout selon une "doctrine de la moindre empreinte" pour "limiter le plus possible les nouvelles lignes à très haute tension en site vierge", dit Xavier Piechaczyk.
"On a réussi à éviter 30% de construction de nouvelles lignes", souligne Thomas Veyrenc.
Le sujet est potentiellement source de contestations locales. La Commission nationale du débat public a d'ailleurs décidé d'organiser un débat public. Ce plan intègrera aussi les avis de l'Etat, de l'autorité environnementale et de la Commission de régulation de l'énergie, qui devra valider les investissements.
- Un défi humain et industriel -
La France va devoir recruter 10.000 personnes par an, l'équivalent des besoins de la filière nucléaire pour construire de nouveaux réacteurs. La formation concerne y compris des lycéens d'aujourd'hui puisqu'une grande partie des travaux se fera après 2030.
"L'un des premiers sujets auxquels on va être confronté, c'est celui des ressources humaines et des compétences", assure Chloé Latour, directrice stratégie et régulation à RTE. "On a une question de disponibilité des ingénieurs à Bac+5 sur le système électrique, mais aussi des mainteneurs capables de monter, construire des pylônes, des compétences CAP et Bac pro".
L'industriel doit aussi se mettre en ordre de marche pour fournir les équipements dans les temps.
- Sécurité du réseau -
Le réseau de transport d'électricité est couplé à un système de supervision et de télécommunications et "une partie de ce réseau doit assurer la réalimentation du pays en cas de black-out", la panne généralisée, rappelle RTE. Le gestionnaire propose de consacrer 4 milliards d'euros à la "sécurisation" de ces systèmes, une priorité de court terme.
Un autre aspect du plan "concerne la résistance aux agressions physiques et informatiques", mais relevant "de la sécurité nationale", il n'est pas "détaillé dans la version publique" du document.
https://www.connaissancedesenergies.org ... ros-250212
[quote] [b][size=110]Réseau électrique: un chantier prioritaire à 100 milliards d'euros[/size][/b]
AFP le 12 février 2025
Renouveler, raccorder, renforcer: avec son programme d'investissements de 100 milliards d'euros d'ici 2040, le gestionnaire du réseau de haute tension RTE aménage une infrastructure essentielle qui sera encore en place en 2100. Tour d'horizon d'un plan qui prépare la France à une nouvelle révolution électrique.
- Un plan "urgent" -
La feuille de route énergétique française n'a pas encore été votée, mais "il y avait urgence à donner de la visibilité" à tout un écosystème d'industries, investisseurs, producteurs d'électricité et fournisseurs d'équipements, explique à l'AFP Xavier Piechaczyk, président du directoire du Réseau de Transport d'Electricité (RTE).
Le réseau électrique français a une moyenne d'âge de 45 ans, proche de celle de nos voisins européens, mais 20% des lignes électriques datent de la reconstruction d'après-guerre.
Jusqu'ici "le réseau a été très optimisé dans sa maintenance", souligne Thomas Veyrenc, directeur général économie, stratégie et finances de RTE. Il faut maintenant préparer l'avenir et renouveler des lignes électriques à l'aune de la crise climatique.
Cela supposera d'adapter les infrastructures, en rehaussant par exemple des postes électriques face au risque de crues et de submersion et en prévoyant des câbles plus robustes aux vagues de chaleur.
RTE prévoit le renouvellement de 23.500 km de lignes aériennes et 85.000 pylônes pour 24 milliards d'euros.
- Préparer la grande électrification -
Le plus gros effort, 53 milliards, sera consacré aux raccordements nécessaires à la décarbonation de l'économie: la connexion d'une part des productions électriques bas carbone des futurs parcs éoliens et solaires et des nouveaux réacteurs nucléaires EPR, d'autre part celles des nouvelles consommations dans la grande industrie, le numérique (centres de données).
En parallèle, le pays va connaître une transformation inédite de son réseau depuis le déploiement du parc électro-nucléaire à partir des années 1970. Cela suppose de renforcer sa colonne vertébrale, les autoroutes de l'électricité comprenant le réseau 400.000 volts, pour faire transiter plus d'électricité.
"Si on ne fait rien et si on se projette dans le monde de 2040, le réseau de très grand transport se retrouve congestionné", dit Xavier Piechaczyk.
RTE prévoit un investissement de 16,5 milliards d'euros pour renforcer ou bâtir 16.500 km de lignes en les remplaçant, en doublant les lignes sur un pylône, ou en construisant une nouvelle ligne en parallèle d'une existante.
Le tout selon une "doctrine de la moindre empreinte" pour "limiter le plus possible les nouvelles lignes à très haute tension en site vierge", dit Xavier Piechaczyk.
"On a réussi à éviter 30% de construction de nouvelles lignes", souligne Thomas Veyrenc.
Le sujet est potentiellement source de contestations locales. La Commission nationale du débat public a d'ailleurs décidé d'organiser un débat public. Ce plan intègrera aussi les avis de l'Etat, de l'autorité environnementale et de la Commission de régulation de l'énergie, qui devra valider les investissements.
- Un défi humain et industriel -
La France va devoir recruter 10.000 personnes par an, l'équivalent des besoins de la filière nucléaire pour construire de nouveaux réacteurs. La formation concerne y compris des lycéens d'aujourd'hui puisqu'une grande partie des travaux se fera après 2030.
"L'un des premiers sujets auxquels on va être confronté, c'est celui des ressources humaines et des compétences", assure Chloé Latour, directrice stratégie et régulation à RTE. "On a une question de disponibilité des ingénieurs à Bac+5 sur le système électrique, mais aussi des mainteneurs capables de monter, construire des pylônes, des compétences CAP et Bac pro".
L'industriel doit aussi se mettre en ordre de marche pour fournir les équipements dans les temps.
- Sécurité du réseau -
Le réseau de transport d'électricité est couplé à un système de supervision et de télécommunications et "une partie de ce réseau doit assurer la réalimentation du pays en cas de black-out", la panne généralisée, rappelle RTE. Le gestionnaire propose de consacrer 4 milliards d'euros à la "sécurisation" de ces systèmes, une priorité de court terme.
Un autre aspect du plan "concerne la résistance aux agressions physiques et informatiques", mais relevant "de la sécurité nationale", il n'est pas "détaillé dans la version publique" du document.
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https://www.connaissancedesenergies.org/afp/reseau-electrique-un-chantier-prioritaire-100-milliards-deuros-250212